Que penser du premier album de Lolo Zouaï ?
À l’affiche du festival We Love Green début juin, Lolo Zouaï dévoile “High Highs to Low Lows”, un premier album introspectif aux productions R’n’B soignées.
Par Juliette Cardinale.
À l’occasion d’un shooting exclusif pour Numéro, Lolo Zouaï confessait avoir été très timide au lycée ne dévoilant jamais ses compositions en public. Mais la jeune femme de 24 ans a bien changé. Elle a pris en assurance et son attitude désinvolte illustre d’ailleurs la pochette de son premier album : cigarette aux lèvres elle fixe l’appareil photo qui l’immortalise dans un regard de défi. Ce projet enregistré presque intégralement en anglais est à l’image de ses origines. Née à Paris d’un père algérien et d’une mère française, c’est pourtant à 9 000 km de la capitale qu’elle grandit, à San Francisco. Lolo Zouaï suit une formation musicale à Nashville puis rejoint New York à 19 ans pour tenter sa chance. Son premier album, High Highs to Low Lows baigne d’ailleurs dans le R’n’B et le hip-hop américain qui l’ont forgée. Sensuelle, l’artiste se pose tour à tour fière, déprimée et, finalement, exprime son mal du pays…
Dans ce projet, aucun featuring. Celle qui a récemment collaboré avec Blood Orange a composé elle-même les titres de l’album et présente un projet qui dépeint la vie tumultueuse d’une jeune femme de 24 ans. On retient par exemple le morceau High Highs to Low Lows, référence directe à l’arrondissement de Brooklyn où Lolo Zouaï passe du luxe des soirées new-yorkaises branchées – entre stars et paillettes – à la solitude dévorante de son minuscule appartement. Elle se souvient même avoir reçu des compliments sur ses tenues achetées en friperies : “Ils pensent que c’est du Gucci, mais ça a coûté 99 centimes…” Du titre Chevy Impala à Out the Bottle, la jeune femme se réjouit de son ascension sociale fulgurante.
Fière de ses racines, Lolo Zouaï mêle français, anglais et arabe dans ce premier album, malgré la relation qu’elle entretient avec sa famille. Ainsi, dans Desert Rose, la chanteuse s’adresse à ceux qui la rejette depuis l’Algérie, fustigeant le mode de vie de cette femme vivant dans le “péché”. Mais Lolo Zouaï évite subtilement l’atmosphère mélo en laissant infuser des sonorités hip-hop et orientales avec parcimonie. Son amertume surgit une nouvelle fois lorsque, dans Summers in Vegas, elle part à la rencontre de son père, propriétaire de pizzerias non loin de Las Vegas. De sa voix suave, Lolo Zouaï évoque le manque. Finalement, si High Highs to Low Lows rappelle indubitablement les années 2000, ce premier album d’une mélancolie exaltée ressasse le passé dans le fond sans se perdre dans la forme.
High Highs to Low Lows de Lolo Zouaï, disponible.