Alice et moi, rencontre avec le phénomène pop à la voix d’ange
À première vue, Alice et moi, ce sont des paroles gentillettes, des refrains faciles et une voix d’ange… Pourtant, son tout premier album, Drama (2021), produit par nk.f – le producteur des plus grands noms du rap, entre Booba et PNL – pourrait bien être l’ultime étape qui hissera la chanteuse de 27 ans au rang de phénomène pop.
Par Alice Pouhier.
“Quand j’avais 8 ans, j’ai découvert Vanessa Paradis, et j’ai adoré.” Si Alice partage la même voix claire, fluette, presque enfantine avec l’interprète de Joe le Taxi, les paroles de ses chansons s’inspirent des tourments de l’âge adulte. Dans Drama, son tout premier album – dont la sortie est prévue le 21 mai prochain –, elle raconte, à coups de refrains entêtants et de couplets tantôt candides tantôt explicites, les émois de la maturité. “Dans Drama, j’ai voulu explorer l’intensité des émotions, qu’elles proviennent de la sensualité, de l’obsession, du fantasme ou de l’angoisse, explique-t-elle. Depuis l’enfance, je vis tout dans les extrêmes, et j’ai voulu explorer les deux pôles, qu’ils soient positifs ou négatifs.” Cette polarité, si elle est musicale, est aussi intrinsèque à son identité en tant qu’artiste. Son nom de scène, “Alice et moi”, fait référence à sa dualité intérieure entre introversion et extraversion, entre rêverie et impulsivité. “En moi, il y a deux Alice. Il y’a une première Alice, introvertie, un peu timide, très imaginative. Et une autre Alice, qui fonce sans réfléchir, qui a envie d’avancer dans la vie. Je pense que quand j’ai commencé à faire de la musique, elle a pris l’Alice timide par la main, et l’a aidée à surmonter ses peurs.”
Dans la tête d’Alice, Alice la timide a longtemps éclipsé Alice la fougueuse. Née à Paris en 1993, Alice Vannoorenberghe – de son vrai nom – est une élève studieuse. Après avoir suivi une prépa littéraire, elle intègre un master en journalisme à Sciences Po. Mais la musique l’obsède, et elle se donne un an, après avoir obtenu son diplôme, pour tenter sa chance dans le paysage musical francophone. “Quand j’étais petite, j’ai grandi au son de la pop avec les Beatles, mais aussi avec du punk comme les Sex Pistols. Plus tard, j’ai découvert Odezenne, Flume… puis le rap, avec Lomepal, dont le premier album m’a vraiment touchée, et Damso, qui arrive à raconter un ressenti profond avec des mots parfois très crus.” Alice est déjà deux, alors elle se démultiplie davantage, et en plus de son rôle d’auteure-compositrice-interprète, elle se met à produire et crée son propre label, L’Œil dans la Paume. S’en suit une série d’EP électro-pop acidulés romantiques et mélancoliques… puis Drama, où la chanteuse de 27 ans explore davantage sa sensualité, et se veut plus provocante. Dans son titre Je suis Fan, une ode décomplexée à l’obsession malsaine que l’on voue à un objet de désir, Alice devient Alice la “stalkeuse.” “Aujourd’hui avec les réseaux, on peut presque tout savoir d’une personne. Ce phénomène peut faire basculer quelqu’un de sain dans un état de folie, et ça m’intéressait beaucoup. J’assume de devenir la stalkeuse dans le clip,” explique la musicienne.
Son aventure musicale autant que personnelle se résume en un mot : l’excès. À cette (hyper)sensibilité qui est la sienne, Alice et moi associe un sentiment universel : “Je suis profondément certaine qu’on a tous quelque chose de drama en nous, dit-elle. C’est ce qui fait qu’on est humains. On déborde d’intensité, et c’est beau, il ne faut pas en avoir honte.” Pour parler de ce trop-plein d’émotions, Alice et moi sera l’hôte d’un podcast où elle évoquera le « drama » sous toutes ces formes, suivant les traces du chanteur Eddy de Pretto, qui lui aussi s’était dévoilé derrière le micro après la sortie de son album.
Drama (2021) de Alice et moi, disponible à partir du 21 mai.