25 sept 2025

Faut-il voir Une bataille après l’autre, la fresque enragée sur l’Amérique ?

Quatre ans après Licorice Pizza, le cinéaste californien Paul Thomas Anderson revient ce mercredi 24 septembre 2025 avec Une bataille après l’autre, une fresque politique où Leonardo DiCaprio, Sean Penn et Teyana Taylor évoluent au sein d’une Amérique en ruine. Un film politique et engagé, qui pourrait bien se frayer un chemin jusqu’aux Oscars 2026…

  • par Nathan Merchadier.

  • La bande-annonce du film Une bataille après l’autre (2025).

    Le retour du cinéaste culte Paul Thomas Anderson

    Quatre ans après l’excellent Licorice Pizza (2021), le réalisateur américain Paul Thomas Anderson revient avec un nouveau projet : Une bataille après l’autre. À 55 ans, le cinéaste californien adapte le roman de Thomas Pynchon (Inherent Vice, 2014) et situe son récit dans la fin des années 1990, au moment où une utopie révolutionnaire s’éteint. Le pitch ? « Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob vit en marge de la société, avec sa fille Willa, indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…« 

    Dès les premiers instants du film, on suit les actions violentes menées par le groupe armé French 75, destinées à faire régner un climat de justice au sein d’une société fracturée. Tandis que la première partie du film, fougueuse, s’achève sur la chute du collectif, la seconde qui se situe quinze ans plus tard, prend des allures de drame intime. Un père et une fille tentent de survivre au sein d’un pays menacé par la montée des suprémacistes blancs.

    Le portrait d’une amérique au bord du gouffre

    Si Une bataille après l’autre est marqué par des scènes d’action explosives, ce n’est pas pour autant un film d’action au sens strict. C’est avant tout une fresque sur la transmission et les cicatrices de l’engagement politique.

    Avec son mélange d’action et de critique sociale, le film pourrait bien s’imposer comme l’une des grandes surprises de la saison des récompenses. Et si certains redoutaient que l’univers du romancier Thomas Pynchon soit inadaptable, Paul Thomas Anderson prouve qu’il peut transformer la matière la plus insaisissable en un film puissant et profondément ancré dans son époque.

    On aurait donc tort de voir dans ce film un simple blockbuster. Car avec un budget colossal (avoisinant les 150 millions d’euros), le réalisateur orchestre une œuvre furieusement politique. En filigrane, c’est l’Amérique de Donald Trump qu’il désigne, divisée et hantée par ses idéaux racistes.

    Leonardo DiCaprio en route pour les Oscars ?

    Le film brille aussi par ses performances d’acteurs. Sean Penn, imperturbable, y incarne le colonel lockjaw, un militaire réactionnaire qui tombe paradoxalement sous le charme d’une certaine Perfidia Beverly Hills (Teyana Taylor incandescente). Benicio del Toro, qui joue un vétéran fatigué, apporte une gravité supplémentaire au récit en épaulant Bob Ferguson, un ex-révolutionnaire paranoïaque brillamment joué par Leonardo DiCaprio, lorsqu’il se lance à la recherche de sa fille. Un rôle taillé pour les Oscars.

    On est aussi bluffé par la révélation du film, Chase Infiniti. La jeune actrice crève l’écran dans le rôle de Willa, fille rebelle et indépendante. Une ultime preuve du don qu’a Paul Thomas Anderson pour dénicher des talents bruts (à l’instar d’Alana Haim).

    Une bataille après l’autre (2025) de Paul Thomas Anderson, actuellement au cinéma.