Park Hye-jin, nouvelle reine de la house sud-coréenne
Depuis trois ans, la productrice et DJ Park Hye-jin (박혜진) électrise la scène house internationale. Après la sortie d’If You Want It en 2018, son EP très remarqué proche de la darkwave — courant musical, nourri du mouvement gothique né dans les années 1980 en Europe – la Sud-Coréenne revient avec un nouveau titre : Y dont’ U.
Par La rédaction.
Chaque soir, Séoul peine à s’endormir. Les échoppes multicolores restent ouvertes et scintillent tandis que les néons des enseignes forment un patchwork hypnotique. Et a Hongdae, le quartier jeune et branché, la nuit est encore plus éclatante : la jeunesse séoulite y fait son shopping, se fait tatouer, bavarde au restaurant puis écume les boites de nuit… Dans cette fourmilière géante qui ne connaît pas d’accalmie, les musiciens sont rois. D’ailleurs, la k-house – une house kitsch majoritairement portée par des femmes – s’est justement imposée ici. A l’instar de Peggy Gou, la figure de proue du mouvement, la jeune Park Hye-jin a gravi les échelons jusqu’à devenir l’une des artistes les plus bankable. Le lundi 24 mai, elle a sorti son nouveau titre : Y dont’ U.
1. Une femme timide sur la scène
Native de Séoul d’où elle a puisé ses principales inspirations, Park Hye-jin s’est installée à Los Angeles, après avoir vécu entre la capitale coréenne, Melbourne et Londres. A 27 ans, la DJ, chanteuse, et performeuse, a fait irruption sur la scène house à vitesse grand V. Mais cette notoriété n’a jamais fait disparaître sa timidité… face aux journalistes, elle reste une jeune femme pudique aux réponses évasives. Une image bien différente de celle que l’on découvre dans ses propres clips : dans la vidéo officielle de Like This [2020], elle se déhanche, danse, et fume face caméra. Dans le clip de Can You, sorti la même année, elle flâne sac à dos à l’épaule en se laissant porter par la ville d’Atlanta. Et en concert, elle apparaît en véritable bête de scène micro en main…
Depuis la sortie de son EP If You Want It, en décembre 2018, elle s’est retrouvée à l’affiche des plus gros festivals. En 2019, elle faisait ainsi danser les aficionados de la Seine Musicale lors du Weather Festival, participait aux festivités de Dour, et collaborait avec le DJ et producteur new-yorkais Baltra dans Ahead of Time. Un an plus tard, après s’être installée à Los Angeles, la chanteuse annoncait enfin la sortie de son second EP, How can I, sur le mythique label Ninja Tune. Quel est le secret de cette insolente réussite ? Une house lo-fi sophistiquée – c’est-à dire une musique au son rétro et volontairement crasseux. Nourrie par ses émois, sa musique est totalement libre et chantonnée dans deux langues qui se complètent sans jamais se déliter : tantôt l’anglais, tantôt le coréen. S’y ajoutent quelques pointes de hip-hop et de darkwave, un courant musical nourri par le mouvement gothique né dans les années 1980 en Europe.
2. S’affranchir de tout : le crédo de la house
Samplers, boîtes d’effets, sifflets, basses… La house fait fi des tendances et des frontières. Et les artistes de k-house, Yaeji, Peggy Gou et Park Hye-jin ont judicieusement conservé ce caractère éclectique et préservé cette liberté précieuse. C’est très probablement cette house qui garde éveillés les noctambules de Séoul, fanatiques de ce genre musical dans lequel on distille des pointes de techno ou de breakbeat, un courant binaire très syncopé.
Pour Park Hye-jin, l’année 2021 s’annonce tout aussi prospère que les précédentes. Le 24 mai, elle a effectué son grand retour avec une nouvelle collaboration intitulée Y Don’t You. Elle est accompagnée par Clams Casino, le producteur de hip-hop italo-américain qui a signé des titres pour A$AP Rocky, Lil B, et Mac Miller et par Take A Daytrip, le duo américain composé de Denzel Baptiste et David Biralde, collaborateurs de Sheck Wes sur son illustre Mo Bomba ou de Juice Wrld avec son Legends. Enregistré à Londres, alors que Park Hye-jin était “un peu plus innocente et pure”, Y Don’t You semble exhumer un vieux chagrin d’amour…