2 juin 2017

Pourquoi “OK Computer” de Radiohead est devenu un album culte

Pour fêter le 20e anniversaire de son album mythique, Radiohead vient de dévoiler un morceau inédit “I Promise” et s'apprête à rééditer en version augmentée ”OK Computer” le 23 juin prochain. En attendant, on le réécoute en vous disant pourquoi ce disque ambitieux reste l'un des plus puissants des années 1990.

Des sonorités avant-gardistes

Le troisième album de Radiohead ne rompt pas seulement avec les sonorités de ses précédents disques (beaucoup plus rock et MTV friendly). Sorti en 1997, il tourne la page à la fois du grunge, du trip hop et de la britpop. Et en ouvre une sur l'électronique et l'expérimentation qui deviendra la spécialité du groupe dans le futur. Avec ses mélodies complexes et son utilisation de moyens modernes analogiques mariés à la voix d'alien très humain de Thom Yorke, l'objet prédit le règne du tout-digital à venir et les problématiques du 21e siècle. Son atmosphère étrange et irréelle semble nous mettre en garde contre les dangers de l’ère numérique, tel un ancêtre sonore de la série “Black Mirror”. 

 

 

 

Des chansons révoltées

Au lieu de surfer sur la formule FM et efficace de son hymne “Creep” qui l'a rendu célèbre, Radiohead s'éloigne des pubs et des stades pour proposer des tubes tordus sur son troisième disque. Les influences majeures de Thom Yorke et sa bande ? Des électrons aussi libres que Miles Davis, R.E.M., Elvis Costello, Morricone, Can et PJ Harvey. Faisant fi des formats radio et de l'attrait de la guitare, le groupe sort en single Paranoid Android, un titre hallucinant, pas du tout bankable sur le papier avec ses sept minutes sinueuses et hypnotiques. Anarchiste, violent, torturé, lyrique, mélancolique, le reste de l’album – né en partie dans une maison de campagne (et sans deadline) – s'avère aussi filmique et ambitieux que ce premier extrait. Ses sommets ? Karma police et No surprises d'une beauté neurasthénique et aérienne rarement égalée depuis.

 

 

Des textes profonds

Ne comptez pas sur Thom Yorke pour chanter “You're my Wonderwall” ou “Girls who are boys/Who like boys to be girls”. Si le groupe n'a pas officiellement admis qu’OK Computer était un album concept, son propos le rapproche pourtant de l’exercice. Ses textes puisant dans Noam Chomsky et Philip K.Dick parlent en effet tous des aspects les plus sombres du monde d'aujourd'hui, de la solitude au consumérisme en passant par la technologie, la globalisation, la mort, l’aliénation sociale et la politique. Ce n’est pas pour rien que le nouveau titre de la réédition du disque prévue pour le 23 juin est OKNOTOK. Cette attitude philosophique et punk explique en partie pourquoi l’album a été sélectionné pour être conservé à la bibliothèque du Congrès de Washington en raison de son apport à la culture mondiale.