Qui est Piu Piu, la dj qui fait vibrer Paris?
Dj rayonnante, curatrice musicale, animatrice sur Rinse France, Giulietta Canzani Mora, mieux connue sous le nom de Piu Piu s’est taillée une place de choix dans l’univers de l’électro française. Ce samedi, elle sera au Badaboum avec Manaré et Valentino Mora pour sa résidence Grooveboxx. Retour sur le parcours d’une artiste étonnante à l’énergie positive contagieuse.
Par Léa Zetlaoui.
Avec Girls Girls Girls (comprenant plusieurs artistes dont Louise Chen et Betty Bensimon) vous avez renouvellé une scène musicale féminine, comment le collectif est-il né?
En effet, quand j’ai commencé à mixer, je ne connaissais pas vraiment d’exemple de filles dj qui jouait ce que j’écoutais et que j’avais envie de faire moi-même. Il y avait l’école du Pulp d’un côté et celle du Baron… J’avais cette obsession de mélanger les genres, à la manière des dj anglais, house, garage, UKG, UK funky et rnb… C’était une énergie commune à l’époque du Social Club, ou j’ai fait mes premières « vraies » dates et ou j’ai organisé mes premières soirees. Betty et Louise Chen avaient eu l’idée de faire des soirees Girls girls girls, justement un peu pour prendre le contrepieds du côté très masculin que pouvait avoir la fête à ce moment là. Louise m’a booké à la première et comme je connaissais Betty depuis hyper longtemps et que nous avions la même bande de potes et l’envie d’inviter des artistes similaires, nous avons continué ensembles ce projet. Finalement nous sommes devenues un vrai crew de dj.
Depuis les débuts de Rinse France vous avez toujours eu vous émission, selon vous, comment cette web radio se distingue-t-elle des autres ?
Avant son arrivée en 2014 en France j’écoutais déjà Rinse tous les matin. La culture dj anglaise et cette façon de mélanger les genres comme le hip hop et la techno m’a vraiment influencéee. En France il n’y avait pas autant d'éclectisme et l’offre était très segmentée. Puis j’ai toujours eu envie de faire de la radio, donc quand Manaré et Laurent m’ont proposée de faire partie de l’aventure j’ai immédiatement accepté. Rinse c'est aussi la création de la musique grime, et à l'époque c'était un style tellement novateur et énergique! Rinse France perpetue cet esprit "radio des dj" comme la dit TekiLatex, et permet d'avancer en symbiose avec ce qu'il se passe dans la club culture et la musique urbaine au sens propre. Offrir un vrai panorama de ce qu’il se passe en France.
Justement c’est quoi le style Piu Piu?
Je joue principalement de la house, et tout ce qui la nourrit : de la disco, funk, boogie français ,de la africaine, japonaise …des sons qui groovent avec des percussions. J'ai besoin de partager la joie d'être la, de pouvoir danser, être ensemble, être vivants, libres transmettre des énergies positives. Plus concrètement, Joe Claussell, Larry Levan ou Theo Parrish biensur, et aujourdhui Rhythm section, Tama Sumo, Antinote, Mister Saturday Night, Riccardo Miranda…. Je suis aussi hyper attentive à Simo Cell,dj Nature Rhythm, Powder, Jayda, DK… Puis la musique uruguayenne, pays dont je suis originaire, m’inspire également avec ces tambours et ces percussions. J'ai été invitée à jouer aux Siestes électroniques le 8 juillet au Quai Branlyet je vais y proposer un set dans ce sens.
En quoi consiste ce projet avec le musée du Quai Branly ?
Le musée du Quai Branly (ou musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques) possède une bibliothèque musciale dans laquelle je suis allée chercher de la musique Charruas principalement des chants et des percussions. Je souhaitais faire écho à cette tribu d’indien dont ma famille est issue. Après le génocide dont ils ont été victimes, des survivants ont été amenés à Paris et enfermés dans des cages lors de l' exposition universelle de 1901. Certains artistes et intellectuels de l’époque avaient protesté . Finalement, je trouve qu’il y a un parallèle intéressant entre notre époque et cette histoire: le rôle des artistes qui sont tantôt des acteurs engagés, tantôt des pilleurs culturels, la question de l'héritage, ce qui est de ordre phantomatique ( d’autant plus qu’aujourd’hui j’habite juste à côté du Jardin des Plantes).
Le projet est mélangé de field recordings au Jardin des Plantes, de la musique originale digguée dans la bibliothèque du musée et d'edits et remixs de producteurs comme Alex Notal, Myako, Geena Modern House Quarte ou Manaré. C’est une façon de réinterpréter le concept d’appropriation culturelle et de mélanger différentes influences entre elles.
D'ailleurs à travers ce genre de projets ou vos compilations on vous qualifie souvent de curatrice musciale…
J’ai toujours aimé rassembler des gens d’horizons et d’univers différents afin qu’ils travaillent ensembles. C’est une sorte de continuité du métier de dj et la musique doit servir à ça.
Vous avez également curaté l’Imaginary Club Expérience au Palais de Tokyo ?
En effet, ce projet est né d’une idée que j’ai eu avec Antoine Bertin qui est artiste et ingénieur du son, fou de son binaural et travaille régulièrement avec des musées.
On a eu envie de créer dès experience sonores, musicales immersives différentes, en se posant des questions de drogues digitales, de la place du corps, du sujet, l'identité … notre idée à plus au Palais de Tokyo et nous avons invité NsDos pour la première édition. Nous travaillions actuellement sur le numero 2!
Samedi soir au Badaboum vous allez joué pour la soiré Groovebox. Quel est son concept exactement ?
Grooveboxx est une soirée que je fais en partenariat avec Rinse, Dans ligne musicale de mon émission, homonyme, à La radio. Nous voulions faire quelque chose de chaleureux, dansant et sans prétention. Dans les dernières éditions nous avons invité Myako, Mor Elian, Zaltan… Je suis super contente de cette édition un peu spécial, en famille, avec Manare et mon frère, Valentino Mora, qui sont tous les deux d'excellents dj.
CLUB/ Grooveboxx – Valentino Mora, Manaré & Piu Piu au Badaboum.
2bis, rue des Taillandiers, Paris XI.