5 mai 2025

La playlist de Björk : découvrez 27 pépites musicales dénichées par la star islandaise

Invitée par la ligne OTW by Vans à se produire en DJ set à Milan le 8 avril dernier, la musicienne islandaise Björk a proposé un set chaotique, truffé de pépites musicales. Découvrez l’incroyable playlist de la chanteuse.

  • par Alexis Thibault.

  • Publié le 5 mai 2025. Modifié le 7 mai 2025.

    L’improbable DJ set de Björk à Milan pour OTW by Vans

    Le 8 avril dernier, veille de l’ouverture officielle du Salone del Mobile de Milan, la chanteuse et musicienne islandaise Björk s’est muée en passeuse d’ondes lors d’un DJ set orchestré pour l’événement OTW by Vans. Sous les néons tremblants d’un espace brutaliste, elle a proposé un voyage sensoriel d’une intensité foudroyante, en enchaînant des titres pour la plupart méconnus. Plus qu’un simple enchaînement de morceaux, son set devient très vite un manifeste chamanique, traversant les genres, les continents et les époques, sans jamais perdre le fil d’une narration.

    Des percussions tribales déstructurées aux envolées ambient, en passant par des titres électroniques énigmatiques et improbables, Björk a tissé un réseau dense où chaque morceau semblait converser avec le suivant. Ou pas. Ici, pas de tube formaté ni de séduction facile. Le tout formait ainsi un DJ set bordélique offert comme une cartographie de ses obsessions musicales…

    À Milan, avant de laisser sa place au producteur anglais Vegyn, Björk Guðmundsdóttir a confirmé une fois encore son statut d’icône inclassable. Numéro vous révèle 27 pépites dénichées par l’artiste visionnaire.

    Découvrez les 27 pépites musicales issues de la playlist de Björk

    Ludu Parinna – Ataratu (1999).

    Ataratu de Ludu Parinna dans la playlist de Björk

    Au croisement des musiques traditionnelles africaines et d’une electronica rêche, Ataratu (1999) de Ludu Parinna évoque la transe ancestrale à travers des textures saturées et des percussions syncopées. La chanteuse indonésienne y sculpte un son brut où la voix devient incantation. Le morceau illustre une approche DIY radicale, en ligne directe avec les intuitions avant-gardistes de Björk.

    Caïn Muchi – Kol S’bah (2024).

    Kol S’bah de Caïn Muchi

    Entre dub poétique et sonorités orientales déconstruites, Kol s’bah (2024) de Caïn Muchi esquisse un rituel nocturne chargé d’ombres. Né de la rencontre entre Vanda Forte et Sinclair Ringenbach en 2018, à la faculté d’Aix-Marseille, le duo mêle musiques traditionnelles de la région et musiques électroniques, à mi-chemin entre rap et club music.

    Clarissa Connelly – Life of the Forbidden (2024).

    Life of the Forbidden de Clarissa Connelly

    Véritable incantation pop baroque, Life of the Forbidden (2024) dévoile tout le talent de Clarissa Connelly, musicienne écossaise installée au Danemark et héritière moderne des chansons mythologiques nordiques. Porté par une orchestration minimale — harpe, chœurs spectraux, nappes synthétiques —, le morceau déploie une dramaturgie en clair-obscur. Une sorte de réappropriation de la tradition folk.

    The Joy – Bayang’khetela (2019).

    Bayang’khetela de The Joy

    Ce morceau du collectif sud-africain The Joy qui figure dans la playlist de Björk irradie d’une ferveur chorale bouleversante, portée par des harmonies zouloues traditionnelles sur une instrumentation minimale. Le morceau Bayang’khetela (2024) emprunte au maskandi (musique folklorique zouloue, initialement associée aux travailleurs migrants) ses progressions harmoniques typiques tout en intégrant des éléments gospel contemporains.

    A lot of Angels (2024) d’Aslaug Magnusdottir, Mia Ghabarou et Ekki Minna.

    A lot of Angels d’Aslaug Magnusdottir, Mia Ghabarou et Ekki Minna

    Le titre A lot of Angels (2024) convoque des fréquences qui dessinent une ambient organique. Proche du cercle de la compositrice islandaise Ólöf Arnalds, Aslaug Magnusdottir tisse, avec ses collaboratrices, un nuage d’échos mystiques. Ce morceau, proche d’une musique d’ascension, s’accorde évidemment aux explorations post-naturalistes de Björk sur Utopia.

    Clark – Donk Jewel (2024).

    Donk Jewel de Clark

    Le compositeur anglais d’electronica Chris Clark décrit son titre Donk Jewel (2024) – se trouvant dans la playlist de Björk – comme ceci : “Donk Jewel n’est rien de plus qu’un rinse out sur Disklavier [un système de piano automatique Yamaha], mais un rinse out amusant, et j’aime beaucoup les choix de notes. J’aime ce tempo. 147. Pourquoi pas 150 ? Pourquoi pas 145 ? Qui diable le sait ? Moi, certainement pas.

    Arpanet – No Boundary Condition (2016).

