On a rencontré NF, le nouvel Eminem déjà en tête des charts aux USA
Alors qu’Eminem vient de revenir dans l’arène avec, entre autre, un single featuring Beyoncé, son jeune disciple Nathan Feuerstein s’impose en haut des classements avec plus de 100 millions de streams dans le monde entier. Présentations.
Par Sophie Rosemont.
By Sophie Rosemont.
We won’t mention Christianity, okay. Because having been labelled a “Christian rapper” in the US, Nathan Feuerstein alias NF recently decided to set the record straight: yes, he believes in God, but no he won’t be evangelising to his fans via his music. Look at Perception, put its religious connotations aside, and it’s a classic rap album, with an ultra-technical flow, that is as much about ego tripping as a jerky narrative of his traumatised past (a dark childhood in the depths of Michigan, mother dead from an overdose, sexual abuse by her boyfriend etc). Clearly enough material to follow the footsteps of his neighbour in Detroit, a certain Marshall Mathers. Ultra-melancholic, sometimes violent, always melodic, Perception has barely been released and its already number 1 around the world. For his sins NF has granted himself a European promo tour. Dressed head to toe in black, cap firmly pulled down over his eyes (he doesn’t stop fiddling with it), with fine features, those of someone fresh out of adolescence, Feuerstein talks freely without being truly at ease with other people. Which makes him more accessible – although judging by his sales figures and his thousands of followers on social networks, one suspects this youthful timidity won’t last long.
Numéro: Barely any time passed between the release of Therapy Session and Perception. Where do you get your inspiration?
NF: My own life. In just three years I’ve released three albums that testify to what I’ve been through, particularly, Therapy Session, where I talk to myself, like I was my own shrink. Perception is a new situation: I’m questioning myself about the future, I’ve got a key I’m not sure how to use… Which door do I open?
It’s tricky talking about the music of NF without evoking that of Eminem…
I know, and I accept this: he was a major source of inspiration. From when I was really young I was obsessed with music, his in particular. I’d listen to Eminem non-stop, I’d write out his texts in my school books, I’d watch his videos over and over… He’s the one who gave me the courage to think that I could do hip hop as well.
“When I hear my songs on the radio, I sometimes find them really depressing!”
When did you realise that you were going to be a musician too?
At about 12 years old, I realised I didn’t have a choice. I started writing and rapping, opening my musical field towards other things that had nothing to do with rap, like Adele and Ed Sheeran. They made me want to add the chords and keyboards – as you can hear on the album Perception, I put them wherever I could! But today I’m trying not to adulate anyone, I want to listen to what happens without losing focus on my own music.
Aside from music, you cultivate a very strong visual world, that is both realistic and dreamlike. What inspires you there?
Inception is my most favourite film. The script, the music, the tension: it’s all incredible. I like action movies when they are understated and intelligent. For example, I love the last Batman with Heath Ledger as Joker. I like it when energies are strange, unsettling…
You had a tough childhood. Was it music that saved you… as much as your faith?
Both of them helped me to stay upright. But I don’t know what I would have become without music. It really helped me get out of my malaise, to live something else apart from abandon and failure, and yet those are the things that nourish it. When I hear my songs on the radio, I sometimes find them really depressing!
Faced with such sudden success, how do you keep your feet on the ground?
By touring: it’s fantastic, but exhausting. Realising your dreams doesn’t happen easily… behind the glitz, there is a lot of work, a lot of pressure. The fun happens on stage, but you have to be aware all the time. Especially because I want to stay in control, not get overwhelmed by my anxieties. My goal is keep on doing music. You have to keep going, keep a cool head, always.
