5 avr 2024

Avant Beyoncé, Solange s’emparait déjà de l’esthétique cow-girl

Cowboys, chorégraphie de groupe et bottes montantes en cobra… Dans le court-métrage When I Get Home (2019) qui accompagnait l’album du même nom, la chanteuse américaine avant-gardiste Solange s’intéressait à la culture western, avant que sa sœur Beyoncé ne sorte le flamboyant Cowboy Carter.

When I Get Home de Solange : une célébration de l’esthétique western

 

Habillée d’une pluie de strass, la chanteuse afro-américaine Solange ondule langoureusement. Quelques secondes après, un chapeau à larges bords vissé sur la tête, elle est rejointe par une vingtaine de danseurs en costume noir et déclenche d’un claquement de talon une chorégraphie minimaliste. Suivis par un enchaînement de plans lents et édulcorés, plusieurs cow-boys des temps modernes arpentent sur leurs montures une ville du sud de l’Amérique presque déserte – une sorte de Houston fantasmé, ville du Texas dont est originaire la fratrie Knowles. Un changement d’ambiance s’opère alors. 

 

Nous voici désormais au cœur d’une station de contrôle, où une multitude de boutons de couleurs clignotent alors que la voix envoûtante de Solange profère “I can’t be a singular expression of my self ” (“Je ne peux pas être une unique expression de moi-même”). Derrière de gigantesques lunettes de protection transparentes, parée de créoles du diamètre d’un melon et un micro-maillot de bain en aluminium sur le dos, une réparatrice spatiale des plus sexy embarque sa machine le long d’un étrange tarmac. Des petits films en basse définition pris par Solange en selfie mêlés à des extraits de vidéos Internet quelconques signent la singularité de ce court-métrage.

 

Véritable hommage à la ville qui a vu naître Solange, le court-métrage When I Get Home – disponible sur Apple Music depuis 2019 a été dirigé par la chanteuse elle-même à l’aide du réalisateur Terence Nance et des clippeurs Ray Tintori et Alan Ferguson.

 

Entre la performance, la danse, la photographie de mode et les zappings Youtube, ce court-métrage, montré dans des musées, a accompagné, en 2019, la sortie de l’album du même nom de Solange. Durant 33 minutes, la vidéo met en images chacun des 19 titres soul, électro, hip-hop et jazz du quatrième album de la chanteuse.

Avant Beyoncé, Solange rendait hommage à ses racines texanes 

 

Des ranchs aux voitures DeLorean à portes-papillons, en passant par les lassos en agitation, la soul girl réunit dans la vidéo When I Get Home tous les fragments de ce qui lui rappelle “la maison”. Que ce soit la sculpture intitulée Boundless Body (2019) qui ressemble à une arène de rodéo installée dans le désert de Marfa (au Texas), le chapeau de cow-boy ou les santiags de la chanteuse, tout pourrait aujourd’hui coller avec l’esthétique de Beyoncé pour la promotion de son tout nouvel album, Cowboy Carter… qui célèbre la country et le rock sudiste. 

 

Au moment de la promotion de son court-métrage, en 2019, Solange expliquait, lors d’une interview pour Apple Music pourquoi elle avait fait appel aux cow-boys noirs que l’on aperçoit, à cheval, dans le film When I Get Home : « Je ne sais pas qui est John Wayne, je ne sais pas quelle est son histoire ». Elle ajoutait :  » J’ai su il y a à peu près un an que qu’il serait très important pour moi de raconter une histoire sur des cowboys noirs. Je me sens privilégiée de les rencontrer, de raconter leurs histoires, ainsi que de les voir prier avant d’entrer dans l’arène et de voir ce dont ils sont capables avec leurs corps, au service de l’entertainment. » 

 

Des mots qui font écho aux paroles des chansons de Cowboy Carter, et à la volonté de Beyoncé d’inscrire les Afro-Américains au premier plan dans l’imaginaire de la musique country.

Comme Solange, Beyoncé revisite avec son huitième album ses racines et ses souvenirs d’enfance. C’est ce qu’indique le communiqué de presse qui accompagne Cowboy Carter : « L’album est une multitude de sons que Beyoncé aime et avec lesquels elle a grandi, entre les visites puis les performances à l’arène de la Houston Rodeo – la country, le R’n’B original, le blues, le zydeco et la musique folk noire. » Véritable retour aux sources et aux sons analogiques, le disque permet d’entendre des instruments comme l’accordéon, l’harmonica, le ukulélé, la mandoline, le banjo mais aussi « des claps, des pas de chevaux, des coups de pied sur les planchers en bois brut et oui, ce sont bien les ongles de Beyoncé utilisés comme percussion. »

 

Beyoncé explique, toujours dans le communiqué : « J’ai gardé certaines chansons très brutes et j’ai plongé dans le folk. Tous les sons étaient si organiques et humains, des choses de tous les jours comme le vent, des claquements de doigts et même le son des oiseaux et des poules, les sons de la nature. » Un geste qui, en pleine hégémonie des sons ultra trafiqués, s’avère aussi réjouissant que salvateur. Surtout de la part d’une superstar de la musique.

 

When I Get Home (2019) de Solange, disponible sur Apple Music.

Solange – When I Get Home (2019).