Gabriel Garzón-Montano : du hip-hop à l’eau de rose pour faire l’amour
Il lit Nietzsche et Rimbaud, a fait les premières parties de Lenny Kravitz et se joue des frontières entre les genres. Gabriel Garzón-Montano est la vedette de la dernière session Colors, sortie ce 21 février. En trois morceaux, le chanteur new-yorkais étend son spectre musical, du funk au hip-hop, en passant par la sérénade romantique.
Par Lolita Mang.
Le décor est baigné d’un rose délicat, duquel se détachent quelques musiciens tout de blanc vêtus. Au centre de la pièce, Gabriel Garzón-Montano jette sa veste à terre avant d’entamer un couplet de rap en espagnol tout en fixant la caméra d’un air provocateur. La dernière session Colors, si elle ne dure que cinq minutes à peine, mêle les genres et les ambiances. Du chant au rap en passant par une sérénade teintée de tristesse, l’artiste new-yorkais y déploie l’étendue de ses talents.
La musique dans la peau
Mélanger, ajouter, amplifier, allonger. La surenchère n’effraie pas l’Américain – loin de là. Gabriel Garzón-Montano a plongé dans la musique, enfant, en commençant par apprendre le violon. Très vite, il se lance dans la guitare. Puis au piano, à la basse, et enfin, à la batterie. Une passion qui ne s'empare pas du bambin tout à fait par hasard : entre un père colombien friand de cumbia – originaire de Colombie, le genre mêle tambours, flûtes indiennes et maracas – et une mère mezzo-soprano française, difficile pour le jeune homme d’échapper à son destin.
Février 2015. Le monde de la musique est en émoi, bouleversé par la mixtape du rappeur canadien Drake, If You're Reading This It's Too Late. Dissimulé dans le disque, le morceau Jungle est un sample de 6 8, titre lascif et sensuel tiré de Bishouné, premier EP de Gabriel Garzón-Montano. Plus qu’un simple quart d’heure de gloire, l’événement marque le début du succès pour le chanteur. Mais Drake n’est pas l’unique vedette qui succombe au groove de l’Américain. Au même moment, Gabriel Garzón-Montano rencontre Lenny Kravitz. Il devient ainsi l'un de ses musiciens de tournée, avant d’assurer quelques-unes de ses premières parties.
La fragilité comme clef du succès
Installé à New York, Gabriel Garzón-Montano trouve ses plus grands élans d’inspiration dans le métro, entre les stations Kingston Throop à Brooklyn et la 72e rue à Manhattan. Il dévore Nietzsche et Rimbaud, et le recueil Les Illuminations donne la couleur de son premier album, Jardín, qui voit le jour en 2017. Un disque pensé comme un jardin secret, à la fois intimiste et feutré, teinté d’une soul discrète. S’il est dédié à Prince, Jardín, empreint de lamentations romantiques, rappelle plutôt les contemporains du New-Yorkais, de Frank Ocean à Childish Gambino. La fragilité dans la voix ne trompe pas.
Dernier invité des studios berlinois Colors, Gabriel Garzón-Montano y a dévoilé non pas un, mais trois titres complètement inédits au sein d’un medley composé de grands écarts stylistiques. Someone, Agüita et Bloom n’ont en effet que peu de choses en commun, si ce n’est la voix fluette du chanteur. La vidéo débute sur une ambiance groovy, rythmée par une basse affirmée, avant de basculer sur un flow de rap en espagnol. Dernier twist : le New-Yorkais attrape une guitare pour finir sa performance sur une note larmoyante – toujours en espagnol –, accompagné de deux violonistes.