How SZA emerged as today’s biggest R’n’B star
En concert ce dimanche 2 juin à l’occasion du festival We Love Green, la collaboratrice de Kendrick Lamar, Doja Cat, ou Rihanna est devenue l’une des artistes R’n’B les plus respectées en trois EP et deux albums. Célébrée autant par la presse musicale que par le public, SZA a remporté, le 5 février, trois Grammy Awards dont celui de la “Meilleure chanson R’n’B”.
Par Alexis Thibault.
by Alexis Thibault.
1. SOS : le sublime cri de détresse de SZA célébré aux Grammy Awards
En février 2023, la cérémonie des Grammy Awards a été marquée par le nouveau sacre d’une superstar. Beyoncé s’était imposée en décrochant quatre trophées sur neuf nominations, devenant ainsi l’artiste la plus récompensée de l’histoire de la cérémonie avec… 32 victoire. Un an après la victoire de Queen B, les Grammy Awards 2024 étaient encore dominés par des femmes. Si Taylor Swift, Olivia Rodrigo, Billie Eilish, Miley Cyrus ou Victoria Monét décrochent de nombreuses nominations, la grande favorite s’appelait SZA : la chanteuse de 34 ans était nommée dans neuf catégories différentes dont “l’enregistrement de l’année”, “la chanson de l’année”, “la meilleure performance R&B”, “l’album de l’année” et “le meilleur album R&B progressif”. Rarement un artiste aura connu pareille ascension… elle se produira en concert à Paris lors du festival We Love Green, du 31 mai au 2 juin.
À l’issue de la cérémonie, SZA a quitté la crypto.com Arena de Los Angeles avec trois trophées. Elle remporte ainsi le Grammy Awards de la “meilleure chanson R’n’B de l’année” pour le titre Snooze tout en étant sacrée dans deux autres catégories : “Meilleur album de R’n’B progressif” pour l’opus SOS et “Meilleure performance pop en duo” pour sa collaboration avec la compositrice et chanteuse Phoebe Bridgers sur le morceau Ghost In The Machine, également extrait de l’album SOS. Visiblement très émue, SZA a sauté dans les bras de son ami Lizzo, qui lui a d’ailleurs remis l’un de ses trophées. Le 22 février, à l’occasion de la cérémonie des Grammy Awards 2024, SZA dévoile Saturn, un morceau inédit. Ce titre – qui évoque tout autant la volonté d’évasion que l’idéologie nihiliste – condense un R’n’b psyché, un tuilage de voix éthérées et les stigmates de l’ère du hip-hop boom bap. Fusion des genres toujours. Mais ce qui affole alors les fans reste l’information suivante : Saturn serait le tout premier single de son prochain album studio, Lana, dont la sortie est prévue pour 2024. Insatiable et face à son succès tonitruant, SZA avait, en 2022, proposé une version deluxe de CTRL, son premier album sorti en 2017.
Le 9 décembre 2022, ceux qui ne connaissaient pas encore SZA la découvrent juchée sur un plongeoir démesuré, le regard braqué sur l’océan qui s’étend à perte de vue sous ses jambes. La pochette de cet album est signée Daniel Sandwald et s’inspire directement d’une photographie volée de la princesse Diana Spencer, à Portofino, en 1997, un village de pêcheurs au sud-est de Gênes. Le disque s’intitule SOS… un signal de détresse en 23 titres qui parachève la mue de la jeune femme inconsolable en star du R’n’B respectée – voire adulée – par ses pairs.
Chez Radio France, la journaliste Lucile Commeaux évoque “la densité d’un album longuement mûri, inégal et difficile à écouter d’une traite […], qui articule et multiplie les possibles de la pop et de la relation amoureuse tout en les épuisant.” Outre-Atlantique, le site Pitchfork décerne à SOS la note de 8,7/10 et souligne que “SZA maitrise à la perfection l’art du monologue intérieur. Son style rappelle la structure jazzy de Joni Mitchell et les prouesses techniques de Minnie Riperton.” Ce second album est tout aussi plébiscité que le premier – CTRL – sorti cinq ans auparavant.
