Écoutez un album de Air comme si vous étiez en studio avec le groupe
10 000 Hz Legend (2001) de Air est ressorti vendredi 5 novembre dans un mix opéré grâce à la technologie Dolby Atmos. Développé par Apple Music, ce nouveau mode d’écoute permet d’être immergé à l’intérieur même du son et de l’entendre tourner tout autour de soi.
Par Chloé Sarraméa.
Avec cette innovation toute récente, beaucoup ont l’impression de souffrir d’hallucinations auditives. L’Audio spatial, proposé par Apple depuis juin 2021, fait figure de petite révolution dans l’industrie de la musique. Ce nouveau mode d’écoute donne la sensation, grâce à la technologie Dolby Atmos, d’être immergé à l’intérieur même du son et de l’entendre tourner tout autour de soi. C’est donc ce qui nous est arrivé, lorsque nous étions tranquillement assis dans un studio du 10e arrondissement parisien : une femme semblait nous interpeller, avec un rire grinçant, depuis la porte d’entrée. Mais évidemment, elle n’existait pas. Sa voix est tout droit sortie d’une piste du troisième album du groupe français Air, 10 000 Hz Legend, paru en 2001 et réédité d’abord exclusivement sur Apple Music puis, depuis le 5 novembre, sur toutes les plateformes de streaming – mais uniquement dans une version remasterisée.
C’est exactement à ça que sert l’Audio spatial : en plus de permettre à des artistes de créer de la musique différemment, il sublime des œuvres préexistantes, leur donne une nouvelle dimension et, dans le cas de 10 000 Hz Legend, révèle un aspect inédit d’un album. Bruce Keen, l’ingénieur du son qui avait déjà travaillé sur l’opus en 2001 et a participé à son remastering, le confirme : “Avec ce projet de spatialisation, on a réussi à démultiplier le son de l’orchestre. Quand Jean-Benoit [Dunckel, l’une des moitiés de Air] l’a écouté, il nous a confié qu’il aurait voulu que l’album sorte comme ça.” À l’époque, en effet, le duo a du mal à mixer les instruments, trop nombreux, et a du mal à « les placer dans l’espace”. Il a donc fallu cinq ans aux deux ingés son pour parvenir à sortir le disque grâce à la technologie Dolby Atmos : “On a commencé en 2016 et ça a été compliqué de retrouver le son des pistes d’il y a vingt ans. Parce qu’on n’utilise plus les mêmes machines et parce que dans les années 2000, on écrasait les CD…”, précise Gildas Lointier. Mais le résultat est à la hauteur de l’attente : la batterie de Brian Reitzell – devenu, après l’enregistrement de l’album, music editor, notamment pour Sofia Coppola avec Lost in Translation –surprend par sa façon d’habiter l’album tandis que l’harmonica de Beck résonne comme s’il sortait d’un western de Sergio Leone.
Et si cette réédition est marquante, c’est parce que cet album représente un tournant dans la carrière de Air. À sa sortie, il ancre le groupe dans une veine post rock, presque à contre-courant de l’ambiance planante de l’ultra célèbre BO de Virgin Suicides (2000). Les titres, qui oscillent entre pure électronique (sur le sublime Electronic Performers, en ouverture de l’album), folk (The Vagabond) et pop (Don’t Be Light) embarquent l’auditeur dans le vaisseau qui les approche du son du futur, ce même son qui, vingt ans après, semble toujours appartenir au domaine de la science-fiction.
10 000 Hz Legend (2001) de Air, disponible en version Dolby Atmos sur Apple Music et en Audio spatial grâce à certains équipements.