3 déc 2024

Avant Wicked, 7 (excellentes) comédies musicales à revoir

Souvent perçu comme un genre joyeux et coloré, à l’image des Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, la comédie musicale est pourtant plus complexe qu’il n’y paraît. Racisme, guerres, addictions ou sexualités réprimées y sont autant de thématiques faussement édulcorées par le chant et la danse. À l’occasion de la sortie du film Wicked de Jon M. Chu ce mercredi 4 décembre 2024, une adaptation d’un show Broadway avec Ariana Grande, retour sur sept films musicaux marquants (et tout sauf fleur bleue).

West Side Story (1962), de Robert Wise et Jérome Robbins.

Tendance phare de ces dernières années, le genre du film chanté et dansé rencontre un franc succès à Hollywood. De Grease (1978), à La La Land (2016), en passant par Annette (2021), les comédies musicales se multiplient pour séduire une audience friande d’émotions fortes dans les salles obscures.

À l’instar des conflits entre ethnies de West Side Story (1962) ou du trafic de drogue et de la transition de genre vus dans Emilia Pérez (2024), des thèmes complexes sont désormais par les comédies musicales. 

En ce sens, ce genre chéri par Hollywood fait office de remède indispensable au cours des périodes les plus sombres de l’histoire. Souvent, les numéros chantés mettent en scène la détresse des personnages et leur combat pour trouver le bonheur. À l’occasion de la sortie de Wicked ce mercredi 4 décembre 2024, retour sur 7 comédies musicales cultes.

Emma Stone et Ryan Gosling dans La La Land (2016) de Damien Chazelle © SND.
Emma Stone et Ryan Gosling dans La La Land (2016) de Damien Chazelle © SND.

La La Land (2016) de Damien Chazelle, parmi les meilleures comédies musicales  

C’est sans doute l’un des films les plus couronnés du Franco-Américain Damien Chazelle. La La Land, sorti en 2016, est loin d’être passé inaperçu dans les collines ensoleillées d’Hollywood. Cette comédie musicale mettant en scène Emma Stone et Ryan Gosling offre une vision colorée de l’industrie du septième art et du jazz.

En dépit d’une apparence enchantée et enjouée, le long-métrage nous plonge dans les échecs auxquels font face deux âmes d’artistes à la recherche de reconnaissance.

D’un côté, Emma Stone, récompensée d’un Oscar pour son rôle, qui se rêve en actrice de cinéma mondialement connue. De l’autre, Ryan Gosling en musicien qui peine à joindre les deux bouts. Sur fond de romance poignante, La La Land invite son audience à poursuivre ses rêves sans jamais baisser les bras, au prix d’en perdre l’amour de sa vie… 

La La Land (2016) de Damien Chazelle, avec Emma Stone et Ryan Gosling, disponible en VOD sur Prime Video.

William Finley dans Panthom of the Paradise (1974) de Brian De Palma © Solaris Distribution.
William Finley dans Panthom of the Paradise (1975) de Brian De Palma © Solaris Distribution.

Phantom of the Paradise (1975) de Brian De Palma

Réalisée par le génial Brian De Palma (Carrie, Scarface), Phantom of the Paradise est l’une des comédies musicales les plus cultes et rock’n’roll de l’histoire du cinéma. Adaptation libre du roman Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, le film raconte l’histoire d’un jeune compositeur campé par William Finley en quête de succès. Son destin bascule lorsqu’il fait la rencontre de Swan, propriétaire d’une salle de spectacle baptisée le Paradise.

Sorti en 1974, ce long-métrage inspiré d’une expérience personnelle du cinéaste se déroule presque entièrement dans une scène de spectacle. Une manière pour Brian De Palma de dévoiler sa vision, sanglante, de l’industrie du divertissement en dénonçant un système machiavélique et vampirique. 

Phantom of the Paradise (1975) de Brian De Palma, avec Paul Williams et William Finley, disponible en VOD sur Canal.

Roy Scheider dans All That Jazz (1972) de Bob Fosse.

All That Jazz (1972) de Bob Fosse

Quatrième film du réalisateur américain Bob Fosse, All That Jazz (Que le spectacle commence, en français) est la première comédie musicale à avoir reçu la Palme d’or à Cannes. Tourné alors que son réalisateur vient de subir une crise cardiaque, le film fait office pour lui d’un exercice cathartique, à la limite de l’autobiographie.

En suivant le parcours de Joe Gideon, un chorégraphe et metteur en scène drogué aux amphétamines, All That Jazz est certainement le film musical le plus sombre qui soit, à tel point que le terme de “comédie” ne peut lui être attribué. On y voit la longue descente aux enfers d’un homme dialoguant avec sa propre mort et où le chant et la danse symbolisent toute une vie.  

