Megan Thee Stallion : Comment la Texane s’est imposée dans le rap game
La rappeuse texane de 29 ans Megan Thee Stallion rappe et twerke avec brio, enchaîne les collaborations prestigieuses (Cardi B, Dua Lipa, Beyoncé) et sort un troisième album gorgé de tubes de l’été : Megan, ce vendredi 28 juin 2024. Mais qui est vraiment l’une des reines du rap ?
Par Violaine Schütz.
1. Le talent précoce de Megan Thee Stallion
Megan Jovon Ruth Pete alias Megan Thee Stallion, née en 1995 à Houston au Texas a choisi son pseudonyme en référence au surnom que lui donnaient ses camarades adolescents : étalon (“stallion”). Mais cette fan de Pimp C, Biggie Smalls et Three 6 Mafia ne cherchera jamais à devenir mannequin, préférant prendre sa propre mère pour modèle, la rappeuse Holly-Wood, qui la trimballait déjà en studio lorsqu’elle était petite.
Résultat ? À 14 ans, la Texane écrit ses propres morceaux malgré l’interdiction de sa mère qui insiste pour qu’elle patiente jusqu’à sa majorité. Consciente du potentiel de sa fille, elle trouvait malgré tout ses paroles trop… “sexplicites”. En mars 2019, Holly-Wood s’éteint, victime d’une tumeur au cerveau, plongeant sa fille dans la grande mélancolie que l’on ressent sur de nombreux titres de son nouvel EP, Suga.
Megan Thee Stallion entend toujours honorer la mémoire de sa mère, si elle a suivi des études en administration de la santé à la Texas Southern University jusque l’année dernière, c’est principalement sur les conseils d’Holly.
2. Des twerks enflammés et un clip culte : WAP
Megan Thee Stallion aime brouiller les pistes. Elle peut poser en string ficelle un jour, chanter qu’elle est une “bitch” sur le morceau Savage puis prodiguer des conseils en matière d’écologie sur Instagram le lendemain. Étudiante studieuse à l’Université, elle fait pourtant un détour par la case prison en 2015 après une bagarre au festival South by Southwest avec son petit ami de l’époque qui la trompait. Libre, Megan Thee Stallion aime rappeler en interview qu’on peut être à la fois un esprit brillant dans un corps ultra sexué.
Sa façon de twerker (avec beaucoup de confiance), a tapé dans l’œil de tous ceux qui l’ont vu sur scène. En témoigne une vidéo Youtube dans laquelle les yeux d’un agent de sécurité s’écarquillent devant les talents de danseuse de la rappeuse, en plein live.
Mais le climax des mouvements sensuels de Megan Thee Stallion est à contempler dans le clip de WAP (2020), son tube avec Cardi B. Une vidéo puissante et controversée (elle est à la fois adulée et décriée par les féministes pour sa vision très sexuelle du girl power) qui reprend les codes du porno pour détourner le cliché de la femme faire-valoir des rappeurs dans les clips de rap. Ici, ce sont les rappeuses qui ont les pleins pouvoirs et mènent la danse.
3. Une poigne de fer
Des freestyles à la radio, une première mixtape en 2016, un premier EP, Make It Hot, l’année suivante, un autre en 2018, Tina Snow, la mixtape Fever, en 2019, Megan Thee Stallion n’a pas chômé avant de sortir son EP le plus réussi en 2020 : Suga. Pourtant, celui-ci a bien failli ne jamais voir le jour. L’artiste a en effet confié sur les réseaux sociaux avoir rencontré des problèmes avec le label 1501 Certified Entertainment, qui l’a signée en 2018.
Les producteurs lui interdisent de sortir de nouveaux morceaux mais la Texane ne se laisse pas faire et porte plainte contre eux. Elle n’avait pas réellement compris ce que son contrat stipulait, trop jeune pour en comprendre tous les termes. Ce n’est que lorsqu’elle signe chez Roc Nation qu’elle se rend compte de la manipulation du précédent label, s’adressant ainsi à son ex-employeur sur Instagram : “Vous êtes énervés parce que je ne veux pas me prosterner comme une petite garce et vous voulez pas renégocier mon contrat […] S’il vous plaît, lisez toute cette merde. Ne signez pas sans aucun avocat… et prenez votre propre avocat.”
Trois albums et des collaborations avec Cardi B et Dua Lipa
Déjà, au lycée, Megan Thee Stallion avait des fans dévoués. En 2013, une vidéo d’elle et de ses meilleurs amis en train de twerker fait le tour de l’école. La vidéo atterrit sur le bureau d’un professeur qui les convoque immédiatement et projette leur œuvre au tableau : “C‘est comme cela que vous voulez être représentés ?”. La rappeuse et ses amis acquiescent. Depuis, Megan Thee Stallion enchaîne les tubes viraux.
Elle a signé l’un des tubes de l’été 2019 : Hot Girl Summer avec Ty Dolla $ign et Nicki Minaj devenu un mème et un hashtag. Plus qu’une chanson, un phénomène adulé par les fans de Megan Thee Stallion surnommés les “hotties”. En 2020, sa collaboration avec Normani pour la B.O de Birds of Prey, a aussi crée le buzz. Produit entre autres par Timbaland et The Neptunes, son EP Suga suit le même chemin. Y figure le single Savage, devenu l’un des hymnes du confinement sur TikTok.
Des millions de filles et de garçons dansent suavement dessus (le “savage challenge”). Tout ce que touche la rappeuse semble se transformer en or. Et ses collaborations (avec Beyoncé, Cardi B, Future ou encore Dua Lipa) sont souvent fructueuses.
Fan de blaxploitation et de films d’horreur, Megan Thee Stallion aimerait aussi écrire un long-métrage. À moins que la slasheuse qui a sorti déjà trois albums (dont l’excellent Traumazine) ouvre un centre de vie assistée à Houston, l’un de ses grands projets. Elle a une idée pour préparer le terrain, comme elle l’a déclaré au New York Times : “Je veux rassembler les filles pour aller dans différents foyers ou hôpitaux. Ces gens n’ont personne, et je pense que ce serait vraiment mignon qu’une ‘hot girl’ vienne leur rendre visite et faire du bénévolat.”
Megan (2024) de Megan Thee Stallion, disponible. En concert au Zénith de Paris le 7 juillet 2024.