Pourquoi Dolly Parton, célébrée par Beyoncé, est devenue une icône

La chanteuse américaine Dolly Parton, reine de la musique country aux 100 millions d’albums vendus et aux 3000 morceaux, est surtout connue pour sa voix, qui émeut dans des tubes comme Dumb Blonde (1967), I Will Always Love You  (un hit de 1974 qu’elle avait empêché Elvis Presley de chanter avant que Whitney Houston ne l’immortalise en 1992) ou le sublime Jolene (1973), hymne d’une femme trompée au sous-texte lesbien qui fut repris par les White Stripes et remixé par Todd Terje. Avant d’être réinterprété brillamment par Beyoncé sur son nouvel album, Cowboy Carter.

Alors que son nouvel album, Rockstar et qu’un livre sur son rapport à la mode ce mois-ci, Behind the Seams: My Life in Rhinestones, sont parus en 2023, voici trois raisons de (re)découvrir la fantasque artiste américaine.

1. Dolly Parton, une artiste sur tous les fronts, d’une série Netflix à un nouvel album, Rockstar

Superstar dans son domaine de prédilection, la musique, la marraine de Miley Cyrus est surtout connue en tant que chanteuse. Mais Dolly Parton est aussi auteure-compositrice, multi-instrumentiste, scénariste, productrice, écrivaine et actrice. Au cinéma on retiendra surtout ses rôles dans Comment se débarrasser de son patron (1980) aux côtés de Jane Fonda et dans Potins de Femmes (1989) avec Sally Field ainsi que sa participation musicale à Transamerica (2006), qui vaut d’être nommée aux Oscars. L’une de ses dernières aventures ? Une mini série pour Netflix, Dolly Parton’s Heartstrings (2019), dans laquelle la star au look aussi kitsch que volcanique joue, compose et chante. Rien que ça ! 

En novembre 2023, Dolly Parton sortait un nouvel alum très rock, Rockstar, sur lequel sa voix puissante fait toujours des étincelles. Elle y dévoile de nombreuses reprises (We Are the Champions/We Will Rock You, Let It Be, Purple Rain), des chansons orginales et des collaborations avec des pointures de la musique tels que Paul McCartney, Sting, Stevie Nicks, Joan Jett, Miley Cyrus, Debbie Harry de Blondie, Elton John, Lizzo ou encore Sheryl Crow. La preuve que Dolly Parton, qui s’était permis de dire non à Peter Gabriel qui lui proposa le duo Don’t Give Up et qui dut la remplacer par Kate Bush, fédère toutes les générations…

2. Dolly Parton revient de loin

“Si vous n’aimez pas la route sur laquelle vous êtes en train de marcher, commencez à en préparer une autre.” C’est exactement ce que Dolly Rebecca Parton a fait, elle qui n’a pas débuté son chemin dans les strass et les paillettes. Mais, comme elle aime le répéter, “si tu veux l’arc en ciel, tu dois supporter la pluie.” Née le 19 janvier 1946 à Sevierville, un bled paumé du Tennessee, au milieu d’une fratrie de douze enfants et d’un père charpentier, elle a dû faire preuve d’une volonté monstre pour tutoyer les étoiles. Elle grandit dans la pauvreté, dormant dans une petite maison en bois où cinq gosses se partagent un lit. Les seules distractions en dehors de l’amour maternel à toutes épreuves ? Les virées familiales à l’église où elle commence à chanter à 6 ans. À 7 ans, elle se fabrique une guitare avant de pousser la chansonnette à la radio. 

Adolescente, elle croise la route de l’homme en noir, Johnny Cash, qui l’encourage à suivre son intuition. À 18 ans, elle l’écoute en filant à Nashville, la capitale de la country, pour y rencontrer la gloire quelques années plus tard. Mais elle n’oubliera jamais ses racines, évoquant dans ses chansons ses souvenirs à la ferme et dépensant des millions pour recréer la cabane de son enfance. Marquée à vie par le dénuement de son passé rural, elle œuvre pour de nobles causes. Depuis 1990, elle participe à un projet de bibliothèque qui offre des livres aux enfants. Elle a aussi levé des fonds pour AIDS et milité pour la PETA. Son engagement LGBT lui a également valu les foudres du Ku Klux Klan. Derrière le côté faux très travaillé de Barbie country, Dolly Parton cache une authenticité et un cœur aussi gros que les diamants incrustés sur ses combinaisons bling. Et aux États-Unis, elle fait l’objet d’une véritable Dollymania qui transcende les bords politiques.

3. Un sens de la formule inégalé 

En plus de ses looks et de sa chevelure explosive, Dolly Parton a marqué les esprits de son art de la réplique bien sentie. On ne compte plus ses punchlines, pleines d’humour – entre ironie et autodérision – et de girl power, devenues cultes. Souvent, la star s’amuser de l’objectification dont elle a pu faire l’objet, en occultant par exemple la puissance des paroles des chansons pour ne voir en elle qu’une poupée au look vulgaire. Nos citations préférées ? “Quand j’étais avec Andy Warhol, j’ai pensé : ‘oh mon dieu, sa perruque a l’air moins chère que la mienne.’ ” ; “Je ne suis pas offensée par toutes les blagues sur les blondes stupides parce que je sais que je ne suis pas stupide. Et que je sais je ne suis pas blonde.” ; “J’étais la première femme à brûler mon soutien-gorge. Il a fallu aux pompiers quatre jours pour l’éteindre.” ; “J’ai toujours eu un faible pour la nourriture et les hommes, dans cet ordre.” ou encore “C’est dur d’être un diamant dans un monde de strass.”

Behind the Seams: My Life in Rhinestones (2023) de Dolly Parton, aux éditions Penguin Random House. Rockstar (2023) de Dolly Parton, disponible.