All That Jazz (1972) de Bob Fosse, avec Roy Scheider, disponible sur Prime Video.

Dominique Sanda et Richard Berry dans Une chambre en ville (1982) de Jacques Demy.

Une chambre en ville (1982) de Jacques Demy

Sous le couvert de films en apparence colorés et chantants, l’univers de Jacques Demy est hanté par des intrigues lugubres et des conclusions malheureuses. Les thèmes de l’inceste, de la prostitution, du suicide et de l’avortement s’invitent dans ce film particulièrement sombre. Tout comme Les Parapluies de Cherbourg, sorti en 1964, Une chambre en ville est entièrement chanté, ce qui n’en allège pourtant pas la trame.

Sur fond de lutte des classes, Jacques Demy y raconte l’histoire terrible d’Edmond, un ouvrier qui, après avoir délaissé une jeune femme enceinte de lui, rencontre Édith, une bourgeoise mal mariée en mal d’amour. Leur idylle impossible se terminera dans un bain de sang, ce qui vaudra au film d’être un échec commercial cuisant, bien que très largement soutenu par la critique de l’époque.

Une chambre en ville (1982) de Jacques Demy, avec Dominique Sanda et Richard Berry, disponible sur arte TV.

Björk dans Dancer in the Dark (2000) de Lars Von Trier.

Dancer in the Dark (2000), de Lars Von Trier

Sixième film de Lars Von Trier, Dancer in the Dark met en scène Björk dans le rôle d’une émigrée tchécoslovaque travaillant sans relâche à l’usine. Si le film n’a rien d’une comédie musicale joyeuse, le chant et la danse y sont présentés comme un moyen d’échapper à une réalité douloureuse.

Lars Von Trier y joue sur la frontière entre les genres, s’amusant d’un décalage entre le ton sérieux de son histoire et les codes de la comédie musicale. Björk livre ici une performance fascinante qui lui vaudra notamment de remporter le prix d’interprétation féminine à Cannes, tandis que le film a été récompensé de la Palme d’or. 

Dancer in the Dark (2000) de Lars Von Trier avec Björk et Catherine Deneuve, disponible en VOD sur Canal.

Catherine Zeta-Jones dans Chicago (2002) de Rob Marshall.

Chicago (2002), de Rob Marshall

À la manière des premières comédies musicales américaines, Chicago est adaptée d’une pièce de Broadway mise en scène par Bob Fosse en 1975. Inspirée d’un fait divers qui avait fait les gros titres dans les années 1920, l’histoire relate le parcours de Roxie Hart (René Zellweger) et de Velma Kelly (Catherine Zeta-Jones), deux chanteuses de cabaret condamnées à mort pour avoir tué leur amant.

Si le film est à la fois drôle, euphorique et sexy, il aborde les dessous véreux du monde du spectacle et la difficulté des femmes à faire entendre leur voix. Sous couvert de paillettes, Chicago s’intéresse en profondeur aux dessous corrompus de la justice américaine et à l’envers du décor d’une période faste rythmée par les meurtres, l’alcool et la drogue.

Chicago (2002) de Rob Marshall avec Catherine Zeta-Jones et René Zellweger, disponible en VOD sur Prime Video.

La bande-annonce d’Oklahoma ! (1955).

Oklahoma ! (1955) de Fred Zinnemann

Écrite en 1943 par le célèbre duo Richard Rodgers et Oscar Hammersteinn II – à qui l’on doit notamment le scénario et la musique de La Mélodie du bonheur (1963) –, Oklahoma ! est l’une des plus célèbres comédies musicales des États-Unis, aujourd’hui encore régulièrement jouée à Broadway. En 1955, Fred Zinnemann décide de porter à l’écran cette célèbre histoire de cow-boys, qui se déroule au beau milieu du Far West.

Si l’intrigue principale est basée sur un quatuor amoureux, Oklahoma ! relate en filigrane la conquête de l’Ouest et les conflits qui opposèrent éleveurs et fermiers au XIXe siècle. Bien que largement occultée par sa mise en scène enlevée, l’histoire terrible de l’État ségrégationniste américain se donne à voir tout au long du film, là où pourtant, aucun des figurants n’est noir. 

Oklahoma ! (1955), de Fred Zinnemann, disponible sur Prime Video.

Wicked (2024) de Jon M. Chu, avec Ariana Grande et Cynthia Erivo, au cinéma le 4 décembre 2024.