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Clashs, insultes et scarifications : 5 dérapages de stars en pleine interview
Une guerre féroce entre Elton John et Keith Richards, une explosion de Joeystarr, des insultes de Serge Gainsbourg en plein direct… Numéro revient sur 5 dérapages de stars en pleine interview.
Par Alexis Thibault.
1. Serge Gainsbourg insulte le compositeur Guy Béart en plein direct
Décembre 1986. Sur le plateau de son émission Apostrophes, le journaliste Bernard Pivot présente Gainsbourg, un beau livre consacré au musicien et signé par Alain Coelho, Franck Lhomeau et Serge Gainsbourg lui-même. On y apprend que l’une des premières passions du compositeur demeure la peinture, une discipline qu’il découvre à l’âge de 13 ans. Passé par le cubisme et le surréalisme, il insiste humblement sur sa position de néophyte : la peinture reste un art majeur pour lequel une initiation est indispensable… contrairement à la musique populaire qu’il qualifie “d’art mineur” voire d’un ensemble de “conneries”. Mais dans l’assemblée, un homme monte au créneau : “Cela n’a rien de mineur une chanson !” Il s’agit de Guy Béart, auteur-compositeur-interprète français et père de l’actrice Emmanuelle Béart – qui apprécie moyennement la définition spontanée de son homologue. “Mais si mon petit gars… Qu’est-ce qu’il a le connard là !” lance Serge Gainsbourg d’un air blasé à son interlocuteur sans même le regarder. Et de poursuivre : “Tu as besoin d’initiation pour l’architecture, la peinture, la musique classique, la littérature et la poésie. Nous ne faisons pas de poésie. Ta gueule ! Tu fais un art mineur mon petit gars. Tu prends du pognon aux salauds de pauvres, comme moi…”
2. Manic Street Preachers et le terrible incident du “4 Real”
Contrairement à leurs homologues britanniques de l’underground, les membres de Manic Street Preachers refusent de chanter le spleen de la vie affreuse. Dans les années 90, leur premier single Suicide Alley frappe de plein fouet l’industrie musicale et le public accueille avec plaisir l’esprit glam punk d’un groupe iconoclaste alors même que cette esthétique est en perte de vitesse en Grande-Bretagne. La musique électronique est alors en plein essor… Richey Edwards, ancien fan de la formation galloise, a intégré le trio en tant que guitariste. Mais le quatrième membre du groupe est souvent incontrôlable. En 1991, il accorde une interview à un journaliste du New Musical Express, rencontre dont on se souviendra comme “l’incident du 4 Real.” Alors que les deux hommes dialoguent depuis près d’une heure, le journaliste interroge Richey Edwards à propos de l’authenticité des revendications politiques du groupe et la part de calcul dans leurs scandales de rockeurs désabusés. Mais le musicien reçoit la question comme une gifle en plein visage. Lui qui défend sincèrement ses positions depuis le début de l’entretien serait en vérité un charlatan ? Pour marquer le coup, Richey Edwards sort une lame de sa poche et inscrit alors “4 Real” (“For real” soit “Pour de vrai”) dans la propre chair de son bras gauche. Bilan de l’interview: 17 points de sutures. Quelques années plus tard, en février 1995, il s’enfuit de sa chambre d’hôtel et disparait dans la nature. Si la thèse du suicide est rapidement avancée, le mystère ne sera jamais résolu…
3. La légende Nick Cave détruit les Red Hot Chili Peppers
Avec son visage anguleux et ses cheveux plaqués en arrière, Nick Cave ne manque pas de charisme. Dans Les ailes du désir (1987), le cinéaste Wim Wenders incarne d’ailleurs à travers lui sa passion pour le rock. Au détour d’une rue, les anges du film passent devant des affiches de concert, jusqu’au moment de grâce où Nick Cave and The Bad Seeds, groupe alors méconnu, surgit sur scène. La rock star australienne est désormais devenue une légende respectée voire admirée par ses pairs. Parmi ses adorateurs, Flea, le bassiste du groupe de funk rock californien Red Hot Chili Pepper… que Nick Cave n’a pas manqué de se payer il y a quelques années comme le relate The Guardian, en 2006, dans une critique de Stadium Arcadium, album des Red Hot Chili Peppers : “À chaque fois que j’écoute la radio et que je me dis ‘Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ?’, la réponse est toujours la même: les Red Hot Chili Peppers.” Si la sortie de Nick Cave enchante ses adorateurs qui saluent son cynisme, Flea coupera court à toute polémique : “Je me fiche que Nick Cave déteste mon groupe, sa musique est tout pour moi. Il reste et restera le meilleur musicien de tous les temps.”
4. Keith Richards déclare la guerre à Elton John
La guerre entre Elton John et le guitariste emblématique des Rolling Stones commence véritablement en 1997, quelques mois après la disparition tragique de Diana Spencer. Le titre Candle in the Wind, reprise du titre éponyme enregistré par Elton John en 1973, rend hommage à la princesse et s’écoule à près de 685 000 exemplaires en une seule journée… Lors d’une interview, Keith Richards, connu pour son franc parler et ses attaques récurrentes envers les autres artistes, s’en prend violemment au Rocket Man : “Elton John est une vieille garce dont l’écriture se limite à des chansons sur des blondes mortes…” Mais la star de la pop répond peu de temps après par média interposé. Dans une interview accordée au New York Daily News, il revient justement sur les propos du guitariste des Rolling Stones : “Contrairement à Keith Richards, je suis content d’avoir arrêté la drogue et l’alcool. Le pauvre, il est pathétique. On dirait un vieux singe souffrant d’arthrite qui essaie de monter sur scène et d’avoir l’air jeune. J’ai beaucoup de respect pour les Stones, mais ils auraient été encore meilleurs s’ils avaient jeté Keith il y a 15 ans… C’est juste un connard mais tout le monde le sait depuis longtemps.”
5. Joeystarr explose en pleine interview pour France 2
La scène se déroule dans un bar. Les rappeurs Kool Shen et JoeyStarr défendent le nouveau projet de NTM face à des journalistes de la chaîne France 2. Un entretien supposément “cool et naturel” qui dérape malheureusement au bout de quelques minutes… les questions des journalistes agacent Joeystarr qui se lève et s’avance vers les trois journalistes de façon intimidante : “Les gens veulent savoir si on a encore la pêche et si le concert va-être bien. Est-ce qu’on a de l’argent, est-ce qu’on a la grosse tête ? Excuse-moi mais je n’ai pas envie de répondre à tes questions bidon!” L’équipe de France Télévision désamorce et tente de calmer le jeu, reconnaissant que “les questions étaient stupides” et l’interview reprend finalement malgré la grogne. Quelques jours plus tard, un extrait de l’entretien est diffusé à la télévision : on y voit le rappeur apostropher l’un des journalistes en lui intimant l’ordre de se taire tandis qu’une voix-off déclare : “Radical, sulfureux voire agressif, NTM, l’un des groupes phares du rap français l’a toujours été.”