22 mai 2023

Julia de Nunez nous dit tout sur la série Bardot, diffusée sur Netflix

Pour son tout premier rôle en tant qu’actrice, la comédienne française Julia de Nunez, 23 ans, s’attaque au personnage mythique de Brigitte Bardot dans la série de fiction Bardot, retraçant ses jeunes années et ses premiers succès au cinéma. Alors que la série, au préalable diffusée sur France 2, sera disponible le 23 août sur Netflix, rencontre avec la brillante révélation.

propos recueillis par Nathan Merchadier.

Julia de Nunez dans la série Bardot (2023) © Caroline Dubois – FTV – Federation

Interview de Julia de Nunez, la Brigitte Bardot de la série Bardot diffusée sur France 2 et Netflix

 

Numéro :  Jouer une icône pour votre premier rôle, n’est-ce pas trop intimidant ?

Julia de Nunez : Ce qui était très intimidant, c’était d’avoir un premier rôle et de jouer pour la première fois à la télévision. C’est maintenant que je me rends compte de l’enjeu et de ce que le rôle représentait. Je savais évidemment qui était Brigitte Bardot, mais je ne réalisais pas bien tout ce qu’elle représentait et à quel point elle appartenait, d’une certaine manière, au grand public. C’est après coup, après l’avoir interprétée, que je suis consciente de tout cela. Et d’ailleurs, heureusement, parce que sans cela, je pense que l’interpréter n’aurait pas été possible. Rentrer dans son intimité et l’incarner aurait été beaucoup trop écrasant. Quand j’ai commencé à devenir une jeune fille, on me disait souvent que je ressemblais à Brigitte Bardot. Mes amis, ma famille et même des gens que je ne connaissais pas. Mais c’était surtout quand j’étais plus jeune, à l’âge de 17 ou 18 ans, maintenant, plus du tout. C’est drôle.

 

Quel a été votre parcours avant de début dans la série Bardot ?

J’avais 20 ans quand j’ai décroché le casting et je venais d’avoir mon bac. Plus jeune, j’avais déjà fait du théâtre, au collège, puis au conservatoire municipal. Il y avait des heures de cours le soir, donc j’en ai toujours plus ou moins fait. Par la suite, je me suis inscrite aux cours de l’école d’art dramatique Périmony à Paris. C’était ma première année et il n’était pas du tout question que je passe des castings. Je n’avais même pas d’agent. Un jour, une amie m’a envoyé une annonce de casting pour la série Bardot. Je me suis dit que c’était un très beau rôle et qu’il fallait que j’y réponde.

 

Comment se prépare-t-on à un tel rôle sans avoir rencontré Brigitte Bardot ?

Je pense qu’évidemment, cela aurait été intéressant de pouvoir la rencontrer. Mais au sujet de la série Bardot, les réalisateurs et l’équipe de tournage ne parlent pas de biopic, mais bien d’une fiction. J’ai étudié de manière pointilleuse le scénario et ce qui s’y passait, la psychologie du personnage. Même si on parle de faits réels, c’est moi en tant que comédienne qui allait devoir créer toutes ses émotions. Dans la série, on a essayé de créer ce parallèle entre elle et moi, à travers les costumes, le maquillage, le décor … Une gestuelle qui, je l’avoue, n’était pas tout le temps la mienne, une manière de parler qui ne me ressemblait pas tellement dans la vraie vie. 

Julia de Nunez dans la série Bardot (2023) © Caroline Dubois – FTV – Federation

« On ne me reconnaît toujours pas dans la rue. » Julia de Nunez

 

J’ai lu qu’au moment de passer le casting pour la série, vous pensiez qu’il ne s’agissait que d’un court métrage. Comment vivez-vous aujourd’hui l’engouement autour du programme ? 

Je ne sens pas vraiment cet engouement. Je ne regarde pas les réseaux et c’est d’ailleurs assez agréable. J’ai crée Instagram seulement quand j’ai su que j’étais prise pour la série. J’ai reçu pas mal de messages bienveillants de gens qui ont apprécié mon travail et qui en parlent en bien. J’avoue que je ne regarde pas vraiment les critiques sur Twitter et généralement, il n’y a rien de très fondé, de très constructif… Au contraire, la critique de la presse, je la lis, qu’elle soit bonne ou pas. Mais sinon, je ne sens pas qu’il y ait un changement. On ne me reconnaît toujours pas dans la rue (rires). 

 

Avez-vous des points communs avec Brigitte Bardot ?

Oui, je dois en avoir. Je pense que ça doit être l’une des raisons qui me dépassent un peu. Je pense que si Danièle et Christopher Thomson m’ont choisie pour l’incarner, c’est parce qu’ils ont trouvé des similitudes que je n’avais pas forcément étudiées. C’est pour cela que les gens qui regardent la série me disent souvent “on a l’impression que c’est ni elle ni toi”. C’est une sorte de pont que l’on a créé entre elle et moi, avec des choses que j’ai créées.

 

Au moment où on vous a proposé le rôle, est-ce que le fait que le personnage de Brigitte Bardot soit un personnage controversé a pesé dans la balance pour vous ?

