Comment SZA, en concert à Paris, s’est imposée comme une icône du R’n’B
En trois EP et trois albums, SZA, la collaboratrice de Kendrick Lamar, Doja Cat, ou Rihanna est devenue l’une des artistes R’n’B les plus respectées. Célébrée autant par la presse musicale que par le public, SZA annonce une tournée des stades en 2025 aux côtés de Kendrick Lamar, qui passera par Paris les 15 et 16 juillet prochains.
par Alexis Thibault.
Après avoir embrasé l’Accor Arena à l’occasion d’un concert d’exception en 2023, la star du R’n’B SZA est de retour à la capitale française. Elle se produira aux côtés du rappeur Kendrick Lamar sur l’estrade de la salle Paris La Défense Arena à l’occasion de deux dates : les 15 et 16 juillet 2025. Il faut dire que c’est une belle amitié qui lie les deux artistes. En effet, ils signent ensemble plusieurs titres : Doves in the Wind (2017) sur le premier album studio de la chanteuse et All the Stars (2018) pour la BO du film Marvel Black Panther. Et sur GNX (2024), derniers opus en date du rappeur, on retrouve les morceaux en duo Luther et Gloria.
La star du R’n’B SZA en concert à Paris aux côtés de Kendrick Lamar
En parallèle de sa carrière solo, SZA accompagnait d’ailleurs Kendrick Lamar sur la prestigieuse scène du show de la mi-temps du Super Bowl, le 9 février 2025. Une performance attendue chaque année par les mélomanes, que Kendrick Lamar et SZA coloraient cette année d’une dimension politique. En effet, le tandem plaçait la culture hip-hop sous les feux des projecteurs, tout en se réappropriant une myriade de codes issus du folklore américain.
Des gerbes de couleurs du drapeau états-unien se retrouvaient ainsi distillées à chaque moment de la performance, tandis que l’acteur Samuel L. Jackson prêtait ses traits à la figure de l’Oncle Sam… Un concert qui confirmait les talents de showmen des deux artistes – qu’on se languit de découvrir sur scène à Paris…

Une artiste sacrée aux Grammy Awards
Il faut dire que la chanteuse SZA, 35 ans, a su s’ériger en prêtresse du R’n’B alternatif au fil des années. Sur 26 nominations aux Grammy Awards, elle a remporté cinq trophées. Flashback. En 2022, ceux qui ne connaissaient pas encore SZA la découvrent juchée sur un plongeoir démesuré, le regard braqué sur l’océan qui s’étend à perte de vue sous ses jambes.
La pochette de l’album SOS (son deuxième) est signée Daniel Sandwald et s’inspire directement d’une photographie volée de la princesse Diana Spencer, à Portofino, en 1997, un village de pêcheurs au sud-est de Gênes. Le disque s’intitule SOS… un signal de détresse en 23 titres qui parachève la mue de la jeune femme inconsolable en star du R’n’B respectée – voire adulée – par ses pairs.
SOS, un album célébré par le public et la critique
Chez Radio France, la journaliste Lucile Commeaux évoque alors “la densité d’un album longuement mûri, inégal et difficile à écouter d’une traite […], qui articule et multiplie les possibles de la pop et de la relation amoureuse tout en les épuisant.” Outre-Atlantique, le site Pitchfork décerne à SOS la note de 8,7/10 et souligne que “SZA maitrise à la perfection l’art du monologue intérieur. Son style rappelle la structure jazzy de Joni Mitchell et les prouesses techniques de Minnie Riperton.”
Ce second album est tout aussi plébiscité que le premier – CTRL – sorti cinq ans auparavant. Fragile, crue, érotique, frustrée, désespérée, mélancolique, sensuelle, anxieuse… SZA se livre dans ses œuvres musicales sans fioritures plutôt que dans les interviews qu’elle déteste allègrement. En évitant de s’exposer avec n’importe qui, elle s’est emparée du trône du R’n’B contemporain.
