23 juin 2021

De Mylène Farmer à Cardi B : les 11 clips les plus torrides de la pop culture

Avec l’essor du clip comme moyen de promotion pour les musiciens, le corps sexualisé devient un vrai lubrifiant à succès. Du couple passionné formé par Björk et son compagnon Matthew Barney dans Pagana Poetry aux beuveries collectives et débauchées de Mylène Farmer dans Pourvu qu’elles soient douce, en passant par les mouvements de fessier répétés de Cardi B dans WAP, l’érotisme prend toutes les formes. Numéro revient sur 11 clips érotiques, sensuels… ou obscènes. 

L’empereur de la Crasserie, Big Daddy Jok et Chich : l’outrance à la française dans La Reine du bal

 

Tandis que les danseuses brutalisent les caméras par leurs mouvements de bassins envahissant, les rappeurs attablés autour de la table sur laquelle ces dames twerk sirote quelques tranquillement dans de larges verres à vin. Le titre est à la hauteur de la réputation de son auteur. Connu pour ses paroles subversives voire radicalement obscènes, celui qui se fait surnommer Serge Gainzbeur, le double urbain de Serge Gainsbourg, l’auteur de l’album Sadisme et Perversion, s’est associé pour ce titre sorti 2018 au non moins lubrique rappeur Jok’air et au frère de ce dernier, le rappeur Chich. Toute cette vulgarité est cependant contenue dans un très propre appartement hausmaniens, rappelant une certaine forme d’élégance à la française, même lorsqu’il s’agit de libertinage.

Les marins érotisés de Jean-Baptiste Mondino : Axel Bauer, Cargo (1984)

 

En 1983, Axel Bauer accède à la notoriété avec Cargo. Imaginé par Jean-Baptiste Mondino, célèbre réalisateur de clips et photographe de mode qui fait alors ses débuts dans la musique, le clip met en scène des marins tout en muscles et en sueur tout en étant entrecoupé d’apparitions d’un buste de femme nu et ondulant. Inspiré du film Querelle (1982) de Werner Rainer Fassbinder, lui-même adapté du roman de Jean Genet, le clip est construit autour d’une imagerie homo-érotique et fait tout de suite sensation dans la communauté gay. Premier clip de chanson française à passer sur la chaîne MTV, Cargo offre à Jean-Baptiste Mondino une reconnaissance internationale. 

Sur les traces du Marquis de Sade : Mylène Farmer, Pourvu qu’elles soient douces (1988)

 

Pourvu qu’elles soient douces est le premier titre de Mylène Farmer à passer numéro 1 au top 50. Véritable court-métrage, le clip de la chanson est, à l’époque de sa sortie, le plus long (près de 18 minutes) et le plus cher de l’histoire des clips français. Réalisé par Laurent Boutonnat, complice de la chanteuse depuis ses débuts, le clip est peut être aussi le plus sulfureux qui ai jamais été filmé jusqu’alors. Tourné en costume du XVIIIe siècle dans la forêt de Rambouillet, il met en scène la chanteuse dans un camp de soldats de la guerre de Sept Ans, et mêle violence et érotisme dans une esthétique qui semble inspirée des écrits du Marquis de Sade. 

Éros dans un Palace : Madonna, Justify my love (1990)

 

Avec ses paroles suggestives susurrées sur fond d’électro lascive, Justify My love est l’un des morceaux les plus suaves et sensuels de la Queen of Pop. Pour son clip, le vidéaste et photographe star Jean-Baptiste Mondino a loué l’étage entier d’un palace, l’hôtel Royal Monceau à Paris, dans lequel Madonna semble prise de vertiges, avant qu’il ne devienne le théâtre d’ébats plus ou moins explicites teintés de sadomasochisme et de travestissements en tous genres. Jugé obscène, le clip est rapidement banni par MTV, alors que le single est encore classé numéro 1. 

La blonde sulfureuse : Britney Spears dans Toxic (2004)

 

Si cette chanson atteint le top des classements musicaux dans plusieurs pays, le clip n’y est pas pour rien. Blonde, rousse, brune, la chanteuse star des années 2000 y incarne notamment une sulfureuse hôtesse de l’air. Elle attire les passagers masculins dans un heureux traquenard, au fond des toilettes d’un avion. Outre l’uniforme aérien, la vidéo est marquée par une autre tenue iconique, un collant de couleur chair recouvrant l’entièreté du corps de Britney Spears d’un mélange de luxe et de luxure.

