Kicks sataniques et voix d’ange : qui est Mathilde Fernandez, nouvelle diva goth-pop ?
Sorcière 2.0 aux allures de vestale, poupée bestiale à la peau d’ivoire et à la voix de cristal, Mathilde Fernandez revient le rouge aux joues et l’or à la bouche avec « Fard », le premier titre de son prochain EP, « Sensible », attendu le 25 mai. L’occasion de revenir sur le parcours singulier de cette artiste totale.
Par Alix Leridon.
Elle vient de Nice, vit à Bruxelles, mais semble graviter à des années lumières du commun des mortels, près d’une planète issue de la collision cosmique de Kate Bush et de Rammstein. Adolescente, elle joue du synthé dans un groupe de métal avant d’intégrer les Beaux-Arts où elle se spécialise dans la vidéo d’art. C’est pourtant le théâtre et la mise en scène qui l’attirent et qui la conduisent à travailler son timbre, jusqu’à lui donner envie de s’essayer au chant lyrique aux côtés d’une chanteuse d’opéra. Sa voix, qu’elle emploie comme un instrument modulable à l’envie, est sa marque de fabrique, son super-pouvoir, et probablement son bien le plus précieux. Découverte en 2015 avec son Live à Las Vegas, mini-album de quatre titres parmi lesquels les délicieux Amérique et Égérie, elle a déjà tout de la diva goth-pop qu’elle est aujourd’hui.
Son projet artistique est à la croisée des disciplines, des genres et des mondes. Touche à tout, elle compose, écrit et chante ses textes, et s’investit autant dans l’élaboration de son image, entre promotion et performance. Très sensible à la mode qu’elle considère comme un art à part entière, elle se sent comme “augmentée” par les vêtements qu’elle porte sur scène et qu’elle choisit précautionneusement parmi ses designers favoris. Les petites lunes de Marine Serre lui collent rapidement à la peau et deviennent partie prenante de son esthétique dès la sortie de son deuxième EP, Hyperstition. Elle collabore également avec Andrea Crews à l’occasion de son cycle de performances au Palais de Tokyo en 2019, élaboré avec la scénographe et plasticienne Cécile Di Giovanni (ayant notamment travaillé auprès de Virgil Abloh). De leur passage remarqué au Palais de Tokyo, on se souvient particulièrement de la troublante reprise par Mathilde Fernandez du discours de Greta Thunberg au sommet de l’ONU.
Infatigable, elle lance un second projet musical, Ascendant Vierge, avec le producteur Paul Seul (du collectif Casual Gabberz) en 2019, à travers lequel elle prête sa voix d’ange à des kicks sataniques croisant gabber et techno hardcore. Elle fait alors son entrée dans les clubs avec l’entraînant Influenceur, et le duo finit de nous convaincre avec l’addictif Discoteca, sorti il y a quelques mois. Aujourd’hui, c’est loin des raves et des stroboscopes qu’elle fait son retour solo avec Fard, une chanson dédiée à Christophe, génie des Mots Bleus qu’elle admire tant, et qui avait repris avec elle l’un des premiers titres de la jeune femme, Amérique. On attend d’elle une carrière aussi belle que celle de son incroyable mentor.
Sensible (2021) de Mathilde Fernandez, disponible le 25 mai.