Rencontre avec Sofiane Zermani (Fianso), rappeur et acteur magnétique
Rares sont les artistes issus de la musique à briller au cinéma. Mais le rappeur français Sofiane Zermani alias Fianso, 38 ans, a réussi le pari de se montrer aussi talentueux et intense dans les deux domaines. Après une prestation remarquée dans le thriller aquatique Netflix Sous emprise, il est apparu en requin de la finance magnétique et faussement généreux envers une apprentie tradeuse venue de banlieue dans le fascinant film La Vénus d’argent, puis confirme son talent d’acteur avec Barbès, little Algérie, actuellement au cinéma. L’occasion de discuter avec l’acteur des points communs entre le rap et le 7e art, des Affranchis et de sa définition de la réussite.
propos recueillis par Violaine Schütz.
L’interview de Sofiane Zermani alias Fianso, à l’affiche du film Barbès, little Algérie
Numéro : On vous a d’abord connu rappeur. Et rares sont les artistes musique à réussir autant en musique qu’au cinéma. Comment expliquez-vous que vous ayez été accepté tout de suite dans le monde du 7e art ?
Sofiane Zermani : En réalité, la question me flatte. Je pense que le fait d’avoir été sincère et le désir de faire mes preuves en passant par des petits rôles et du théâtre, ont aidé ce métier à m’accepter. Tout n’est qu’envie et rêves dans ma démarche et j’ai simplement pris l’invitation de ce monde très au sérieux.
Quels sont pour vous les points communs et les plus grosses différences entre le monde du rap et celui du cinéma ?
Pour moi, il y a plus de points communs que de différences entre ces deux mondes. Mais si je devais citer une différence, ce serait le prestige que la musique envie au cinéma.
Quels sont vos projets musicaux et cinématographiques ?
J’ai joué dans le film Avant que les flammes ne s’éteignent (de Mehdi Fikri), La Vénus d’argent et Le salaire de la Peur de Julien Leclerc, diffusé sur Netflix. J’ai aussi tourné Barbès, little Algérie d’Hassan Guerrar, actuellement en salle, Tigres & Hyènes de Jeremie Guez pour Prime Video, Les règles de l’art de Dominique Baumard, Reine mère de Manele Labidi et Le roi soleil de Vincent Cardona.
“Pour moi, Il y a plus de points communs que de différences entre le rap et le cinéma.” Sofiane Zermani
Quels sont vos goûts en matière de cinéma ?
Mes films préférés, ce sont Les Affranchis, Arrête-moi si tu peux et Usual Suspects. Mon réalisateur fétiche, c’est Bryan Singer (Usual Suspects) et mon acteur favori, Robert De Niro dans Les Affranchis.
Vous incarniez un homme toxique en amour, dans Sous Emprise, sur Netflix. Est-ce plus intéressant de jouer les bad boys ?
Peu importe le rôle, si Sofiane le joue… C’est toujours un bad boy.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le film d’auteur La Vénus d’argent (2023) ?
J’ai adoré le scénario et la proposition de la réalisatrice du film, Héléna Klotz, qui mélange les mondes et questionne les identités. C’est pour ce genre de film que je fais du cinéma.
Avez-vous des points communs avec votre personnage de La Vénus d’argent, Farès ?
Énormément ! Il porte la gagne et l’ambition sur son visage. Les vêtements qu’il porte sont mes vêtements personnels. Les expressions qu’il emploie sont souvent tirées d’impros à moi, réalisées sur le plateau. Farès est au moins constitué de 50% de Sofiane et inversement.
“La réussite c’est faire ce qu’on veut après avoir fait ce qu’on doit !” Sofiane Zermani
Votre personnage accorde une grande importance à l’argent, à la réussite et aux signes extérieurs de réussite (belle voiture, belle montre, chemises bien coupées). Est-ce également votre cas et quelle est pour vous la définition de la réussite ?
Farès emploie tous les codes d’un monde auquel il appartient (la finance), mais encore plus auquel il veut appartenir. Je suis plus discret que lui mais au-delà de l’argent, c’est le statut et la position sociale de Farès qui m’inspirent et me ressemblent. La réussite c’est faire ce qu’on veut après avoir fait ce qu’on doit !
Farès est un personnage complexe. Est-ce ce qui vous a attiré dans ce rôle ?
Clairement les nuances complexes des personnages m’attirent en général. Si je ne peux pas défendre un personnage avec une profondeur psychologique à nourrir, je m’ennuie très rapidement.
Vous jouez dans La Vénus d’argent aux côtés de Claire Pommet alias Pomme, qui elle aussi, vient de la musique. Est-ce que cela a créé des liens avec vous ?
Je pense que la rencontre avec Pomme est en premier lieu philosophique et cérébrale avant même de nous trouver ce point commun musical. C’est un humain « champignon » qui m’inspire beaucoup et que je respecte pour son caractère, ses positions et la cohérence de ce qu’elle renvoie avec la personne que j’ai pu rencontrer.
Le personnage incarné par Pomme, Jeanne, vit en banlieue. Est-ce que son parcours vous parle, vous qui avez notamment sorti un titre intitulé Ma cité a craqué ?
On est mis au « ban du lieu » pour 1000 raisons différentes et qu’on puisse rappeler ou montrer que la banlieue, ce n’est pas que le rap et les cités mais aussi des enfants élevés dans des casernes (Pomme incarne dans le film une apprentie tradeuse qui vit dans une caserne, en banlieue, avec son père gendarme, ndlr) ou autre, ça me plaît beaucoup.
La Vénus d’argent (2023) d’Héléna Klotz, avec Sofiane Zermani, Claire Pommet, Niels Schneider, disponible sur Canal VOD. Barbès, little Algérie (2024) d’Hassan Guerrar, actuellement au cinéma.