7 fév 2022

Naissance de la French Touch, album confiné de Charli XCX… 5 films musicaux à découvrir à la Gaîté Lyrique

Du 16 au 20 février 2022, le festival Fame dédié aux films sur la musique revient pour une huitième édition à la Gaîté Lyrique. Durant quatre jours, une panoplie de styles musicaux est mise à l’honneur lors de projections accompagnées de rencontres, de concerts et de DJ sets. Entre un film à l’atmosphère angoissante proche de la série Black Mirror, le récit de la naissance de la French Touch à Versailles ou encore les coulisses de l’album confiné de Charli XCX, filmées seulement au téléphone et à la webcam d’un ordinateur, découvrez cinq films à voir absolument lors de cet événement.

1. Plongée dans le berceau versaillais de la French Touch



Véritable berceau de la French Touch, Versailles est encore au début des années 90 une ville endormie,  les évènements culturels et les lieux dédiés aux jeunes sont loin de foisonner. Alors, la bande de copains du lycée Jules Ferry de Versailles, regroupant de célèbres figures de la scène électronique comme Étienne de Crécy, Arnaud Rebotini, les membres des groupes Air ou Phoenix, se lance dans la musique. Dans son film Why Versailles? le musicien et réalisateur Marc Collin raconte l’histoire de la French Touch, ce courant musical français aux frontières de l’électro, de la house et du disco, et explore son essor en France ainsi que dans le reste du monde. À travers ce film inspiré par son expérience de témoin à l’aube de ce mouvement, le réalisateur prend le risque de mêler la fiction au documentaire : en plus de jouer le détective auprès de ses vieux compagnons de route, Marc Collin a dû faire travailler leur mémoire en récupérant toutes les images d’archives – en studio, en concert ou dans des fêtes – que possèdent chaque artiste. Ces images inédites sont accompagnées d’une fiction retraçant la vie d’un de leurs amis musiciens, Franck Mossenta. Ce dernier, interprété par Yarol Poupaud, est parti trop tôt de Versailles, loin d’imaginer à l’époque que les projets musicaux de ses amis rencontreraient quelques années plus tard le succès qu’on leur connaît aujourd’hui.


 

Why Versailles? (2021) de Marc Collin, 71 min, France. Film d’ouverture du FAME Festival le 17 février à 19h45.

2. Quand la musique transforme un musicien en créature infernale


 

Dans une atmosphère dystopique digne de la série Black Mirror, le réalisateur et musicien français Jules Cassignol, alias Jazzboy, déroule un court-métrage fictionnel de 18 minutes dont il endosse le rôle-titre. The Sound Of Metamorphosis raconte l’histoire d’un musicien et de sa sœur en pleine campagne. Dans leur bungalow loin des villes et accompagnés de leur cheval blanc, Jazz et Lizzie mènent une vie simple et paisible : chanteur et musicien, le premier passe ses journées à composer et répéter ses propres morceaux de pop afin d’être sélectionné pour passer dans un célèbre programme musical diffusé en ligne, le Doom Show. Mais un jour, Jazz commence à ressentir de mystérieuses douleurs dans le dos et à saigner du nez de plus en plus fréquemment. Lorsque l’homme est finalement retenu pour interpréter l’une de ses chansons en live dans l’émission, les saignements reviennent et avec eux d’étranges métamorphoses. Le film de Jules Cassignol prend alors une tout autre tournure, plus sombre, inquiétante voire sanglante, qui rappelle parfois l’ambiance étrange rencontrée dans la série Stranger Things


 

The Sound Of Metamorphosis (2021) de Jules Cassignol, 18 min, France. Le 19 février à 19h15. 

