Après Anora, 15 films et séries à voir sur le travail du sexe

par Jordan Bako.

De Pretty Woman à Anora, pourquoi le travail du sexe fascine le cinéma ?

On dit de lui que c’est le plus vieux métier du monde. Les représentations du travail du sexe jalonnent tous les horizons de la culture, de la littérature du 19e siècle aux scènes de bordels peintes par Vermeer et Manet. Le cinéma a pris le pas de cette mouvance, s’emparant alors de la thématique de la prostitution pour capturer à la fois le désir et la violence. 

Ainsi le travail du sexe fascine autant qu’il repousse. Les cinéastes posent sur ce champ d’activité des regards tantôt dégradants, tantot sensationnalistes. Mais aussi fascinés. De Catherine Deneuve inoubliable en Belle de jour (1967) aux mèches et regard rebelles de Julia Roberts dans Pretty Woman (1990) : La figure de la travailleuse du sexe permet alors de convoquer un personnage intelligent, à la fois fort et fragile. Un personnage qui est une source de convoîtise mais qui ne cesse d’échapper à ceux qui lui font la cour.

Omni-puissante croqueuse de diamants ou ingénue tombée en déchéance… Le féminin semble être le genre de prédilection pour représenter ce champ d’activité. Et lorsqu’ils existent, les récits conjugués au masculin sur les travailleurs du sexe sont souvent queer, à l’instar du sublime My Own Private Idaho (1991) de Gus Van Sant avec Keanu Reeves et River Phoenix. 

Des films multi-récompensés aux Oscars

Pourquoi le travail du sexe fascine le cinéma ? Une question qui s’impose alors à l’esprit lorsqu’on voit la cascade de longs-métrages mettant en scène les petites mains de ce domaine. L’actrice Sheryl Lee Ralph (Abbott Elementary) fait justement remarquer dans une interview aux Oscars 2025 : “Je l’ai répété encore et encore aux gens… La voie la plus rapide vers un Oscar est soit sur une barre de pole dance ou… Je vous le dis, sex sells baby !”

Jo Van Fleet pour À l’est d’Éden (1955), Elizabeth Taylor pour La Vénus au vison (1960) ou Charlize Theron pour Monster (2003)… Plus d’une dizaine de comédiennes ont ainsi remporté le sésame de la meilleure actrice dans l’histoire de cette grand-messe du cinéma en jouant une travailleuse du sexe.

Dernièrement, ce sont Emma Stone et Mikey Madison qui se voyaient auréolées de l’Oscar de la meilleure actrice pour des rôles liés au travail du sexe. La première gagne le sien pour le Pauvres créatures (2024) de Yórgos Lánthimos dans lequel les scènes de maison close occupent une place plutôt marginale. Mais Mikey Madison, 26 ans, est auréolée de ce prix pour le film Anora. Une fresque orchestrée par l’étoile du cinéma indépendant Sean Baker, qui remporte également les prix du meilleur film et du meilleur réalisateur. 

The Shameless, Les Filles désir… Un thème qui continue de fasciner

Pendant le tournage de ce film, Mikey Madison confie au micro du média américain CBC avoir passé du temps en coulisses à affiner son interprétation. Elle a “lu des mémoires, regardé des documentaires, interviewé des professionnels, visité des clubs de strip-tease” dans l’espoir de rendre justice à son rôle. De quoi espérer une meilleure intégration des travailleurs du sexe au cinéma à l’avenir… 

En attendant, les films sur les travailleurs du sexe ne cessent de fleurir sur le grand écran. The Shameless, Baby, Les Filles désir, Paying for It ou encore Sebastian… Ces longs-métrages font ainsi sensation lors des grands festivals de cinéma international comme lors de rassemblements du septième art indépendant… Retour sur 15 films et séries sur le travail du sexe qui ont retenu notre attention.

Les meilleurs séries et films à voir sur le travail du sexe

• Macadam Cowboy (1969) de John Schlesinger
• Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman
• American Gigolo (1980) de Paul Schrader
• Working Girls (1986) de Lizzie Borden 
• My Own Private Idaho (1991) de Gus Van Sant
• Mysterious Skin (2004) de Gregg Araki
• Jeune et Jolie (2013) de François Ozon
• Tangerine (2015) de Sean Baker
• The Deuce (2019-2019) créée par David Simon et George Pelecanos
• Là où les putains n’existent pas (2018) d’Ovidie
• Zola (2020) de Janicza Bravo
• The Girlfriend Experience (2016-2019) de Lodge Kerrigan, Amy Seimetz et Anja Marquadt
• Les Damnés ne pleurent pas (2022) de Fyzal Boulifa
• Kokomo City (2023) de D. Smith
• The Shameless (2025) de Konstantin Bojanov