Faut-il (re)voir Back to Black, le biopic sur Amy Winehouse, sur Canal+ ?

Back to Black, un biopic sur Amy Winehouse signé Sam Taylor-Johnson

Les biopics ont le vent en poupe. Jusqu’à l’overdose ? Après Bohemian Rhapsody (2018) sur Queen, Rocketman (2019) sur Elton John, ou, plus récemment Elvis (2022), un film sur le destin fulgurant d’Amy Winehouse sorti au cinéma en avril 2024 (et diffusé sur Canal+ ce mardi 19 novembre). Intitulé Back to Black, le long-métrage est, selon le média américain Variety, approuvé par la famille de la chanteuse.

Produit par StudioCanal, il est réalisé par Sam Taylor-Johnson, artiste et réalisatrice britannique à qui l’on doit Cinquante Nuances de Grey (2015). Le scénario a quant à lui été confié au Britannique Matt Greenhalgh, grand habitué des rock stars puisqu’il a notamment collaboré au film Control (2007) narrant le destin tragique du leader du groupe Joy Division, Ian Curtis, mais aussi à Nowhere Boy (2009), qui explore les jeunes années de John Lennon. Et la BO est assurée par Nick Cave et Warren Ellis. Sur le papier donc, le projet a donc plutôt de la gueule…

Que vaut le film sur Amy Winehouse avec Marisa Abela ?

La (courte) vie tragique et la personnalité tumultueuse d’Amy Winehouse – décédée à l’âge de 27 ans, en 2011 – ainsi que son talent phénoménal constituent une mine d’or pour un cinéaste inspiré. Et Back to Black aurait pu donner la chair de poule…

Mais le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur de cette icône flamboyante de la soul. Certes, on est séduit par une partie du casting de Back to Black. Dans le rôle de l’amoureux de la star, Blake Fielder-Civil, Jack O’Connell (Skins) est parfait. Tout comme Eddie Marsan (Vesper Chronicles) qui se glisse dans la peau du père chauffeur de taxi et fan de jazz de la chanteuse. Quand à la grand-mère d’Amy Winehouse, qui a été son icône de mode, elle est incarnée avec brio par Lesley Manville (Une robe pour Mrs. Harris).

Des choix de casting peu pertinents

Par contre, l’actrice Marisa Abela, révélée par la série Industry sur HBO avant de faire une apparition dans Barbie, n’était pas le meilleur choix pour incarner la sublime et tourmentée Amy Winehouse. Après des rumeurs annonçant Lady Gaga, Lauren Jauregui, ex-membre des Fifth Harmony ou encore de Lea Michele (Glee) dans ce rôle phare, la jeune actrice s’est vue confier cette périlleuse mission. Elle a même appris à chanter pour éviter le play-back.

Mais son absence de ressemblance avec la star empêche souvent l’émotion de s’installer. N’ayant ni la voix puissante de l’icône de la musique, ni son charisme, la magie n’opère pas lors des scènes de concerts ou de studio. La plupart du temps, la comédienne semble plus déguisée en Amy Winehouse pour une soirée d’Halloween qu’habitée par l’aura de l’idole décédée trop jeune.

Back to Black dans l’ombre du documentaire Amy

Mais le plus grand souci du biopic n’est peut-être pas Marisa Abela. C’est son parti pris scénaristique. La réalisatrice Sam Taylor-Johnson choisit de se concentrer sur l’histoire d’amour – hantée par les drogues – unissant Amy Winehouse et Blake Fielder-Civil, un bad boy rencontré dans un bar.

Résultat ? Sa voix incroyable ainsi que son don pour le storytelling passent presque à la trappe, alors que la réalisatrice avait promis de relater la genèse de l’album Back to Black, sorti en 2006 en Angleterre. Autre problème majeur : le long-métrage minimise le rôle néfaste joué par le père (cupide) et le mari (ultra toxique) – d’Amy Winehouse dans sa chute.

Back to Black n’est pas un mauvais film en soi : on est ému par les scènes montrant le lien très fort existant entre la chanteuse et sa grand-mère. Sauf que si on veut vraiment tenter de comprendre le génie créatif et les fragilités fascinantes de la star, il vaut mieux se tourner vers le poignant documentaire Amy (2015) d’Asif Kapadia, qui a été primé aux Oscars. 

Back to Black (2024) de Sam Taylor-Johnson, avec Marisa Abela, diffusé sur Canal+ le 19 novembre 2024.