Une ex-gymnaste devenue reine du R’n’B alternatif
Mais qui se cache véritablement sous le pseudo SZA ? Solána Imani Rowe (de son vrai nom) naît en 1989 à Saint-Louis (Missouri) au bord du fleuve Mississippi, mais grandit à Maplewood, dans le New Jersey, une ville proche de Philadelphie et de New York. Issue d’une famille plutôt aisée – son père est producteur exécutif sur la chaîne d’information CNN, sa mère cadre chez un fournisseur de téléphonie – la jeune fille est alors promise à un avenir de gymnaste professionnelle. Mais elle produit aussi de la musique seule… jusqu’à ce que les membres du label Top Dawg ne la repèrent au début des années 2010. Ils viennent peut-être de découvrir la nouvelle star de la neo-soul…
C’est pourtant dans un R’n’B alternatif éthéré qu’elle s’épanouira, transformant les complaintes multicolores des années 90 en ballades bien plus mornes. Ici on danse en restant profondément triste, on récite les poèmes d’une princesse éplorée du hip-hop. Solána Rowe signe son contrat en 2013, deux ans après sa rencontre avec Top Dawg. Entretemps, elle est devenue SZA – prononcer “sizè” – hommage au rappeur RZA du Wu-Tang Clan et référence à “l’alphabet suprême” de la Five-Percent Nation, une branche de la Nation of Islam militant pour les droits des Afro-Américains, fondée en 1964 par un certain Clarence 13X, vétéran de la guerre de Corée.
CTRL, l’éclosion d’une star
SZA a donc rejoint l’un des labels les plus prometteurs des États-Unis. Dans ses rangs : Kendrick Lamar, SiR, ScHoolboy Q ou encore Jay Rock… Elle sera la seule femme. Trois EP seront nécessaires avant la sortie de son premier album, CTRL, qui lui permet de décrocher quatre nominations aux Grammy Awards 2018 : See.SZA.Run en 2012, S en 2013 puis Z en 2014.
Salué par la critique, son premier disque CTRL ne remporte aucun prix mais la déconvenue fait émerger une communauté de fans entièrement dédiés à la cause de l’artiste. Le lancement du hashtag “JusticeForSZA” quelques heures après la cérémonie en est la preuve irréfutable. Dès lors, la chanteuse fait salle comble et collabore avec les plus grands…
Des références à la pop culture et des collaborations prestigieuses
SZA reste une enfant de la pop culture. L’Américaine cite tour à tour Wes Anderson, Spike Lee, Quentin Tarantino – qu’elle évoque dans le titre Kill Bill (2022) – ou encore l’actrice Drew Barrymore, vedette emblématique des années 2000 révélée dans E.T et adorée dans Charlie et ses drôles de dames (2000) à qui elle dédie un morceau.
En 2016, SZA compose aussi le titre LouAnne Johnson, hommage à l’ancienne militaire de la Marine américaine devenue enseignante en Californie. Renommé finalement Consideration, le morceau est offert à Rihanna sur un plateau d’argent et SZA multiplie dès lors les collaborations les plus prestigieuses. On retient notamment I Do avec Cardi B (2018) ou encore le tube pop Power Is Power avec The Weeknd et Travis Scott extrait de la BO de la série incontournable Game of Thrones.
Une incursion dans le cinéma
Mais deux collaborations transformeront réellement sa carrière. Il s’agit du titre avec Kendrick Lamar All the Stars extrait de la BO du film Marvel Black Panther en 2018. Et de Kiss Me More (2021) avec Doja Cat, qui cumule plus de 500 millions aujourd’hui…
En marge de ses aventures dans la musique, SZA a récemment fait ses débuts au cinéma aux côtés de Keke Palmer. C’était dans la comédie One of Them Days réalisée par Lawrence Lamont. Un long-métrage adoubé par la critique – qui ne promet que le meilleur pour la star dans le septième art… Comme ailleurs.
SZA et Kendrick Lamar, en concert à Paris (Paris La Défense Arena), les 15 et 16 juillet 2025.