14 nov 2019

JGrrey, la soul girl volcanique protégée de Billie Eilish

À seulement 26 ans, la chanteuse britannique JGrrey (prononcer “jeygré”) fascine déjà. Avec son grain de voix à la fois tendre et puissant, ses lèvres charnues et son impertinence dans le regard, elle est en passe de devenir la nouvelle icône de la soul.

Une intense vocalise R’n’B s’immisce entre l’envol soudain de poussière magique, le clapotis de l’eau et les battements d’ailes de fées minuscules. Tous les oisillons de la forêt se précipitent alors vers la jeune princesse de la soul à l’origine de ce chant inattendu. Voilà à quoi ressemble la poésie urbaine de JGrrey— association de Jennifer, son prénom, et de sa couleur préférée. Mélancolique amoureuse, la jeune chanteuse britannique écrit des morceaux qui parle justement de ce sentiment gris. Un entre-deux douillet et plaisant, ni bonheur ni tristesse, qu’elle décrit avec douceur et délicatesse dans la plupart de ses titres.

 

La vulnérabilité musicale de Jennifer Clarke est sans pareille, renforcée par son accent british et sa magnifique voix flutée – parfois éraillée –, clef de voûte de toutes ses compositions. Forte du melting pot londonien, ville dont elle est originaire, sa musique emprunte la rythmique marquée du funk, l’intensité mélodique de la soul et les arrangements colorés du R’n’B. Comme des couleurs, avec justesse et sans un mot, ses compositions dépeignent des émotions. 

À 19 ans tout juste, JGrrey part à Manchester vivre avec son petit ami. Ni pour étudier, ni pour travailler. Les amoureux passent leur journée à fumer des joints, au chaud, dans leur petit appartement. Une après-midi, alors qu’ils s’ennuient, les amoureux tombent sur un microphone oublié et passent alors le reste de la journée à composer. Ils tournent un clip avec les moyens du bord, le postent sur un compte Tumblr, puis se remettent à fumer, confortablement installés sous la couette. Une publication qui attire l’attention du MC londonien Manga Saint Hilare : il emmène immédiatement la jeune Jennifer Clarke dans son studio pour enregistrer un morceau avec le célébrissime producteur Nana Rogues (Drake, Skepta).

 

En 2017, on retrouve la belle chanteuse enfermée dans un cube monochrome bleu gris, survêtement Adidas de la tête au pied. Elle déploie l’étendue de son talent dans une session Colors— émission musicale berlinoise— qui lui vaudra plus de 2 millions de vues sur YouTube, une demande de collaboration de la part de Lily Allen et une campagne publicitaire Adidas. Au début de l’année 2019, après avoir sorti un premier EP intitulé Grreydaze, la jeune chanteuse reçoit un message privé sur Facebook d’une artiste qu’elle connaît bien. La pop star ténébreuse Billie Eilish souhaite qu’elle fasse la première partie de sa tournée européenne. Miss Clarke ouvre alors le concert d’Eilish à Prague, et embarque pour l’Angleterre, destination Manchester puis Londres le 20 novembre. 

Bouche pulpeuse, regard rieur, piercing sur la narine et grosses créoles dorées, JGrrey a tout l’attirail d’une diva moderne. Pourtant, un brin de défiance scintille dans ses yeux vert amande. Tatoué depuis l’âge de 14 ans, la jeune chanteuse indocile refuse d’être guindée en portant une robe et ne lâchera sous aucun prétexte ses basquettes adorées.

 

Sorti le 15 novembre, son deuxième EP Ugh est une petite guimauve de douceur introspective. Elle y explore les déceptions amoureuses (Half Full), aborde la relativité du bonheur (Happiness Seems A Hell Of A Guy) et s’épanche sur l’optimisme (For Keeps). En écho, la mélodie de chaque morceau fait resurgir avec délicatesse le sentiment évoqué par la chanteuse britannique. Dans un monde où plastique et marché contrôlent l’industrie musicale, l’émergence d’une artiste naturelle est revigorante. Tant pour son look que pour son grain de voix, JGrrey respire la spontanéité.

 

L'album Ugh est disponible sur Apple Music, Spotify, et Amazon Music.