Dans la série, on parle des années 1950 et de Brigitte Bardot lorsqu’elle avait entre 15 et 26 ans. On ne parle pas du tout d’elle aujourd’hui. Le sujet était aussi d’étudier ce que représentait cette femme et ce qu’elle a apporté dans ces années-là. C’est surtout cela qui m’a intéressée et que j’ai trouvé fascinant. Je pense que pour notre génération, c’est important que les gens soient au courant de l’impact qu’elle a eu dans l’évolution de l’histoire des femmes.

Julia de Nunez dans la série Bardot (2023) © Caroline Dubois – FTV – Federation

Dans les premiers épisodes de la série, vous interprétez Brigitte Bardot à l’âge de 15 ans. Quelle adolescente étiez-vous ? 

Je n’étais pas du tout une élève scolaire. J’étais très mauvaise à l’école. On me menaçait souvent de redoubler. Je pensais même que je n’allais pas avoir mon bac. Finalement, c’est peut être grâce aux langues, parce que je suis bilingue que je l’ai eu et que ça m’a sauvée. J’aimais beaucoup m’amuser quand j’étais ado, avoir plein de potes, faire la fête. J’ai toujours aimé aller au cinéma, depuis toute petite. J’écoutais aussi beaucoup de musique. Je pense que quand tu es comédienne, tu as un rapport aux autres qui est assez fort parce que tu t’en inspires énormément … J’ai toujours été très engagée dans mes relations et un peu partout d’ailleurs.

 

Comment c’était de donner la réplique à des acteurs déjà confirmés (Yvan Attal) mais aussi de plus jeunes talents (Victor Belmondo, Oscar Lesage, Noham Edje) ?

C’est super parce que c’est aussi l’histoire de deux générations qui s’entremêlent. J’ai l’impression que l’une apporte à l’autre ce qu’elle n’a plus : la jeunesse ou la sagesse. Dans les deux sens, on s’apporte mutuellement quelque chose. C’était passionnant parce que la manière de s’adresser à une personne plus âgée n’est pas la même qu’avec quelqu’un de notre âge. Même en dehors du plateau, notre forme de communication changeait selon la nature de nos relations. 

 

Y-a-t-il eu des scènes compliquées à tourner ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les scènes où il y a beaucoup d’émotions et des enjeux très forts ne sont pas les plus difficiles à tourner. Évidemment, si tu ne trouves pas le bon ancrage, ces scènes vont être compliquées. Mais bizarrement, je dirais que ce sont plutôt des scènes où il n’y a pas trop d’intention à mettre qui sont dures à tourner.

Julia de Nunez dans la série Bardot (2023) © Caroline Dubois – FTV – Federation

« Pour incarner Brigitte Bardot, il y avait énormément de looks. Je devais parfois me changer trois fois par jour. » Julia de Nunez

 

Quel est votre film préféré de Brigitte Bardot ?

La Vérité de Henri-Georges Clouzot. C’est vraiment le film que j’avais vu en étant petite et qui m’avait vachement marquée. Je pense même qu’il m’a donné envie de devenir comédienne.

 

Y-a-t-il un look que vous aimez particulièrement de Brigitte Bardot ?

Je n’ai pas eu le choix de pouvoir reproduire certains de ses looks car on avait une costumière qui décidait des tenues. Il y en avait énormément, car je devais parfois me changer trois fois par jour. Sur le tournage, un des looks que j’ai beaucoup aimés, c’est dans le sixième épisode, au moment où je rencontre Sami Frey, je porte une sorte de manteau en cuir noir avec un look full black.

 

Après avoir interprété Brigitte Bardot, vers quel genre de rôles souhaitez-vous vous diriger ?

J’aime beaucoup les actrices comme Cate Blanchett. Un peu comme le personnage central du film Une femme sous influence de John Cassavetes avec Gena Rowlands. Ce sont des rôles de femmes d’un certain âge, un peu déséquilibrées qui perdent pied par rapport à la réalité. J’aimerais me diriger vers ce genre de personnages. Pour l’instant, j’ai repris mes cours de théâtre et j’ai pas mal d’auditions. J’aimerais vraiment faire du théâtre. Je pense que l’année prochaine, je vais préparer les concours d’entrée de conservatoires. Je ne sais pas du tout quelle sera la suite côté cinéma, et s’il y en aura une … Même si j’ai beaucoup aimé cette expérience à la télévision et qu’elle m’a beaucoup apporté, le théâtre est un véritable spectacle vivant et en tant que comédienne, c’est ce qui me plaît le plus. J’aime ce côté éphémère, l’esprit de troupe. Et puis ce qui fait un peu défaut au cinéma, c’est qu’il y a beaucoup de moments d’attente. On ne tourne pas tellement et les prises durent souvent entre 4 et 6 minutes. Au théâtre, tu fais des heures et des heures de répétition. Tu es dans la recherche sans arrêt. C’est génial pour un comédien, c’est aussi un travail avec le corps, un peu à la manière d’un artisan. J’aime être dans cette recherche-là. 

 

La série Bardot (2023) de Christopher et Danièle Thompson avec Julia de Nunez et Victor Belmondo, diffusée sur France 2 et France TV jusqu’au 18 août 2023, et sur Netflix, à partir du 23 août 2023.