On vous prévient : on ne parlera pas de christianisme. Sans doute parce qu’après avoir été étiqueté “rappeur chrétien” aux Etats-Unis, Nathan Feuerstein alias NF a récemment décidé de remettre les pendules à l’heure : oui, il est croyant mais non, il est hors de question d’évangéliser son public via sa musique. En témoigne Perception qui, s’il ne met pas de côté ses connotations religieuses, est un album de rap classique, doté d’un flow ultra technique, qui sert aussi bien son ego trip que la narration saccadée de traumatismes passés (enfance maltraitée au fin fond du Michigan, mère morte d’une overdose, abus sexuel de la part d’un petit ami de cette dernière, etc.). De quoi marcher sur les pas de son voisin de Detroit, un certain Marshall Matters. Ultra mélancolique, parfois violent, toujours mélodique, Perception est à peine sorti qu’il cartonne en se classant numéro 1 un peu partout dans le monde. Pour la peine, NF vient de s’octroyer un tour promotionnel européen. Tout de noir vêtu, casquette vissée sur le crâne (et qu’il tripote sans cesse), visage aux traits fins et encore adolescents, Feuerstein se raconte volontiers sans être véritablement à l’aise avec le regard d’autrui. Ce qui le rend d’autant plus accessible – même si, en voyant les chiffres de ses ventes et ses milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, on se doute que cela ne durera pas longtemps.
Numéro : Peu de mois séparent la sortie de Therapy Session et celle de Perception. L’inspiration, tu la trouves où ?
NF : Dans ma propre vie. En l’espace de trois ans, j’ai sorti trois albums qui en témoignent, en particulier Therapy Session, où je me parle tout seul, comme si j’étais mon propre psy. Perception, c’est une nouvelle situation : je m’interroge sur l’avenir, j’ai une clé dont je ne sais quoi faire… Quelle porte dois-je ouvrir ?
Difficile de parler de la musique de NF sans évoquer celle d’Eminem…
Je l’assume : il a été une immense source d’inspiration. Dès l’enfance, j’étais habité par la musique, la sienne en particulier. J’écoutais Eminem non stop, je recopiais ses textes dans mes cahiers, je regardais en boucle tous ses clips… C’est lui qui m’a permis d’oser penser que moi aussi, je pouvais faire du hip hop.
“Quand j’entends mes morceaux à la radio, je les trouve parfois carrément dépressifs !”
Quand as-tu réalisé que toi aussi, tu serais musicien ?
Vers 12 ans, j’ai su que je n’avais plus le choix. J’ai commencé à écrire et à rapper tout en ouvrant mon champ musical vers des choses qui n’avaient rien à voir avec le rap, comme Adele ou Ed Sheeran. Eux m’ont donné l’envie de rajouter des cordes et des claviers – comme tu peux l’entendre dans Perception, j’en mets partout où je peux ! Mais aujourd’hui, j’essaye de ne pas aduler qui que ce soit, d’écouter ce qui se passe sans pour autant me déconcentrer de ma propre musique.
Hormis la musique, tu cultives un univers visuel très fort, à la fois réaliste et onirique. Quelles sont tes inspirations ?
Inception est MON film de prédilection. Le scénario, la musique, la tension : tout y est incroyable. J’aime le cinéma d’action lorsqu’il est sombre et intelligent. Par exemple, le dernier Batman avec Heath Ledger dans le rôle du Joker. J’aime quand les énergies sont étranges, inquiétantes…
Tu as vécu une enfance difficile. Est-ce la musique qui t’a sauvé… autant que ta foi ?
En tout cas, tous deux me permettent de tenir debout. Mais je ne sais pas ce que je serai devenu sans la musique. Elle m’a permis de sortir de mon mal-être, de vivre autre chose que l’échec et l’abandon, mais pourtant, ce sont eux qui la nourrissent. Quand j’entends mes morceaux à la radio, je les trouve parfois carrément dépressifs !
Face à un succès aussi soudain, comment garder les pieds sur terre ?
En faisant des tournées : c’est génial, mais c’est épuisant. Concrétiser ses rêves ne se fait pas si facilement… derrière les paillettes, il y a beaucoup de travail, de pression. Le fun, c’est sur scène, il faut être aux aguets tout le reste du temps. D’autant plus que je veux garder le contrôle, ne pas me laisser envahir par mes angoisses. Car mon but, c’est de continuer à faire de la musique. Vu que ce n’est jamais gagné, il faut garder la tête froide, toujours.