17 jan 2017

De The XX à Bowie, cinq albums immanquables de ce début d’année

Qui dit nouvelle année dit généralement pluie de nouveautés musicales, entre déceptions et révélations. Numéro révèle son top cinq parmi les sorties qui ont rythmé ce début 2017.

The XX, I see you (Young Turks)

 

Né en 2005 de la rencontre d'Oliver Sim et Romy Madley-Croft à l'Eliott School (où les groupes Hot Chip et Four Tet se sont également formés), le projet The XX a suivi une trajectoire fulgurante jusqu'à la sortie très attendue de I see you. Impossible à anticiper, le succès de leur premier effort auto-produit en 2009 les avait immédiatement propulsés à la première place du top de l'année du Guardian et la seconde du NME, entres autres. Une unanimité qui aurait pourtant été difficile à imaginer pour cette formation minimaliste puisant ces inspirations dans le R'n'B et la pop indé, et qui avait enregistré ces premiers titres de nuit dans un petit garage. Presque sept ans et un disque plus tard, le trio est de retour avec dix titres résolument solaires. Porté par les voix plus mûres et toujours aussi envoûtantes de Romy et Oliver, l'album est grandi par l'utilisation irréprochable des samples par Jamie XX. On respire.

 

I see you de The XX (Young Turks), disponible.

David Bowie, No Plan EP (Columbia)

 

Difficile de se remémorer l'année 2016 sans penser à la disparition de l'immense icône pop David Bowie, laissant derrière lui une impressionnante collection de classiques. Avec le génial Blackstar, l'auteur-compositeur avait dévoilé l'un de ses albums les plus sombres mais également l'un des plus personnels de sa carrière, enregistré avec un groupe de jazz local new-yorkais mené par le saxophoniste Donny McCaslin.The Next day, paru l'année précédente, montrait déjà ce désir de livrer une musique sans artifice, sans se dissimuler derrière un personnage conçu de toutes pièces. Un projet qui en croisait un autre, puisqu'au moment-même où il enregistrait ce qui allait être ce superbe Blackstar, Bowie travaillait également sur un projet de longue date. Une comédie musicale baptisée Lazarus, prévue pour être jouée au Kings Cross Theatre de Londres avec Michael C.Hall dans le rôle principal. Cette idée d'une création originale reprenant son personnage du film L'homme qui venait d'ailleurs trottait dans la tête de l'artiste depuis de nombreuses années. Les quelques titres inédits composés à cette occasion sont présents sur cet EP posthume, comme un ultime rappel de son talent inégalé. 

 

No Plan de David Bowie (Columbia), disponible.

SOHN, Rennen (4AD)

 

Artiste solitaire, SOHN avait sorti en 2014 un album d'électro épurée sur le label 4AD, Tremors. Embarqué ensuite dans une tournée épuisante qui le vide littéralement de ses ressources créatives, Christopher Taylor de son vrai nom avait décidé de s'isoler dans sa maison du nord de la Californie afin de retrouver un nouveau souffle. Pari réussi puisqu'avec Rennen, son nouvel opus, sa musique prend une dimension jouissive et inattendue. Toujours enracinée dans des sonorités électroniques, la soul y a cette fois toute sa place, et en particulier dans la voix du musicien qui est littéralement méconnaissable. L'enchaînement de tubes R'n'B qui n'est pas sans rappeler Banks ou même les superstars de The Weeknd, comme sur le titre Conrad où Taylor révèle des parties de chant intenses dans la lignée directe d'Abel Tesfaye. Mêlés à d'autres morceaux plus minimalistes comme le sublime Signal ou encore Rennen, SOHN semble avoir trouvé l'équilibre parfait.

 

Rennen de SOHN (4AD), disponible.

Bonobo, Migration (Ninja Tune)

 

Loin d'être débutant dans le domaine de la musique électronique, Bonobo célèbre ses quinze ans de carrière avec un sixième album sur le label Ninja Tune. Un long parcours initié en 2000 avec son premier effort remarqué mais encore légèrement bancal, Animal Magic, suivi de plusieurs essais truffés de pépites et de fulgurances. Il lui faut pourtant attendre la sortie de The North Borders en 2013 pour connaître un succès qui dépasse réellement les frontières britanniques et rejoindre le panthéon des artistes électro les plus doués du moment. Cette remarquable ascension continue aujourd'hui avec ce nouvel opus dévoilé au début du mois, qui s'impose aussi accessoirement comme son album le plus abouti et sophistiqué. Simon Green y invoque constamment ses contemporains de Four Tet et Burial, surpassant son essai précédent avec des compositions atmosphériques de haute volée. 

 

Migration de Bonobo (Ninja Tune), disponible.

Foxygen, Hang (Jagjaguwar)

 

Jeune groupe héritier du rock britannique des années 60, Foxygen avait fait des débuts remarqués en 2013 avec un album baptisé We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic. Des compositions pâtinées d’influences allant des Rolling Stones à Lou Reed, toutes personnifiées dans la voix ronronnante de Sam France. L'ensemble aurait pu paraître nostalgique et peu digne d'intérêt sans la production impeccable de Richard Swift, membre du groupe pop The Shins et collaborateur des Black Keys. Après un deuxième essai légèrement bâclé et des annonces confuses de séparation, le groupe fait finalement son grand retour avec ce qu'il considère comme étant son premier véritable effort studio, Hang. Enregistré avec un véritable orchestre, l'album est le fruit d'un long travail de recherche identitaire du groupe qui, aidé de l'auteur-compositeur Matthew E.White aux arrangements, a réellement su trouver un son qui lui est propre. Au final, le LP évite l'écueil de l'hommage appuyé et s'impose comme une compilation de superbes titres.

 

Hang de Foxygen (Jagjaguwar), disponible.

 

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