25 juin 2021

Nina Simone et Etta James s’évadent des archives du Festival de Montreux

Ce vendredi 25 juin, le célèbre festival de jazz suisse de Montreux dévoile ses archives dans une nouvelle collection, The Montreux Years, dédiée aux artistes qui ont marqué l’histoire du festival. Et pour la première série, place à deux monuments incontournables de la musique américaine: Nina Simone et Etta James.

Pochette de l’album “The Montreux Years”

En partenariat avec le label BMG, le Montreux Jazz festival sort une nouvelle série de vinyles issus de la vaste collection de Claude Nobs, fondateur et directeur du festival suisse. 55 ans d’archives qui nous permettent de redécouvrir les performances légendaires et parfois inédites des artistes emblématiques du blues et du jazz. Nina Simone (1933-2003) et Etta James (1938-2012), sont les premières artistes mises à l’honneur à travers un double double album de 29 morceaux.

 

Les fans de Nina Simone et d’Etta James sont en émoi. L’une électrique, l’autre débonnaire, les deux chanteuses auraient formé un duo magique… mais elles n’ont malheureusement jamais rien enregistré ensemble. En chantant seules, sans mélanger leurs identités, Nina Simone et Etta James ont respectivement éclaboussé d’une année à l’autre les scènes du Festival de jazz de Montreux – qui a accueilli entre autres des performances historiques de Miles Davis, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald, Marvin Gaye, Prince, Leonard Cohen, David Bowie, ou encore Elton John. L’occasion pour le dudit festival de se replonger dans ses archives et de remettre en lumière ces instants de grâce où la communion et la proximité avec le public en font un lieu à part… 

Nina Simone, la Grande Prêtresse de la Soul est, au début des années 50, une sage pianiste classique surdouée – ayant étudiée dans un internat pour enfants noirs prodiges à 80 kilomètres de Tyron, ville où elle habitait avec ses parents. Quelques années plus tard, au milieu des années 60, elle n’est plus cette gentille pianiste. Incendiaire, elle embrasse la cause des droits civiques dans sa chanson To Be Young, Gifted and Black, un véritable triptyque politique. C’est, d’ailleurs, cette dernière facette qui ressort des annales du festival – où elle établit un lien durable avec son directeur Claude Nobs entre 1968 et 1990 – et qui trouve refuge dans ce double album. La collection comprend des enregistrements issus de ses cinq concerts légendaires à Montreux en 1968, 1981, 1987 et 1990… sans oublier celui de 1976 qui fera date : fougueux et imprévisible, c’est l’une des performances les plus remarquables jamais vues au festival. On y retrouve les facéties et les extravagances de Nina Simone, son don de rabrouer une spectatrice – qu’elle gratifiait d’un regard inquiétant – en lui intimant l’ordre de se rasseoir. Elle se moque,  se montre intarissable et son tempérament en forme de montagnes russes plaît autant qu’il est détestable. L’album est porté par les reprises No Woman No Cry de Bob Marley, Ne Me Quitte Pas de Jacques Brel, ou du tonitruant  My Baby Just Cares For Me.

Etta James. Sa carrière est chaotique, mais jalonnée de triomphes. Après une jeunesse flirtant avec la délinquance, sa puissance vocale ne fait aucun doute, au point d’être enrôlée en tant que soliste du chœur dans une petite église de Californie. Après avoir fondé un trio, The Creolettes, elle débute une carrière solo, mais enchaîne alors les flops et écume les bars avant de décrocher le plus gros tube de sa carrière : At Last, une complainte bouleversante qu’elle chante d’une voix âpre et profonde. Elle en a fait sa chanson fétiche. Ce sont ses performances de 1977, 1978, 1989, 1990 et 1993 autour de Trust In Me et Sunday Holiday Kind Of Love qui sont mises à l’honneur.  Des classiques intemporels. 

“The Montreux Years” avec Nina Simone et Etta Etta James, disponible