20 nov 2020

From a joke to full-on terrorism, the grotesque beginnings of the Ku Klux Klan

Alors qu’un documentaire de David Korn-Brzoza retrace l’histoire méconnue du Ku Klux Klan sur Arte, retour sur les débuts aussi grotesques que violents du groupe suprémaciste blanc, dont les démons racistes hantent toujours les États-Unis. 

https://youtu.be/4pFlVPb500I
https://youtu.be/4pFlVPb500I

En 1865, la guerre civile américaine se solde sur une victoire des troupes du Nord et ouvre la voie à l’abolition de l’esclavage. Le 18 décembre, le 13ème amendement à la Constitution des États-Unis entre en vigueur et libère, en droit, 4 millions d’esclaves noirs américains de la servitude. Dans les États du Sud, traumatisés par la défaite et largement opposés à ces nouvelles lois, de nombreux citoyens tentent de faire perdurer le suprémacisme blanc par tous les moyens. 

 

Dans la petite ville de Pulaski au cœur du Tennessee, une poignée d’anciens combattants fondent une société secrète pour évoquer les souvenirs des batailles passées et le bon vieux temps du sud esclavagiste. Orgueilleux d’avoir étudié les langues anciennes à l’université, ils lui donnent le nom de Ku Klux Klan en référence au terme “Kuklos”, qui signifie “le cercle” en grec. “C’était juste une bande de types qui cherchaient un prétexte pour se retrouver, boire une bière et s’entraider” explique un ancien membre du Klan dans le documentaire Ku Klux Klan, une histoire américaine (2019) de David Korn-Brzoza. 

 

L’histoire du Ku Klux Klan commence donc comme une mauvaise farce. De jeunes américains passionnés par la mythologie qui se rêvent en une confrérie de chevaliers des temps modernes, pieux défenseurs de la mémoire nauséabonde de l’esclavage. Lors de virées nocturnes, ils se déguisent en toutes sorte de monstres – le costume de draps blancs viendra plus tard – pour terroriser la population afro-américaine qu’ils pensent particulièrement superstitieuse. Ivres, ils poussent des cris d’animaux, prennent des voix effrontément graves ou singent l’accent allemand. À de nombreux égards, les membres originels sont tout aussi ridicules que ceux donnés à voir dans la comédie O’Brother (2000) des frères Coen, où Georges Clooney et sa bande d’anciens détenus en cavale se retrouvent coincés dans une cérémonie du Ku Klux Klan qui ressemble plus à un spectacle musical de Broadway joué par des pieds nickelés qu’à une réunion terroriste. 

En 1865, la guerre civile américaine se solde sur une victoire des troupes du Nord et ouvre la voie à l’abolition de l’esclavage. Le 18 décembre, le 13ème amendement à la Constitution des États-Unis entre en vigueur et libère, en droit, 4 millions d’esclaves noirs américains de la servitude. Dans les États du Sud, traumatisés par la défaite et largement opposés à ces nouvelles lois, de nombreux citoyens tentent de faire perdurer le suprémacisme blanc par tous les moyens. 

 

Dans la petite ville de Pulaski au cœur du Tennessee, une poignée d’anciens combattants fondent une société secrète pour évoquer les souvenirs des batailles passées et le bon vieux temps du sud esclavagiste. Orgueilleux d’avoir étudié les langues anciennes à l’université, ils lui donnent le nom de Ku Klux Klan en référence au terme “Kuklos”, qui signifie “le cercle” en grec. “C’était juste une bande de types qui cherchaient un prétexte pour se retrouver, boire une bière et s’entraider” explique un ancien membre du Klan dans le documentaire Ku Klux Klan, une histoire américaine (2019) de David Korn-Brzoza. 

