11 sept 2020

Melanie C : rencontre avec une ex Spice Girls

On a connu Melanie C en “Sporty Spice”, icône LGBT des nineties au sein du girl’s band phénomène, les Spice Girls. Plus de vingt ans et 105 millions de disques vendus plus tard, Melanie Chisholm (de son vrai nom), revient avec un huitième album solo, Melanie C, placé sous le signe du dancefloor, de l’affirmation de soi et de l’empowerment. Rencontre.

Propos recueillis par Violaine Schütz.

Numéro: Comment vivez-vous le fait de faire la promotion de votre nouveau disque alors que les salles de concerts sont majoritairement fermées et que la distanciation sociale est de mise ?

Mélanie C: On est tous dans le même bateau, ce n'est pas facile. Dans un sens, le confinement et ce qui l'a suivi a été plutôt positif car cela nous a forcé à être plus créatif. Je suis resté connectée aux autres en parlant aux fans dans le monde entier. J'utilise les réseaux sociaux comme jamais pour promouvoir ma musique, performer, faire des sessions d'interviews. Mais les gens me manquent… J'ai hâte de ressentir cette fameuse énergie, être entourée et remonter sur scène.

 

Sur le single Who I Am, vous prétendez “être enfin vous-même”, tout en précisant que ce que l'on percevait de vous jusqu’alors n'était pas vraiment la réalité. Sporty Spice est-elle si différente de Melanie C ?

Il est difficile de savoir ce que les autres pensent de vous. Quand j'évoluais avec les Spice Girls, j'avais l'impression d'être vue comme dure et franche alors que j'étais plutôt douce, polie et calme. Les médias, les tabloïds surtout, peuvent se montrer très cruels envers vous. C’était pire dans les années 90. Aujourd'hui, c'est un peu différent car tout le monde peut faire entendre sa voix sur les réseaux sociaux. Et ça fait partie de la nature humaine de graviter autour des mauvaises choses qu'on entend sur nous, tout en oubliant les bonnes. Je voudrais que les gens prennent confiance en eux en écoutant ce disque.

 

Peut-on dire de cet album qu’il est plein de contrastes ?

Tout à fait. Je voulais produire un album que les gens peuvent apprécier aussi bien en club que chez eux. J'ai eu la chance de travailler avec beaucoup de musiciens issus d'univers radicalement différents [Lisa Lopes de TLC, Bryan Adams, Robbie Williams et Paul McCartney au sein du supergroupe The Justice Collective]. Je me considère comme une artiste pop mais j'adore pourtant la dance music, la house, l'électro des années 90 et le disco. Dernièrement, j'ai adoré Mark Ronson, Christine And The Queens, Robyn, Charli XCX et Billie Eilish [Billie Eilish est une grande fan des Spice Girls]. Être DJ a aussi changé ma façon de voir la musique, d'en écouter et d'en faire. Lorsque vous chantez sur scène, vous avez une relation particulière avec le public. Mais en tant que DJ, vous passez des disques et vous voyez les gens réagir en fonction de la musique, vous nouez donc un autre rapport avec le dancefloor. Mon premier DJ set s'est d'ailleurs déroulé en France, au Badaboum [Paris], pour une marque de lingerie [Elle y jouait des titres des années 90, dont Nirvana, Daft Punk, The Cardigans, Oasis, Blur mais aussi de la house]. J'étais tellement pétrifiée avant de commencer… mais ça s'est finalement bien passé. Une nouvelle carrière commençait.

 

En 2019, vous êtes montée sur scène avec les Spice Girls pour une tournée des stades. Comment avez-vous vécu ce moment ?

J'ai adoré jouer devant des gens qui venaient de partout. La plupart étaient des femmes, des trentenaires mais aussi des plus jeunes, et beaucoup de personnes issues de la communauté LGBT. On a réalisé l'impact que l’on avait eu sur nos fans. Beaucoup d'amour et d'énergie.

Vous êtes très proche du collectif de drag queens anglais Sink The Pink avec lequel vous avez tourné et réalisé le clip du single High Heels. Lors d'un live à la Brighton Pride l'an dernier, vous arboriez aussi le drapeau trans. Comment avez-vous trnasformé le “girl power” en “people power” ?

Le morceau High Heels est inspiré par l'énergie que j'ai ressenti en allant aux soirées de Sink The Pink. Un nouveau départ pour moi. Je ne suis jamais vue comme une personnalité “politique” mais en tant qu’artiste, j’ai une certaine audience. Et c'était important à mes yeux de m'en servir pour parler de la communauté LGBT qui m'a tant apportée. On a souvent peur de ce qu'on ne connaît pas, de ce qu’on ne comprend pas. L'éducation joue un rôle clé. C'est pour ça que la visibilité que la communauté LGBT a gagné ces dernières années est essentielle. Tout le monde a le droit d'être qui il est et ne devrait pas avoir à se cacher ou à se conformer à un moule. Je suis fière d'être une alliée de cette communauté.

 

Vous avez été, avant l’avènement du streetwear de luxe, une des premières à arborer ce look, comment vivez-vous le fait que ce look soit maintenant partout ?

Toutes mes copines s'habillent comme moi dans les années 90. C'est drôle. Ma fille peut leur dire : “Ma mère a créé ce look” [rires]. J'ai grandi dans la classe ouvrière du Nord de l'Angleterre et tout le monde s'habillait comme ça, avec des joggings Adidas. C'est fou de voir qu'aujourd'hui, l'“athleisure” est devenu un phénomène, notamment sur les podiums. Pour les Brit Awards, en février dernier, je remettais un prix à Billie Eilish et pour l'occasion, il me fallait une tenue de soirée. Je portais une robe noire Fila, qui ressemblait à une pièce très onéreuse et chic. Mais elle comportait de petits détails sportswear comme une corde autour de la taille tout en ayant l'air féminine. Dans la vidéo du single In And Out Of Love, je porte aussi un mélange de vêtements aux détails sophistiquées avec des éléments plus streetwear. Ce sont des petits hommages à Sporty Spice.

 

Melanie C – Melanie C (Red Girl Records), sortie prévue le 2 octobre.

En concert au Transbordeur à Lyon, le 3 mai 2021 et à l'Alhambra, à Paris, le 4 mai 2021.