31 mar 2016

Cinq bonnes raisons d’aller voir l’exposition “The Velvet Underground, New York Extravaganza” à la Philharmonie

Après David Bowie, la Philharmonie de Paris s’attaque à un autre mythe du rock en consacrant une exposition aux New-Yorkais du Velvet Underground, protégés d’Andy Warhol et avant-gardistes pluridisciplinaires. Une réussite.

1. Elle fait sortir le Velvet de son statut « underground »

 

Si l’influence du groupe formé par ­­­ Reed et John Cale au milieu des années 60 reste immense sur de nombreux courants comme le punk, la pop indé, le glam-rock et la new wave, leur nom reste moins culte que celui des Beatles ou des Stones. À l’époque, ils ont essuyé plusieurs échecs commerciaux, et n’ont connu le succès qu’après leur séparation. À l’occasion du 50e anniversaire de l’“album à la banane” (enregistré en 1966 et sorti en 1967), cette exposition rappelle combien les chansons art rock-protopunk-expérimentales-psychédéliques du groupe étaient puissantes et majeures, grâce aux vidéos et au son intemporel diffusé tout au long du parcours. 

2. Elle nous replonge dans le New York excitant de l’époque

 

Bouillonnant, fou et créatif, le New York des années 60 a vu naître de nombreux artistes, comme en témoignent les plus belles pages du Just Kids de Patti Smith. En pénétrant dans l’exposition, on est accueilli par un corpus photographique dantesque issu des archives de Fred McDarrah, photographe du Village Voice, qui shoota la vibration de la faune bigarrée du Lower East Side. 

3. Elle nous inspire par son aspect graphique

 

Affiches de concert illustrées, pages de magazine subversives (il est beaucoup question de filles nues et de dope), pochettes de disque, l’esthétique du Velvet Underground fut aussi importante que sa musique. La faute à son producteur-pygmalion, Andy Warhol, qui fut son véritable gourou et lia son histoire à celle de la sémillante Factory. Les murs noirs et la scénographie signée Matali Crasset, ainsi que les néons et les figurines en carton des membres du groupe, mettent bien en valeur l’aura de l’imagerie de la contre-culture propre à ces héros souterrains.

4. Elle dévoile des photos rares

 

Formation éclair (qui a existé entre 1965 et 1970), le Velvet a laissé peu de documents concernant son histoire. Pourtant, New York Extravaganza propose une belle sélection de clichés de Nat Finkelstein, de Billy Name ou de Stephen Shore montrant le groupe en live, dans les coulisses et même dans un van. On admire particulièrement celles des muses de Warhol (Edie Sedgwick, Nico, Candy Darling), qui ressemblent aux mannequins des défilés Saint Laurent par Hedi Slimane

5. Elle permet de comprendre le rayonnement du Velvet

 

L’héritage du Velvet a pénétré tous les arts. Dans la dernière salle, inégale dans ses choix, on trouve ainsi l’installation lumineuse brillante de Joao Louro, I’ll Be Your Mirror, une peinture de Léo Dorfner, des images de Nan Goldin ou d’Antoine d’Agata. Elle nous montre surtout que même si les génies Lou Reed et Nico nous ont quittés, leur univers pop, électrique et noir (qui mettait en lumière les freaks, les travestis et les junkies de New York) n’a jamais été aussi vivant et vivifiant.

 

The Velvet Underground, New York Extravaganza, du 30 mars au 21 août, à la Philharmonie de Paris.

Gerard Malanga, le Velvet Underground et Nico avec Andy Warhol, Hollywood Hills, 1966. Courtesy Galerie Caroline Smulders, Paris.
Gerard Malanga et le Velvet Underground au Castle de Los Angeles,1966.
Vue de l’installation de Jonas Mekas à la Philharmonie.