 

L’histoire du Ku Klux Klan commence donc comme une mauvaise farce. De jeunes américains passionnés par la mythologie qui se rêvent en une confrérie de chevaliers des temps modernes, pieux défenseurs de la mémoire nauséabonde de l’esclavage. Lors de virées nocturnes, ils se déguisent en toutes sorte de monstres – le costume de draps blancs viendra plus tard – pour terroriser la population afro-américaine qu’ils pensent particulièrement superstitieuse. Ivres, ils poussent des cris d’animaux, prennent des voix effrontément graves ou singent l’accent allemand. À de nombreux égards, les membres originels sont tout aussi ridicules que ceux donnés à voir dans la comédie O’Brother (2000) des frères Coen, où Georges Clooney et sa bande d’anciens détenus en cavale se retrouvent coincés dans une cérémonie du Ku Klux Klan qui ressemble plus à un spectacle musical de Broadway joué par des pieds nickelés qu’à une réunion terroriste. 

https://youtu.be/8N8rL8eGC_Q
https://youtu.be/8N8rL8eGC_Q

Mais qu’on ne s’y méprenne pas, tout aussi grotesque qu’il puisse se montrer, le Ku Klux Klan renferme dès ses débuts un déferlement de violence raciste qui ne tarde pas à pointer le bout de son nez. À l’approche des élections américaines de 1868, les provocations à l’égard de la population noire se multiplient. Le Ku Klux Klan s’organise en une multitude d’organisations paramilitaires, bloque l’entrée des bureaux de vote et assassine sauvagement certains opposants pour dissuader le reste de la population afro-américaine de voter. En seulement quatre semaines, ces milices de suprémacistes blancs commettent plus de mille meurtres dans le Sud des États-Unis, allant même jusqu’à brûler les bureaux des shérifs et les tribunaux qui se mettent en travers de leur chemin. 

 

Lorsque le gouvernement de Washington dissout une première fois le Ku Klux Klan quatre ans plus tard, ses membres et ses alliés sont à la tête de nombreuses institutions et n’ont plus vraiment besoin de commettre des attentats. Sous l’égide des lois Jim Crow qui restreignent l’accès des populations noires aux écoles, aux transports en commun, aux restaurants, aux salles de concert et même aux toilettes, une ségrégation impitoyable succède à l’esclavage dans les États du Sud. Elle durera près d’un siècle.

 

Le Ku Klux Klan se réformera dès 1915, remis au goût du jour par l’immense succès du film Naissance d’une nation de David W. Griffith, dans une Amérique où des millions d’européens commencent à affluer. La haine est désormais élargie aux immigrants, aux juifs, aux catholiques, aux communistes et continue aujourd’hui d’inspirer les suprémacistes blancs qui, revigorés par l’élection de Donald Trump en 2016, continuent de hanter les États-Unis.

 

“Ku Klux Klan, une histoire américaine” (2019) de David Korn-Brzoza, disponible sur Arte.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas, tout aussi grotesque qu’il puisse se montrer, le Ku Klux Klan renferme dès ses débuts un déferlement de violence raciste qui ne tarde pas à pointer le bout de son nez. À l’approche des élections américaines de 1868, les provocations à l’égard de la population noire se multiplient. Le Ku Klux Klan s’organise en une multitude d’organisations paramilitaires, bloque l’entrée des bureaux de vote et assassine sauvagement certains opposants pour dissuader le reste de la population afro-américaine de voter. En seulement quatre semaines, ces milices de suprémacistes blancs commettent plus de mille meurtres dans le Sud des États-Unis, allant même jusqu’à brûler les bureaux des shérifs et les tribunaux qui se mettent en travers de leur chemin. 

 

Lorsque le gouvernement de Washington dissout une première fois le Ku Klux Klan quatre ans plus tard, ses membres et ses alliés sont à la tête de nombreuses institutions et n’ont plus vraiment besoin de commettre des attentats. Sous l’égide des lois Jim Crow qui restreignent l’accès des populations noires aux écoles, aux transports en commun, aux restaurants, aux salles de concert et même aux toilettes, une ségrégation impitoyable succède à l’esclavage dans les États du Sud. Elle durera près d’un siècle.

 

Le Ku Klux Klan se réformera dès 1915, remis au goût du jour par l’immense succès du film Naissance d’une nation de David W. Griffith, dans une Amérique où des millions d’européens commencent à affluer. La haine est désormais élargie aux immigrants, aux juifs, aux catholiques, aux communistes et continue aujourd’hui d’inspirer les suprémacistes blancs qui, revigorés par l’élection de Donald Trump en 2016, continuent de hanter les États-Unis.

 

“Ku Klux Klan, une histoire américaine” (2019) de David Korn-Brzoza, disponible sur Arte.