26 juin 2018

Clap Your Hands Say Yeah, promesse d’un rock vertigineux

Groupe à succès des années 2000, Clap Your Hands Say Yeah continue de jouer une pop-rock exigeante. Le dernier album The Tourist (2017) fait gronder les guitares dans une bourrasque rock vertigineuse. Alors que les membres originels du groupe sont partis peu à peu, le leader, Alec Ounsworth, reste fidèle au poste. Rencontre au Festival Les 3 Éléphants, à Laval.

L’aventure commence à New York, en 2004, menée par Alec Ounsworth. Alors que le chanteur joue seul en acoustique et compose des chansons à Philadelphie, il réalise qu’il a besoin de musiciens pour l’aider, et décide de former un groupe à New York avec des amis de la fac.

 

“Clap your hands say yeah”, c’est d’abord un graffiti sur les murs de Brooklyn sur lequel Alec Ounsworth tombe en arrêt. “C’était énorme de passer devant ce graffiti, et ce message optimiste m’a tout de suite inspiré.” Alors qu’Alec Ounsworth pensait changer le nom par la suite, le public lui, l’appréciait tel quel. Depuis, il l’a gardé. Le premier album du même nom, sorti en 2005, est un succès international : le titre The Skin Of My Yellow Country Teeth, petit bijou, enflamme la toile. Mais au terme de plusieurs albums, le groupe s’est peu à peu disloqué. Sean Greenhalgh, Robbie Guertin, Lee Sargent et Tyler Sargent sont partis. Peu importe, l’identité pop-rock est toujours présente. “J’ai toujours eu en tête que les gens qui voulaient jouer ma musique étaient les bienvenus mais qu’ils étaient aussi libres de partir. J’ai toujours tenu à être flexible.” défend l’auteur-compositeur et chanteur du groupe.

Là où d’autres sont tentés, au fil des albums, de produire à la chaîne des titres à succès sans chercher la nouveauté, d’autres, comme Alec Ounsworth, ne cessent d’expérimenter et d’explorer jusqu’au bout leur musique, au risque de déplaire au public. “Il ne faut pas tomber dans le piège de la facilité. D’ailleurs plus on acquiert de l’expérience et plus on a envie de faire différemment.” La question qu’il se pose sans cesse : faut-il jouer pour les autres ou pour soi ? Après son premier album à succès, le public et ses proches attendaient qu’il suive la même direction, alors que lui voulait renouveler sa musique. C’est cet entre-deux qu’il cherche depuis à respecter.

 

L’a-t-il trouvé dans son dernier album The Tourist ? Alec Ounsworth y chante avec ses tripes un rock enivrant. On sent la déception amoureuse dans la ballade psychédélique où la voix d’Alec (mi-parlée mi-chantée) résonne comme un SOS dans The Pilot, le gémissement des guitares électriques dans A Chance to cure, les chœurs dans un tourbillon rock dans The Vanity of Trying ou l’énergie foudroyante des cymbales qui tremblent dans Better Off. Et même si les paroles sont noires, les mélodies restent positives comme dans Down (is where I want to be) où le chanteur exprime son désir de toucher le fond… “Dans mon dernier album, j’ai tendance à parler de choses negatives mais j’essaye de le détourner pour qu’elles ressortent de manière optimiste”.

https://youtu.be/h5CPJjlxBwE

Alors que The Tourist était classé par le magazine the Pitchfork comme le “meilleur album” de Clap Your Hands Say Yeah depuis ses débuts, le prochain sortira en février 2019. Alec, lui, se fiche de la renommée, tant qu’il reste fidèle à sa musique. “Pour moi il n’y a pas de reel échec. Faire un album jusqu’au bout, c’est déjà un succès.” Bien que ce succès ne se hisse pas encore au statut des grandes icônes du rock, sa musique, elle, n’a pas à rougir de cette comparaison. Car entre le timbre de David Bowie, les mélodies planantes de The War on Drugs et les envolées rock de Led Zeppelin, il y a Clap Your Hands say Yeah.