Damon Albarn débarque au Lido avec un opéra-rave

Une improbable suite de La Flûte enchantée signée Damon Albarn

Il fallait oser : confier à Damon Albarn — frontman de Blur, génie polymorphe de Gorillaz et explorateur sonore inlassable — la suite de La Flûte enchantée. Non pas une relecture, mais bien une sequel, fondée sur un livret oublié de Goethe lui-même. Ce projet démentiel, impulsé par Jean-Luc Choplin après la découverte d’un manuscrit du poète allemand mentionnant la poursuite des aventures de Tamino et Pamina, prend aujourd’hui vie dans une version électro-pop au Lido.

Sur scène, huit solistes lyriques, cinq musiciens, un chœur de douze chanteurs et une Reine de la Nuit comme sortie d’un rêve sous acide. Mise en espace par Olivier Fredj, costumes signés Missy Albarn, la proposition brouille les lignes entre rave, opéra et conte maçonnique. Le livret, structuré par Jeremy Sams d’après les fragments goethéens, glisse de la fable antique vers une allégorie climatique teintée d’ironie noire. Un enfant volé, une malédiction, une rave initiatique — on croise même un oiseau omniscient et une Reine devenue homme.

Un opéra inspiré par l’œuvre de Kraftwerk

Face à Mozart et Goethe, Damon Albarn confesse son vertige. Et sa solution : Kraftwerk. Le minimalisme électronique comme fil d’Ariane dans la forêt symboliste allemande. Plus proche du Faust II que d’un reboot Disney, l’œuvre résonne étrangement avec notre présent : entre apocalypse douce et espoir lucide.

Derrière cette folie douce, une ambition : faire de l’opéra un espace de friction créative, où les genres explosent, et où les mythes anciens servent à penser l’effondrement contemporain. Un ovni lyrique à découvrir au Lido.

L’Opéra électronique de Damon Albarn au Lido, du 27 au 30 mars au Lido de Paris.