Les meilleurs rôles de l’acteur oscarisé Adrien Brody, du Pianiste à The Brutalist
Le charismatique et atypique Adrien Brody a récemment remporté le Golden Globe et le Bafta du meilleur acteur pour son rôle d’architecte rescapé de la Shoah dans la géniale fresque The Brutalist, actuellement au cinéma. Mais il vient aussi de gagner un nouvel Oscar du meilleur acteur, deux décennies après sa performance intense et bouleversante dans Le Pianiste, dans la nuit du 2 au 3 mars 2025. L’occasion de revenir sur ses meilleurs rôles.
par Violaine Schütz.
Adrien Brody en musicien rescapé du ghetto de Varsovie dans Le Pianiste
S’il ne fallait voir qu’un film pour se convaincre de l’immense talent de l’acteur et producteur américain Adrien Brody, 51 ans, ce serait la Palme d’or Le Pianiste (2002) de Roman Polanski, pour lequel il a remporté un Oscar. Le film, bouleversant, nous immerge dans le contexte douloureux de la Seconde Guerre mondiale. Le musicien Wladyslaw Szpilman (incarné par Adrien Brody) est un pianiste juif polonais de talent (qui a réellement existé) échappant à la déportation mais se retrouvant enfermé dans le ghetto de Varsovie. Il finit par s’en échapper et par rencontrer un officier allemand, qui, aimant sa musique, décide de l’aider.
Pour interpréter de manière habitée cet homme en souffrance, Adrien Brody – qui apparaît très émacié dans le film – a perdu 14 kilos et a appris le piano en jouant de cet instrument quatre heures par jour pendant des mois. Il décida aussi de s’isoler en quittant son appartement, coupant ses téléphones, se séparant de sa voiture pour partir en Europe avec seulement deux sacs… Un engagement total qui sera suivi de six mois d’adaptation à l’acteur pour se réhabituer à sa vie d’avant et plus d’un an de troubles alimentaires.
Le Pianiste (2002) de Roman Polanski, avec Adrien Brody, disponible sur Max.
Adrien Brody en professeur faussement détaché dans Detachment
Dans le très sombre et nihiliste mais poétique (et pictural) Detachment, Adrien Brody tient l’un de ses rôles les plus sensibles et touchants. Il incarne Henry Barthes, un enseignant qui a beaucoup d’empathie envers ses étudiants mais qui prend le parti de travailler comme professeur remplaçant pour éviter de trop se lier à ses élèves. Pendant trois semaines, il doit donner des cours dans un lycée dit difficile de la banlieue new-yorkaise et tente de garder ses distances avec les problèmes qui l’entoure. Pour délivrer sa partition pleine de justesse et de mélancolie, Adrien Brody s’est sans doute inspiré de son père, qui a été professeur d’histoire et qui a enseigné dans le Queens, à New York.
Detachment (2012) de Tony Kaye, avec Adrien Brody et Marcia Gay Harden, disponible sur UniversCiné.
Un homme en pleine quête fraternelle et spirituelle dans À bord du Darjeeling Limited
“Adrien a un visage d’une autre époque. Il y a tellement de pathos dans son visage. C’est un visage qui est fait pour un gros plan. Ses yeux sont si expressifs – et certains de ses traits sont si exagérés et pourtant délicats” a déclaré un jour Scarlett Johansson. Avec son regard triste, sa silhouette effilée et sa beauté hors normes, Adrien Brody se retrouve souvent dans des univers loufoques.
Wes Anderson fait ainsi appel à lui pour jouer dans À bord du Darjeeling Limited, un film plein de fantaisie et pas toujours facile à suivre. Il y incarne l’un des trois frères qui n’ont pas échangé un mot depuis les funérailles de leur père.
Les trois hommes décident de partir en voyage en train à travers l’Inde pour se réconcilier. Mais rien ne va se passer comme prévu… Et ils se retrouveront bientôt à vivre des aventures périlleuses, entre bagarre, rencontre avec leur mère devenue religieuse, détour dans le désert, séparation, enterrement et retrouvailles. La collaboration entre Wes Anderson et Adrien Brody fonctionne tellement bien qu’ils se retrouveront sur The Grand Budapest Hotel, The French Dispatch, Fantastic Mr. Fox et Asteroid City
À bord du Darjeeling Limited (2008) de Wes Anderson, avec Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman, disponible sur Disney+.
Un punk dans Summer of Sam de Spike Lee
Summer of Sam (2000) n’est pas le premier film cité par les cinéphiles lorsqu’on leur parle de la carrière de Spike Lee. Pourtant, selon nous, il s’agit de l’un de ses longs-métrages les plus passionnants. Le réalisateur nous plonge dans le New York caniculaire de l’été 1977. Un meurtrier en série – le fils de Sam – sévit dans le Bronx en s’en prenant à de jeunes femmes et les médias multiplient les articles sensationnalistes qui contribuent à alimenter un climat de terreur.
À la fois drôle, électrique, social et violent, Summer of Sam est un tourbillon sensoriel, survitaminé et too much proche de l’univers de Scorsese qui ne laissera personne indifférent. Et cela tient en partie à son fabuleux casting constitué d’Adrien Brody (en Italo-Américain arborant un style punk inspiré par l’Angleterre nihiliste de la fin des seventies) et de Mira Sorvino (Romy et Michelle, 10 ans après) ainsi qu’à sa BO disco explosive.
Summer of Sam (2000) de Spike Lee, avec Adrien Brody et Mira Sorvino, disponible sur PremiereMax.
Adrien Brody en architecte rescapé de la Shoah dans The Brutalist
Il s’agit sans doute de la performance la plus impressionnante d’Adrien Brody depuis Le Pianiste. Dans la fresque monumentale de plus de 3 heures The Brutalist de Brady Corbet, le héros de King Kong (2005) joue le rôle d’un architecte avant-gardiste, László Tóth, qui immigre aux États-Unis après la Shoah. Il tente alors de reconstruire sa vie et de mener à nouveau une existence normale avec sa femme journaliste, devenue handicapée.
La chance semble enfin lui sourire… Il fait la rencontre d’un riche industriel cultivé, Harrison Lee Van Buren, qui lui demande de construire un mausolée pour sa mère défunte. Cette construction ambitieuse et atypique va exiger de lui un engagement à la fois très long et coûteux, d’autant plus que l’industriel exerce sur lui une domination qui s’avère particulièrement pernicieuse et vicieuse. Peu à peu, l’architecte, blessé par son passé et par une agression sexuelle qu’il va subir, va sombrer dans la drogue et se laisser happer par ses démons.
Si un débat règne actuellement à Hollywood car l’IA a été utilisée pour perfectionner l’accent hongrois de l’acteur, cette polémique ne l’a pas empêché de remporter un nouvel Oscar, celui du meilleur acteur. Le comédien a aussi gagné un Golden Globe et un Bafta mérités pour sa performance intense, subtile et poignante dans ce long-métrage qui raconte la complexité du rêve américain.
The Brutalist de Brady Corbet, avec Adrien Brody et Felicity Jones, actuellement au cinéma.