Le duo Fischerspooner se sépare
Après un retour en fanfare en 2018 avec l’album “Sir”, le duo d’électro-clash américain Fischerspooner annonce sa séparation un an plus tard et se fend d’un étrange post sur Instagram…
Par Alexis Thibault.
Dans un sauna surchauffé, entre sueur des corps masculins et frénésie des lasers phosphorescents émerge un visage bien connu. Le clip Top Brazil donne immédiatement le ton : Casey Spooner en icône queer. Nouveau dieu d’une partouze sulfureuse, son blouson de cuir est resté au vestiaire, mais la porn moustache est bien présente, histoire d’entretenir le cliché jusqu’au bout. Après neuf années d’absence, une éternité au regard de l’industrie musicale actuelle, le duo Fischerspooner a effectué un retour fracassant avec l’album Sir, le 16 février 2018. Un album “agressivement homosexuel” qui a pris l a forme d’une orgie sonore dans laquelle Frankie Goes To Hollywood se tape Madonna pendant que Kylie Minogue filme la scène… Mais l’aventure prend fin. Hier, le duo s’est fendu d’un post énigmatique sur son compte Instagram. Sur fond noir, un texte blanc annonce : “Fischerspooner is dead, long live Fischerspooner.” Pourquoi ? Comment ? On sait peu de choses sinon que Warren Fischer et Casey Spooner laissent derrière eux toute une communauté de fans endeuillés.
Ancien directeur commercial, Warren Fischer rencontre Casey Spooner à l’Institut d’art de Chicago. Dès 1988, ils forment le duo Fisherspooner après un brainstorming de quelques minutes. Tout droit sortie du milieu arty new-yorkais, la formation s’éprend très vite de la vague électro-clash qui déferle sur les années 2000 et livre #1, un premier album qui mêle électro des eighties et techno des années 90 mais s’autorise des envolées new wave et synthpop. Casey chante, Warren compose… mais chacun de leur côté. Un tour de force qui n’est que peu de chose face à leurs prestations scéniques déjantées. On découvre la patte Fischerspooner, et le New Musical Express ira jusqu’à qualifier ce premier opus de “meilleure chose arrivée à la musique depuis l’électricité”. Un titre sort du lot : Emerge. Aussitôt, le cinéma, la télévision et les jeux vidéo s’emparent de cet hymne incontournable qui s’invite dans bon nombre de compilations. Quatre ans plus tard, Fischerspooner revient avec un nouvel album mais changent de cap. Avec Odissey, le duo propose une œuvre aérienne, vaporeuse et résolument psychédélique imprégnée par le rock des années 70. Puis vient Entertainment (2009) soutenu par le label Kitsuné, tentative pop qui se solde malheureusement par la désaffection du public…