    No Boundary Condition d’Arpanet

    Projet satellite de Gerald Donald (moitié de Drexciya, duo américain de techno et electro originaire de Détroit), Arpanet déploie dans No Boundary Condition (2016) une electronica froide, marquée par une esthétique scientifique du son. Composé autour de basses liquides et de séquences arythmiques, le morceau évoque un cosmos en expansion perpétuelle. Fidèle à l’afrofuturisme techno de Detroit, Arpanet invente un espace sans gravité émotionnelle, parfaitement en phase avec les amours de Björk pour les architectures musicales dématérialisées.

    Kizz Daniel – Marhaba (2024).

    Marhaba de Kizz Daniel

    Le chanteur et auteur-compositeur nigérian Kizz Daniel mêle afrobeat et pop contemporaine nigériane. Entre syncopes suaves, motifs de guitare highlife – un genre musical africain ayant émergé dans les années 1900 à Accra, en Côte de l’Or – et autotune mélodique, Kizz Daniel démontre son talent pour construire des hymnes vibrants au groove hédoniste. L’apparition du morceau Marhaba (2024) dans la playlist de Björk témoigne de l’attention portéee par la chanteuse sur les mutations actuelles des musiques populaires africaines, toujours attentives aux hybridations et aux mouvements diasporiques.

    Nídia et Valentina – Mata (2024).

    Mata de Nídia et Valentina

    La chanson Mata (2024) s’inscrit dans la lignée directe du kuduro post-colonial, propulsé par la productrice portugaise Nídia (membre clé du label Príncipe Discos). Le morceau convoque une énergie brute : drums saturés, chants incantatoires et polyrythmies frénétiques. Avec la batteuse, compositrice et multi-instrumentiste Valentina Magaletti, elle insuffle un souffle féministe et radical dans une scène longtemps dominée par des codes masculins.

    Lechuga Zafiro – Botellharpa (2024).

    Botellharpa de Lechuga Zafiro

    Artiste uruguayen aux confins du tribal guarachero et de la musique concrète, Lechuga Zafiro propose, avec Botellharpa (2024), un morceau complexe qui s’appuie sur des éléments folkloriques déconstruits et un usage savant de l’espace stéréophonique. Le DJ et producteur a longtemps été influencé par les tambours de la tradition afro-uruguayenne du candombe, la musique tribale mexicaine et les rythmes angolo-portugais du kuduro.

    Original Koffee – Toast (2018).

    Toast d’Original Koffee

    Pour son DJ set, le choix de Björk s’est porté sur la musicienne, auteure-compositrice-interprète de reggae jamaïcaine Original Koffee alias Koffee qui offre avec Toast (2018) un hymne reggae moderne porté par un riddim minimaliste et des arrangements vocaux d’une pureté désarmante. Cette pièce emblématique du dancehall new roots jamaïcain intègre des harmonies gospel et des syncopes dynamiques héritées du mento.

    SB 1 3 (2024) de Black Fondu.

    SB 1 3 de Black Fondu

    Mystérieux et hypnotique, SB 1 3, titre génial de l’artiste né au Ghana et basé à Londres Black Fondu, propose une odyssée de basses viscérales et de pulsations fragmentées. Porté par une esthétique glitch teintée d’une noirceur presque industrielle, le titre a séduit Björk parce qu’il développe une approche du rythme fracturé qui évoque certaines expérimentations IDM de la fin des années 1990.

    Mdou Moctar – Imajighen (2024).

    Imajighen de Mdou Moctar

    Chanteur et guitariste touareg. basé à Agadez, au Niger, Mdou Moctar fusionne les structures pentatoniques traditionnelles du blues saharien avec une énergie rock brute. Sa guitare saturée, aux ornements mélodiques quasi incantatoires, dialogue sur le morcau Imajighen (2024) avec des lignes de basse effilées.

    Oklou – Fall (A. G. Cook Remix) (2021).

    Fall d’Oklou, remixé ar A. G. Cook

    A.G. Cook, chef de file du label PC Music, repense le titre Fall de la productrice française Oklou en dilatant ses textures ambient et en exacerbant sa charge émotionnelle. Synthés flous, basses profondes et glitchs à la pelle… Björk valide le genre musical hyperpop.

    Eartheater featuring Shygirl – Dolphin (2025).

    Dolphin d’Eartheater et Shygirl

    Fruit de la collaboration entre Eartheater et Shygirl, le morceau Dolphin (2025), qui figure dans la playlist de Björk, présente une base ambient déglinguée par des basses liquides. Les voix se fondent en un murmure aquatique, charriant autant de sensualité que de mélancolie… Une hybridation post-genres chère à Björk, sorte de chant fluide perdu quelque part entre l’hyperpop et le R’n’B onirique. (2025)

    Mais aussi…

    Microcosmic de 33EMYBW
    Persian Funk de Détruit
    Growing de Saliva-D
    Scratchin de De SCHUURMAN
    INUMBER Number d’Omagoqa & DBN Gogo
    Everybody Worldwide de Two Shell
    Resonance Riot de HHY & The Kampala Unit
    Essente! d’Aya
    Jealous Kids de Mutsumi
    Pump That Puy de The Original Gabber
    Trance Adiluhunxxx de Gabber Modus Operandi
    Mind Onsen de WaqWaq Kingdom