Fragile, crue, érotique, frustrée, désespérée, mélancolique, sensuelle, anxieuse… SZA se livre dans ses œuvres musicales sans fioritures plutôt que dans les interviews qu’elle déteste allègrement. En évitant de s’exposer avec n’importe qui, elle s’est emparée du trône du R’n’B contemporain.
2. Une ex-gymnaste devenue reine du R’n’B alternatif
Solána Imani Rowe nait en 1989 à Saint-Louis (Missouri) au bord du fleuve Mississippi mais grandit à Maplewood, dans le New Jersey, une ville proche de Philadelphie et de New York. Issue d’une famille plutôt aisée – son père est producteur exécutif sur la chaîne d’information CNN, sa mère cadre chez un fournisseur de téléphonie – la jeune fille est alors promise à un avenir de gymnaste professionnelle. Mais elle produit aussi de la musique seule… jusqu’à ce que les membres du label Top Dawg ne la repèrent au début des années 2010. Ils viennent peut-être de découvrir la nouvelle star de la neo-soul…
C’est pourtant dans un R’n’B alternatif éthéré qu’elle s’épanouira, transformant les complaintes multicolores des années 90 en ballades bien plus mornes. Ici on danse en restant profondément triste, on récite les poèmes d’une princesse éplorée du hip-hop. Solána Rowe signe son contrat en 2013, deux ans après sa rencontre avec Top Dawg. Entretemps, elle est devenue SZA – prononcer “sizè” – hommage au rappeur RZA du Wu-Tang clan et référence à “l’alphabet suprême” de la Five-Percent Nation, une branche de la Nation of Islam militant pour les droits des Afro-Américains, fondée en 1964 par un certain Clarence 13X, vétéran de la guerre de Corée.
SZA a donc rejoint l’un des labels les plus prometteurs des États-Unis. Dans ses rangs : Kendrick Lamar, SiR, ScHoolboy Q ou encore Jay Rock… Elle sera la seule femme. Trois EP seront nécessaires avant la sortie de son premier album, CTRL, qui lui permet de décrocher quatre nominations aux Grammy Awards 2018 : See.SZA.Run en 2012, S en 2013 puis Z en 2014. Salué par la critique, son premier disque CTRL ne remporte aucun prix mais la déconvenue fait émerger une communauté de fans entièrement dédiés à la cause de l’artiste. Le lancement du hashtag “JusticeForSZA” quelques heures après la cérémonie en est la preuve irréfutable. Dès lors, la chanteuse fait salle comble et collabore avec les plus grands…
3. Des références à la pop culture et des collaborations toujours plus prestigieuses
SZA reste une enfant de la pop culture. L’Américaine cite tour à tour Wes Anderson, Spike Lee, Quentin Tarantino – qu’elle évoque dans le titre Kill Bill (2022) – ou encore l’actrice Drew Barrymore, vedette emblématique des années 2000 révélée dans E.T et adorée dans Charlie et ses drôles de dames (2000) à qui elle dédie un morceau. En 2016, SZA compose le titre LouAnne Johnson, hommage à l’ancienne militaire de la Marine américaine devenue enseignante en Californie.
Renommé finalement Consideration, le morceau est offert à Rihanna sur un plateau d’argent et SZA multiplie dès lors les collaborations les plus prestigieuses. On retient notamment I Do avec Cardi B (2018) ou encore le tube pop “Power Is Power” avec The Weeknd et Travis Scott extrait de la BO de la série incontournable Game of Thrones.
Mais deux collaborations transformeront réellement sa carrière : son duo avec Kendrick Lamar sur le titre All the Stars, extrait de la bande originale du long-métrage Marvel Black Panther en 2018 et son titre Kiss Me More (2021), avec la sulfureuse Doja Cat, qui cumule près d’un million de vues sur YouTube à peine cinq heures après sa sortie… contre 400 millions aujourd’hui…
SZA se produira en concert lors du festival We Love Green, à Paris, Du 31 mai au 2 juin.