3. La vie banale de jeunes rappeurs chamboulée par une créature magique 

 

  

C’est entre une forêt, un stade de foot, une piètre buvette et un terrain vague que Doug et sa bande déambulent et font passer le temps en rappant. Le Boug Doug réalisé par Théo Jollet raconte, à travers une fiction, l’histoire banale d’un groupe d’amis errant dans les environs d’un stade municipal, dont la vie est composée d’impros rap, de larcins et de blagues. Les jours s’enchaînent et se ressemblent, et rien de particulier ne se passe. Jusqu’au jour où, alors que la bande de jeunes hommes mène une partie de football en pleine nuit, apparaît une créature mystique en latex bleu, à califourchon sur une moto. Comme drogué, aveuglé et absorbé par cette entité magique et ses chansons ensorcelantes, Doug n’est plus maître de lui-même et cette présence chamboule totalement la vie des jeunes mélomanes. À la manière d’un film documentaire, Théo Jollet intercale dans ce court-métrage des apartés filmés où les personnages commentent ce qu’il se passe, comme pour brouiller les frontières entre fiction et réalité. Le tout porté par des plans millimétrés dignes d’un film à suspense et un jeu d’acteur naturel et spontané.

 

 

Le Boug Doug (2020) de Théo Jollet, 25 min, France. Le 19 février à 19h15. 

4. Dans les coulisses de l’album confiné de Charli XCX

  
 

2020, première année sous le signe de la pandémie mondiale. Artistes, chanteurs et musiciens voient leurs concerts annulés et, pour nombre d’entre eux, leur inspiration appauvrie. Subissant de plein fouet le premier confinement de mars, la chanteuse pop britannique Charli XCX décide de remonter la pente en se lançant pour défi de réaliser un album en quarante jours avec l’aide de ses fans. Lors d’un live sur son compte Instagram, l’artiste annonce ce projet auprès de sa communauté, baptisée “les Angels” : au fil des cinq semaines de production, elle organisera de nombreux lives avec ses fans et même des Zoom en privé avec certains d’entre eux, les invitant à l’inspirer et la conseiller lorsqu’elle doute ou perd pied. Sa communauté contribue totalement à l’album, l’aidant aussi bien pour les paroles que les visuels et les mélodies. Réalisé tout au long de ces jours de création, le film Alone Together documente la vie de la chanteuse dans cette période inédite et dévoile les coulisses de son cinquième opus studio au format inédit. Lorsque How I’m Feeling Now paraît enfin le 15 mai 2020, à la fin du premier confinement, la chanteuse exaltée se félicite de cette réussite. Riche de nombreuses images d’archives intimes et d’échanges foisonnants, le film qui en découle illustre parfaitement la force créative qui peut émaner de la relation entre une artiste et ses fans.


 

Alone Together (2021) de Bradley Bell et Pablo Jones-Soler, 70 min, États-Unis. Le 19 février à 14h45.

5. La rumba congolaise, un genre politique à l’honneur

  

Indépendance Cha cha du Grand Kallé et du groupe l’African Jazz, l’un des titres phares de la rumba congolaise, a fait en 1960 de ce genre musical un discours politique. Au Congo, une génération d’hommes et de femmes a lutté durant des années pour la liberté et l’émancipation face à la colonisation belge. Pour s’en défaire, les habitants ont alors créé ce nouveau style musical, né à Léopoldville dès les années 40 des retrouvailles entre le Congo et Cuba avant l’accession à l’indépendance congolaise le 30 juin 1960. Depuis peu, la rumba fait partie du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et inspire de nombreuses musiques actuelles. Avec son documentaire The Rumba Kings, le réalisateur péruvien Alan Brain retrace avec sincérité, générosité et émotion l’origine de ce style musical mêlant les instruments à percussions comme les claves, le chekeré, le cajón ou encore les congas. Ayant travaillé plusieurs années pour l’ONU à Kinshasa, l’auteur du film s’est découvert une passion pour le groove et l’histoire de cette musique qui réunit tant d’hommes et de femmes. À partir d’images d’archives – dont certaines inédites – et de témoignages de grands musiciens congolais comme Papa Wemba et Manu Dibango, on apprend notamment comment l’intérêt pour ces rythmes dansants s’est éveillé dans les bars, où les clients préféraient acheter des disques que casser la croûte.


  

The Rumba Kings (2021) d’Alan Brain, 94 min, États-Unis et Pérou. Le 20 février à 14h45. 

 

 

FAME Festival du 16 au 20 février 2022 à la Gaîté Lyrique.