Greentea Peng: R’n’B solaire et remède contre l’ennui
Après une session Colors envoûtante en juin 2019 et deux EP en autoproduction, la talentueuse Greentea Peng revient avec le clip plus anxiogène de “Ghost Town”. Une vidéo qui s'éloigne de l'univers luxuriant et chaleureux de la chanteuse londonienne à la voix éraillée.
Par Lolita Mang.
La brume se propage dans les rues d’un Londres en noir et blanc. Pas une âme à l’horizon, seulement des bâtiments à perte de vue. Soudain, une silhouette se détache du paysage urbain, et sa voix enveloppante réveille la ville fantôme qui l’entoure. Sorti le 4 mars dernier, le clip de Ghost Town vient asseoir le talent de Greentea Peng, chanteuse londonienne dont l’univers chaleureux tranche avec la ville grise, froide et vide.
Ce n’est pas une blague : la musique réconfortante de Greentea Peng – Aria Wells de son vrai nom – s’écoute avec une tisane chaude entre les mains, les yeux fermés de préférence, le dos enfoncé dans un canapé moelleux. Et si les conditions ne sont pas réunies, la voix de celle qui rapelle une certaine Amy Winehouse suffit à transporter ses auditeurs vers des contrées ensoleillées. Son nom d’artiste, elle le doit tout simplement à sa couleur favorite. La couleurs des arbres, de la nature, mais surtout… de la weed.
Après une enfance passée entre le sud de Londres, la station balnéaire de Hastings ou encore Mexico, Aria Wells s’éprend du reggae et du R’n’B. Souvent comparée à Erykah Badu et Lauryn Hill, la jeune chanteuse les classe volontiers au rang des idoles avec qui elle souhaiterait collaborer. Jonglant entre les genres comme les codes, Greentea Peng s’est fait connaître, comme beaucoup d’autres, grâce à une session Colors, enregistrée pour son single Downers. Sur un fond – évidemment – vert menthe, la compositrice entame une ballade langoureuse vêtue d’un kameez, costume unisexe d’Asie centrale, que l’on retrouve en Inde comme au Bangladesh. Toutefois, les plans larges dévoilent les baskets noires résolument modernes de l’artiste, comme un clin d’oeil à son appartenance à la culture urbaine de Londres.
À la fois spirituelle et engagée, Aria Wells a d’ores et déjà haussé la voix pour sa ville d’origine. Grâce aux productions électroniques scintillantes signée Earbuds – collaborateur du rappeur Slowthai –, la chanteuse donne à sa voix soul une résonance politique, comme avec son dernier single, Ghost Town. Le morceau est dédié aux quartiers défavorisés de Londres, menacé d’être rasés. Il n’est pas anodin que l’esthétique grise du clip contraste avec l’atmosphère solaire des autres vidéos de l’artiste. En effet, Aria Wells avait habitué son audience à des visuels flamboyants, comme la très belle vidéo de Mr. Sun (miss da sun), où elle déambule d’un univers luxuriant à un autre grâce à des portes magiques. Un clip qui, à lui seul, renferme tous les ingrédients qui font de Greentea Peng une artiste radiante : des lignes de saxophone jazzy, des chants d’oiseaux, une jungle foisonnante où le soleil ne semble jamais se coucher.