8 jan 2021

Kiddy Smile, Billy Porter, Honey Dijon dans un documentaire explosif sur les clubs

Alors que la plupart des clubs du monde entier gardent leurs portes fermées, un documentaire réalisé par le label de musique et organisateur de soirées Glitterbox célèbre l’importance de ces espaces. Disponible en mars sur Youtube, celui-ci s’enrichit des témoignages de Kiddy Smile, Billy Porter, Kathy Sledge ou encore Honey Dijon. 

Lumières stroboscopiques, boule disco, maquillage fluo, corps en sueur et slips pailletés… Dès ses premières minutes, le documentaire Where Love Lives plante son décor. Nous voilà transportés dans l’ambiance extatique des clubs où fourmillent corps exaltés et danseurs acharnés au rythme d’une musique incessante. Des espaces qui nous deviennent malheureusement de plus en plus étrangers à mesure que les mois passent, désertés depuis bientôt un an en raison de la crise sanitaire, – non sans laisser dans la bouche de leurs fidèles adeptes un goût amer de manque et de nostalgie. Ce sentiment inédit, c’est comme si Glitterbox l’avait anticipé en 2019 en réalisant un film dont l’idée centrale est claire : montrer combien les clubs sont essentiels à la population, et comment celle-ci peut s’y retrouver quel que soit son genre, ses origines ethniques, son âge ou sa sexualité. Connu pour son label de musique et les nombreuses soirées disco et house qu’il organise depuis six ans, ce mastodonte de la vie nocturne contemporaine a donc choisi de suivre des performeurs dont les boîtes de nuit sont la scène principale, tout en partant à la rencontre d’acteurs majeurs et aficionados assumés de ces lieux essentiels à leur quotidien.

 

 

“La seule raison pour laquelle je suis encore là aujourd’hui est parce que j’ai trouvé la vie sur la piste de danse”, déclare l’acteur et chanteur Billy Porter, récemment remarqué dans la série Pose. Jeune adulte dans les années 80, l’Américain ouvertement homosexuel y rencontrait en effet ceux qui deviendront les piliers de sa vie, sa “famille choisie”. Même chose plus tard pour Honey Dijon, DJ et productrice pour qui l’espace du club a permis de s’affirmer et d’être fière de son identité transgenre. Ces témoignages, mais aussi ceux du performeur The MxFit, du musicien français Kiddy Smile, de la chanteuse Kathy Sledge et de plusieurs club kids, drag queens et drag kings des soirées Glitterbox, présentent ainsi le club comme un espace nécessaire d’expression de soi qui rappelle la dénomination de “safe space”, à savoir un lieu dans lequel on se sent assez à l’aise et protégé pour se montrer tel que l’on est vraiment. Si cette notion s’applique bien évidemment aux populations LGBTQ+, pour qui le club est depuis des décennies un lieu crucial d’édification de sa communauté, elle rappelle également que les boîtes sont ouvertes à tous et se nourrissent de cette diversité, tout en appelant à la cohésion et au respect d’autrui. Where Love Lives saisit cette occasion pour mentionner plusieurs musiques et cultures nées en club en revenant notamment sur la naissance de la disco à travers les mots de l’ancien DJ Nick Siano, mais aussi en évoquant la house et la scène ballroom, qui ont vu la naissance de la danse désormais célèbre appelée “voguing”.

 

 

Des garde-robes des performeurs à leurs loges, le film qui sortira en mars prochain explore en une cinquantaine de minutes les moindres recoins du club pour montrer comment la magie opère même hors de la scène. On y découvre par exemple la chambre de la drag queen Tete Bang, une pièce recouverte du sol au plafond des perruques, robes et babioles qui composent son univers bubblegum pop, mais aussi l’atelier de l’artiste et illustrateur britannique Mark Wardel, dont les portraits saisissent sur toile et papier les visages de ceux qui enflamment le dancefloor. Mais la véritable star du club reste bien sûr la foule. Filmée au ralenti, en liesse, dans des plans hauts en couleurs et en lumières, elle apparaît ici sous son meilleur jour et rappelle la finalité principale de ces virées nocturnes : la liberté. Une bouffée d’air frais d’autant plus nécessaire à l’heure où l’avenir du club est encore incertain, qui ne pourra qu’attiser l’ardent désir de fouler à nouveau ses planches.

 

 

Where Love Lives, diffusé sur Youtube et dans certains cinémas britanniques si la situation le permet en mars 2021.