La poésie païenne de Björk : Pagan poetry (2001)

 

Les lignes cryptées des corps de Björk et de son compagnon Matthew Barney s’interpénètrent dans ce clip signé du célèbre photographe de mode Nick Knight. Les ébats du couple, filmés puis déformés en post-production, donnent ce clip charnel et abstrait en même temps, diffusé en 2001 à l’occasion de la sortie de l’album Vespertine. Sur les quelques plans où Björk Guðmundsdóttir apparait sans trucage, elle est parée d’une robe constituée de perle dessinée par Alexander McQueen.

Le clip électro-sensuel des années 2010 : Alex Gaudino feat. Crystal Waters, Destination Calabria

 

C’est le plus grand succès du DJ et compositeur italien Alex Gaudino. Dans ce clip sorti en 2007, les figurantes, déguisées en musicienne de fanfare, accordent une attention toute particulière à l’éclat de leurs cuivres. Après avoir astiqué l’instrument dans toute sa longueur à l’aide d’un chiffon, leurs langues longent sa paroi pour parfaire son lustre. Une fois ce stricte protocole sanitaire respecté, il est possible aux joueuses d’entourer l’embouchure de l’instrument de leurs lèvres peinturlurées de gloss. Les paroles simples et la voix suave de la chanteuse Crystal Waters invite à l’ailleurs : “Follow me, And let’s go, / To a place where belong and leave our troubles at home come with me

L’animé coquin : Odezenne, Bouche à lèvres (2015)

 

Chez Odezenne, la romance est souvent teintée d’une certaine violence. Avec Bouche à lèvres, titre phare de leur troisième album, le groupe de pop alternative français dresse un pont entre une sexualité libérée et la peur de la paternité. Réalisé par l’illustrateur et réalisateur parisien Vladimir Mavounia-Kouka, le clip de Bouche à lèvres est un dessin animé explicite qui renvoie d’abord parfaitement au titre suggestif de la chanson. Complexe, sulfureuse et presque inquiétante, la vidéo illustre différentes facettes de la sensualité, entre désir et mutations du corps, allégresse et douleur. 

Du clip sexy au film pornographique : Selfie #3 de Vald (2015) 

 

Il n’est pas inhabituel qu’un rappeur consacre une part de son budget clip à l’emploi de figurantes payées pour se trémousser en petites tenues. Pourtant, aucun n’avait été jusqu’à assumer aussi pleinement le caractère pornographique de ces images. Critiquant la sexualisation de la femme dans la musique, Vald décline son titre Selfie en trois version, allant du tout public à un public (très) averti pour la dernière, uniquement accessible sur la plateforme de streaming Pornhub. Mettant à l’honneur les stars françaises Nikita Bellucci et Ian Scott, cette dernière déclinaison du clip a dépassé le million de vue.

French Touch et attouchements : Justice, Pleasure (2017)

 

Avec Pleasure, caresse électro issue de leur troisième album, Woman, Justice s’est offert une vidéo sensuelle et psychédélique. Pour ce clip, le duo a fait appel à Alexandre Courtès, réalisateur phare de la French Touch à qui l’on doit notamment le design des célèbres casques des Daft Punk. Dans une esthétique cyberpunk très stylisée, un couple s’engage dans une scène de sexe sensuelle et cosmique agrémentée d’explosions lumineuses, versant rapidement dans le surnaturel. 

Sauna gay et bodies à paillette : Fisherspooner, TopBrazil (2018)

 

En 2018, le duo d’electroclash Fisherspooner faisait son grand retour après neuf ans d’absence… avec un clip mettant en scène une partouze dans un sauna gay. Pour TopBrazil, on retrouve ainsi Casey Spooner, chanteur du duo, en icône queer moustachue et totalement nue, se laissant caresser et embrasser par un groupe d’hommes sensuels et débridés. Réalisé il y a à peine trois ans par le réalisateur britannique Tom C J Brown, le clip est l’un des premiers à mettre en scène une sexualité libérée exclusivement masculine et ouvertement homosexuelle. 

Des vixens à Cardi B : WAP feat. Megan Thee Stallion

 

L’apparition des vixens, ces femmes noires ou latines, issues de milieu populaire dont les corps sexualisés apparaissent dans les clips de hip-hop des années 2000, marque un changement radical des canons de beauté féminins. Contre-balançant l’influence de Pamela Anderson et du standard de la blonde filiforme à forte poitrine dont elle était l’incarnation, des femmes comme Melissa Forde ou Gloria Velez diffusent un autre idéal de beauté où les formes protubérantes sont les bienvenues. Ancienne strip-teaseuse, Cardi B applique les mêmes codes chorégraphiques que les vixens, à ceci près qu’en prenant le micro, elle ne se contente pas du rôle de figurante. Accompagnée de l’autre figure du hip-hop féminin Megan Thee Stallion, la rappeuse a obtenu un score de visionnage record pour le clip de WAP – acronyme de Wet Ass Pussy – avec 26 millions de vues en 24 heures.