4 fév 2025

Ce qu’il faut savoir sur Kelela, musicienne géniale adoubée par Solange, Arca et Kaytranada

Deux ans après l’opus Raven que l’on pouvait aisément qualifier de chef-d’œuvre, la chanteuse américaine Kelela dévoile, le 11 février, In The Blue Light, un nouveau disque live enregistré aux côtés du bassiste Daniel Aged, collaborateur de Frank Ocean ou  FKA Twigs.

Frontline (2017), le premier album de Kelela qui annonçait la couleur

2017. Dès que résonne Frontline, ouverture de son premier album, on comprend instantanément à qui on a affaire : la nouvelle sensation du R’n’B, comme la presse anglo-saxonne la présente depuis quelques saisons. Synthétique, sensuelle, sous influence jazzy, hip-hop ou gospel, sa musique est transcendée par un chant ultra soul et des textes sans détour. Mais Kelela n’est pas qu’une voix. Posant nue sur la pochette de Take Me Apart, seulement vêtue de ses longues tresses, la chanteuse assume son sex-appeal et son charisme physique. À l’époque, elle a 34 ans et plus grand-chose ne semble l’intimider.

D’origine éthiopienne, Kelela Mizanekristos a passé une enfance modeste mais heureuse dans une banlieue du Maryland, bercée par les musiques américaines et les fêtes africaines. Aux mariages et multiples célébrations où ses parents l’emmènent, elle chante, danse, fait le clown. Sa mère possède un joli brin de voix, et, sans le savoir, influence Kelela par le charme de ses performances. Chez les Mizanekristos, on écoute avant tout du jazz, Burt Bacharach, Miriam Makeba… Kelela, elle, est comme toutes les petites filles de son âge, fascinée par Janet Jackson et Whitney Houston (qu’elle chante à tue-tête, sur la table, pour toute la famille).

Au lycée, en pleine crise d’adolescence, peinant à trouver sa voie en tant que femme noire, elle découvre le rock, Björk et les Pink Floyd. C’est une révélation – d’abord étouffée par le désir de bien faire. La voici étudiant la sociologie et les relations internationales à l’American University de Washington. Sauf qu’elle ne peut attendre l’obtention du diplôme final pour chanter… Elle plaque tout, direction Los Angeles. (SR)

Kelela en live lors des Tiny Desk Concert.

Une floppée de stars amoureuses de Kelela

Nous sommes en 2010 et L.A. est déjà en train de vivre sa renaissance culturelle. Lassés de la flambée des prix de New York, soucieux d’une meilleure qualité de vie, les musiciens les plus branchés du pays s’y installent les uns après les autres. Tout en vivant laborieusement de petits jobs, Kelela s’y fait des amis. Elle est vite repérée par des labels et croit de plus en plus à sa musique. Mais hors de question pour elle de sortir un disque à la va-vite. Car elle a une obsession : trouver un son singulier, à la fois organique et électro. Cette persévérance lui vaut la solidarité d’autres femmes artistes. 

D’abord, Yukimi Nagano de Little Dragon, qui l’encourage à se lancer pour de bon. En 2014, sa mixtape Cut 4 Me tape dans l’œil de Solange Knowles, qui lui demande de poser sa voix sur son futur best-seller, A Seat at the Table. Romy Madley Croft, des XX, a un coup de cœur pour elle, et lui permet d’assurer les premières parties du groupe londonien. Les hommes aussi craquent : elle pose sa voix sur Submission, l’un des titres du dernier opus de GorillazHumanzDamon Albarn y croit, la presse aussi… 

Take Me Apart se fera cependant attendre plus de deux ans. Normal : si elle s’entoure de pointures telles que Jam City, Arca, Romy Madley Croft et surtout le brillant Ariel Rechtshaid (qui compte AdeleVampire Weekend ou les sœurs HAIM à son tableau de chasse), elle souhaite garder un contrôle total sur les quatorze morceaux de Take Me Apart, dont elle est la productrice exécutive. (SR)

On The Run (2023) de Kelela.

Raven, le véritable chef-d’œuvre de Kelela

Il faudra attendre février 2023 pour découvrir Raven, le chef-d’œuvre de Kelela. Un disque perdu entre dance sensuelle et ambient pointue qui aura droit, un an plus tard, à une réédition. Intitulé RAVE:N, The Remixes, cet opus au titre assez clair met en lumière de nombreux collaborateurs underground de l’artiste, citons pêle-mêle LSDXOXOYaejiShygirl, BAMBIILiv.eAsmara ou encore Mme Carrie Stacks, et vise littéralement les chambres, les voitures et les clubs.

Lorsque le morceau Happy Ending intègre des breakbeats dynamiques, Holier bifurque vers un espace éthéré et minimaliste. À la production, on retrouve Kaytranada sur plusieurs morceaux de ce disque noir – paradoxalement ultra lumineux –, que Kelela résume comme suit : “Ces projets de remixes ne sont pas seulement liés à la joie et à la catharsis que j’éprouve à retourner et à réarranger. Mais aussi à la mise en lumière du travail brillant des artistes qui m’inspirent dans le domaine de la musique de danse.” (AT)

Better extrait d’In the Blue Light (2025) de Kelela.

Que nous réserve In the Blue Light, le nouvel album live de Kelela

Kelela vient d’annoncer la sortie d’un nouveau projet : In The Blue Light. Un disque live de douze morceaux conçu en collaboration avec Daniel Aged, bassiste et compositeurs pour Frank Ocean, Rosalía ou Fka twigs. Disponible le 11 février, cet album a été enregistré au sein du club de jazz new-yorkais The Blue Note, établissement mythique de Greenwich Village fondé en 1981 par Danny Bensusan où le trompettiste Dizzy Gillespie avait d’ailleurs ses habitudes.

Un premier extrait de cet opus,‘Better (unplugged)’, est d’ores et déjà disponible. On comprend dès le titre d’introduction – Enemy, extrait de son opus Cut 4 Me (2013) – , que Kelela propose de nouveaux arrangements de ses compositions. Il s’agit là d’une “lettre d’amour à ses inspirations musicales et à ses fans dévoués.” On y découvre également une réinterprétation du classique culte de Joni Mitchell,‘Furry Sings the Blues’ ou encore une version de Waitin’, extrait de Take Me Apart, marquée par les applaudissements de la foule. (AT)

In the Blue Light, de Kelela, disponible le 11 février.