Nouveau film à Cannes et concert à Paris, les dernières folies du cinéaste Jim Jarmusch
Le célèbre réalisateur indépendant Jim Jarmusch prépare un nouveau film, Father Mother Sister Brother. Et il se produira en concert à Paris en 2025 avec Jozef Van Wissem. Leur musique minimaliste fusionne luth baroque et textures sonores contemporaines…
par Alexis Thibault.
Le grand retour de Jim Jarmusch au Festival de Cannes
Cinq ans après son long-métrage de zombies The Dead Don’t Die, Jim Jarmusch revient hanter la Croisette avec un puzzle poétique en trois actes. Intitulé sobrement Father Mother Sister Brother, le film explore les lignes de faille entre générations, de la côte brumeuse des États-Unis à l’élégance grise de Paris en passant par Dublin. Au casting, on retrouve Cate Blanchett, Adam Driver, Charlotte Rampling ou encore Indya Moore donnent chair à cette fresque intime. Une odyssée familiale qui rejoint donc la sélection de la Croisette.
Cette année, le Festival de Cannes se déroulera du 13 au 24 mai et le jury sera présidé par Juliette Binoche. En compétition, on retrouvera notamment Ari Aster, Lucrecia Martel, Rebecca Zlotowski, Spike Lee qui porte à l’écran Denzel Washington et A$AP Rocky, Julia Ducournau avec Alpha, ou encore Gregg Araki et son I Want Your Sex porté par Charli xcx et Olivia Wilde.
Une star du cinéma indépendant en concert à La Cigale
On lui doit des films majeurs tels que Stranger Than Paradise (1984), Dead Man (1995), Only Lovers Left Alive (2013), le splendide Paterson (2016) avec Adam Driver, The Dead Don’t Die (2019) ou Gimme Danger (2016), un documentaire de plus de deux heures sur Iggy & The Stooges. Au-delà de ses choix de BO raffinés, le cinéaste américain Jim Jarmusch est aussi musicien et s’adonne depuis plusieurs décennies à diverses expérimentations sonore, notamment avec son groupe Sqürl, dont le premier EP – Ep #1 (Naked Kiss Music) – voit le jour en 2010.
Ce projet, Jim Jarmusch le fonde avec Carter Logan. On parle de drone rock, de post-rock, d’ambient faite de bourdonnements, de guitares saturées et de boucles hypnotiques. Fortement influencé par le krautrock – ce rock progressif psychédélique allemand qui émerge à la fin des années 1960 – Sqürl s’amuse avec les boucles. La musique du groupe est souvent uniquement instrumentale et les harmonies dissonantes. En guise d’exemple : leur travail apparaît sur la bande originale d’Only Lovers Left Alive (2013).
Mais en 2025, le réalisateur revient en concert à Paris, cette fois avec un projet plus minimaliste et mystique : son duo avec le luthiste Jozef Van Wissem. Loin de l’imagerie post-rock de Sqürl, cette collaboration traduit une fascination commune pour le temps suspendu, la méditation sonore et les atmosphères baroques…
Un duo surprenant formé avec Jozef Van Wissem
L’association peut évidemment surprendre. Jim Jarmusch et le luthiste hollandais Jozef Van Wissem défendent des compositions minimalistes, rigoureuses et répétitives. Leur musique se construit ainsi autour du luth renaissance et des nappes dissonantes, parfois proches du drone, conférant à l’ensemble une dimension quasi liturgique.
Leur collaboration est notamment marquée par des albums comme The Mystery of Heaven, en 2012 ou An Attempt to Draw Aside the Veil, en 2019. Deux voyages instrospectifs. Si l’on retrouve chez Jarmusch cette obsession pour l’atmosphère sonore, c’est aussi parce que la musique est au cœur de son cinéma…
De Tom Waits à RZA en passant par Iggy Pop, Jim Jarmusch a toujours donné une place centrale aux musiciens dans ses films, travaillant avec eux comme de véritables partenaires créatifs. Depuis ses débuts, il compose même ses films comme des partitions, articulant dialogues laconiques et silences éloquents dans un régime d’une musicalité évidente. Dans Dead Man, la guitare erratique de Neil Young accompagnait par exemple le voyage hallucino-poétique de Johnny Depp.
Jim Jarmusch et Jozef Van Wissem en concert à la Cigale le 7 juillet 2025. Le film Father Mother Sister Brother de Jim Jarmusch n’a pas encore de date de sortie.