28 oct 2025

Les cinq vies de Marina Foïs, star du film La Femme la plus riche du monde

Rôle après rôle, Marina Foïs a bâti sa réputation d’actrice capable de tout jouer. Après avoir fait ses classes au sein de la troupe comique des Robins des Bois à la fin des années 90, la comédienne a enchaîné les succès populaires comme les films dramatiques, qui lui ont valu plusieurs nominations aux César dont une pour sa performance bouleversante dans Polisse de Maïwenn. À l’occasion de la sortie du film à l’humour grinçant La Femme la plus riche du monde, dans lequel Marina Foïs incarne un personnage inspiré par fille de Liliane Bettencourt, retour en cinq rôles sur sa carrière atypique.

  • par Lucas Aubry.

  • Marina Foïs, star du film La Femme la plus riche du monde

    À l’affiche du film à l’humour grinçant librement inspiré de l’affaire Liliane Bettencourt, La Femme la plus riche du monde, qui sort en salles ce mercredi 29 octobre 2025, l’actrice franco-italiennes Marina Foïs démontre une nouvelle fois son talent.

    D’abord connue dans le registre comique, avec ses sketchs déjantés au sein de la troupe de Robins des Bois à la fin des années 90, Marina Foïs a ensuite enchaîné les comédies populaires (La Tour Montparnasse Infernale, RRRrrrr!!!, Papa ou Maman, Le Grand Bain). Mais elle a aussi prouvé qu’elle savait offrir la profondeur nécessaire à ses rôles dans un registre plus dramatique (Darling, Un cœur simple, Polisse, Irréprochable). Numéro revient sur cinq rôles marquants.

    Un extrait du sketch Au cours d’anglais (1996) des Robins des Bois.

    Des personnages absurdes dans les Robins des Bois

    Dignes héritiers des Nuls et des Monty Python, la troupe des Robins des Bois – qui a révélé au grand public Marina Foïs mais aussi Maurice Barthélemy, Jean-Paul Rouve, ou encore Pierre-François Martin-Laval (alias “Pef”) – est repérée en 1996 par Dominique Farrugia qui les invite à jouer leurs sketchs dans son talk-show La Grosse Émission diffusé sur la chaîne Comédie !.

    Après s’être constitués une tribu de fans inconditionnels, Les Robins des Bois partent pour Canal+ et l’émission Nulle part ailleurs. Dans une série de mises en scène plus absurdes les unes que les autres, Marina Foïs interprète des personnages cultes comme Sophie Pétoncule, une jeune femme naïve et imbécile qui se fait systématiquement remarquer par sa bêtise ou encore la présentatrice de Gym Kilos, un programme qui propose de faire exercices de gymnastique tout en mangeant des plats très lourds. 

    Les sketchs des Robins des Bois (1996-2005) sont disponibles sur YouTube.

    La bande-annonce du film Darling (2007).

    Un premier rôle dramatique dans Darling

    Après avoir avoir enchaîné les comédies populaires au début des années 2000 (La Tour Montparnasse Infernale, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, RRRrrrr!!!, Mais qui a tué Pamela Rose ?), Marina Foïs surprend tout le monde en interprétant une éternelle victime dans Darling (2007) de Christine Carrière. Adapté d’un roman de Jean Teulé, Darling (2007) raconte l’histoire (tirée de faits réels) d’une paysanne de Haute-Normandie qui, après une enfance chaotique d’enfant non-désiré et obèse, se lie à un mari infidèle et alcoolique, qui continue de l’humilier et de la battre.

    Dans une interview accordée en marge de la promotion du film, Marina Foïs raconte comment la réalisatrice Christine Carrière lui a permis d’aborder le rôle qui lui vaudra sa première nomination au César de la meilleure actrice : “Elle m’a montré une façon de se mettre en face du personnage, pas au-dessus, pas en dessous, pas en oblique, mais de manière frontale – n’être pas plus intelligent que le rôle, ni plus triste, ni plus ironique, jamais cynique”. Une certaine distance que l’on ressent dans le film qui, contrairement à ce que pourrait laisser penser le synopsis, est loin d’être une succession de scènes tragiques. 

    Darling (2007) de Christine Carrière, disponible sur Canal+ en VOD.

    La bande-annonce du film Polisse (2011).

    Une policière de la brigade de protection des mineurs dans Polisse

    Chronique du quotidien angoissé de la brigade de protection des mineurs de la ville de Paris, Polisse (2011) de Maïwenn semble placer Marina Foïs au sommet de sa gloire. Deux ans après avoir tourné dans le faux documentaire Le Bal des actrices (2009), l’ex-Robins des Bois repasse devant la caméra de la réalisatrice Maïwenn aux côtés de Joey Starr, Nicolas Duvauchelle et Karin Viard.

    À travers une série de scènes d’autant plus malaisantes qu’elles impliquent des enfants maltraités, Marina Foïs campe une policière toute en nuances, confrontée à la misère sociale et à l’impuissance des autorités, qui dans de nombreuses affaires ne peut faire mieux que d’écouter les victimes et transmettre les dossiers à la justice. 

    Polisse (2011) de Maïwenn, disponible sur HBO Max.

    La bande-annonce du film Tiens-toi droite (2014).

    Une maquettiste féministe dans Tiens-toi droite

    Quelques jours avant que la cérémonie des César 2020 ne provoque un cataclysme dans l’industrie du cinéma français – en remettant le prix du meilleur réalisateur à Roman Polanski, accusé d’agression sexuelle – Marina Foïs, Omar Sy, Leïla Bekhti, Mathieu Amalric et 400 autres personnalités du cinéma ont signé une tribune pour “une refonte en profondeur des modes de gouvernance des César et des fonctionnements démocratiques qui les encadrent”.

    L’actrice est aussi l’une des premières signataires du collectif 50/50 qui promeut la diversité et l’égalité femmes-hommes dans le cinéma et l’audiovisuel. Un engagement que l’on retrouve devant la caméra dans Tiens-toi droite (2014), un film choral de Katia Lewkowicz dans lequel Marina Foïs interprète une maquettiste tentant d’insuffler des valeurs féministes au sein d’une grande entreprise de fabrication de poupées.

    Tiens-toi droite (2014) de Katia Lewkowicz, disponible sur Canal VOD.

    Un extrait de la pièce de théâtre Les Idoles (2018).

    Un homme dans la pièce de théâtre Les Idoles

    Au théâtre comme au cinéma, le réalisateur et metteur en scène Christophe Honoré s’offre une liberté radicale. Pour sa pièce Les Idoles (2018) – qui ressuscite les grandes figures emportées par le SIDA qui ont marqué sa jeunesse – le réalisateur de Plaire, aimer et courir vite (2018) et Chambre 212 (2019) a décidé de confier à Marina Foïs le rôle d’un homme – l’écrivain et photographe Hervé Guibert. Un choix audacieux qui a permis à Marina Foïs de remporter le Molière de la meilleure comédienne dans un spectacle de théâtre public en 2019. 

    La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa, au cinéma le 29 octobre 2025.