1. SOS: SZA’s sublime cry for help
Rare are the times when an artist skyrocketed like she did. On December 9th, 2022, those who didn’t know SZA discovered her, perched on a huge diving board, staring at the ocean that stretches as far as the eye can see below her feet. The album cover made by Daniel Sandwald was directly inspired by a stolen photograph of Princess Diana Spencer in Portofino, a fishing village southeast of Genoa, in 1997. The album, entitled SOS, unfolds a 23-track cry for help that completes the transformation of the sad young woman into a R’n’B star, respected, and even acclaimed by her peers. Lucile Commeaux, journalist at Radio France, evoked “the density of a long-matured album, uneven, and difficult to listen to in one go […], which articulates and extends the possibilities of pop music and love relationships while exhausting them.” On the other side of the Atlantic, the website Pitchfork gave SOS a score of 8.7/10 and stated out that “SZA has mastered the art of the inner monologue to perfection. Her style recalls the jazzy structure of Joni Mitchell and the technical prowess of Minnie Riperton.” This second album was as well-acclaimed as the first one, CTRL, released five years earlier. Fragile, raw, erotic, frustrated, desperate, melancholic, sensual, anxious… SZA would rather unveils parts of herself in sober and personal musical works than in interviews, which she blithely hates. Avoiding being associated with anyone has given her the keys to the kingdom of contemporary R’n’B.
2. A former gymnast turned into an alternative R’n’B queen
Solána Imani Rowe was born in 1989 on the banks of the Mississippi River, in St. Louis, Missouri, and grew up in Maplewood, New Jersey, near Philadelphia and New York. Coming from a well-off family with a father who was an executive producer at CNN and a mother who worked as an executive at a telephone company, the young girl was promised a future as a professional gymnast. But she also produced music on her own… until the members of the Top Dawg label spotted her in the early 2010s. They may have just discovered the future star of neo-soul… However, it is in ethereal alternative R’n’B genre that she has eventually blossomed, transforming the colorful laments of the 1990s into much duller ballads. Now, we are all dancing while being deeply melancholic and we are reciting the poems of a grieving hip-hop princess. Solána Rowe signed her contract in 2013, two years after she met Top Dawg. In the meantime, she became SZA – pronounced “sizza” – as a tribute to Wu-Tang Clan rapper RZA and as a reference to the “supreme alphabet” of the Five-Percent Nation, a branch of the Nation of Islam advocating for African Americans’ rights, founded in 1964 by a certain Clarence 13X, a veteran of the Korean War. SZA has thus joined one of the most promising labels in the United States, which supervises artists such as Kendrick Lamar, SiR, ScHoolboy Q, or Jay Rock… She was the only woman. See.SZA.Run in 2012, S in 2013 and Z in 2014… Three EPs were needed before the release of her first album, CTRL, for which she got four nominations at the 2018 Grammy Awards. While acclaimed by the critic, his debut album CTRL failed to win any awards, but the setback led to the emergence of a community of fans entirely dedicated to the artist’s cause. The launch of the hashtag “JusticeForSZA” a few hours after the ceremony is an obvious proof of that support. From that moment, the singer’ venues would sell out and she would multiple her collaborations with some of the biggest names of the industry…
3. References to pop culture and a collection of prestigious collaborations
SZA remains a child of pop culture. The American singer cites Wes Anderson, Spike Lee, Quentin Tarantino, whom she referred to in her track Kill Bill (2022), or the actress Drew Barrymore, the emblematic star of the 2000s revealed in E.T and acclaimed in Charlie’s Angels (2000), to whom she also dedicated a track. In 2016, SZA composed the track LouAnne Johnson, a tribute to the former U.S. Marine who later became a teacher in California. Renamed Consideration, the track was offered to Rihanna on a silver platter and SZA has since then multiplied the most prestigious collaborations. The most notable ones are I Do with Cardi B (2018) and the pop hit Power Is Power with The Weeknd and Travis Scott featured on the soundtrack of the iconic series Game of Thrones. Yet, two key collaborations will genuinely transform her career – her duet with Kendrick Lamar on All the Stars, featured on the soundtrack of the Marvel movie Black Panther in 2018, and her track Kiss Me More (2021) with the sultry Doja Cat, which accumulated nearly a million views five hours only after its release on YouTube… compared to the 400 million views today.
SZA will perform at the Accor Arena in Paris on June 5th.