Chez David Lynch, même les courts métrages en disent long
En 2020, le cinéaste derrière Twin Peaks et de Mulholland Drive a sorti un court-métrage d’animation intitulé Fire (Pozar) sur sa chaîne Youtube, qu’il avait réalisé cinq ans plus tôt. En hommage au décès de David Lynch, disparu ce 16 janvier 2025 à l’âge de 78 ans, retour sur ce film de 10 minutes est un projet resté jusqu’alors inconnu.
Par Margaux Coratte.

David Lynch, spécialiste du court métrage
Parmi l’impressionnante filmographie de David Lynch, on dénombre plus de 20 courts métrages. Alors que la plupart des réalisateurs abandonnent rapidement le format court une fois que leur carrière est lancée, le réalisateur américain, lui, n’a de cesse d’y retourner.
En alternant sans cesse les médiums, se faisant tour à tour musicien, cinéaste, showrunner ou bien acteur, l’homme s’est imposé comme un artiste à part entière, spécialiste de l’étrange et des récits qui frôlent le fantastique. En janvier 2017, Netflix dévoilait What did Jack Do ? , un film de 17 minutes étonnant, où le cinéaste incarne un détective digne de Twin Peaks en pleine discussion avec un singe inaudible, aussi intriguant que le personnage du nain de la même série.
Durant la période de confinement, le réalisateur explorait encore un nouveau format en publiant chaque jour un bulletin météo sommaire d’environ 30 secondes, confortant ses fans dans l’idée qu’à 74 ans, le cinéaste n’avait rien perdu de son extravagance. Avec Fire (Pozar), dévoilé en 2020 gratuitement sur YouTube, l’univers lynchéen repousse une fois de plus ses limites.
Un film énigmatique à revoir gratuitement sur YouTube
Court métrage d’animation réalisé en 2015, le film met en scène un bestiaire surprenant, dans ce qui ressemble à un petit théâtre antique, accompagné de la musique du Polonais Marek Zebrowski, avec qui David Lynch avait déjà collaboré lors de sa rétrospective à la Fondation Cartier en 2007 ainsi que sur l’album collaboratif Polish Night Music.
Long de 10 minutes seulement, le film dévoile une esthétique volontairement vieillie. Les dessins primitifs montrent tour à tour un homme muni d’une torche, un arbre, une maison, un soleil maléfique et des créatures hybrides, dans ce qui semble être une danse macabre revisitée.
Un univers déroutant qui contient toute la singularité caractéristique du travail de David Lynch et qui, certainement, veut renouer avec ses débuts : avant de se pencher sur le cinéma, l’artiste se destinait à la peinture. Fire (Pozar) convoque ainsi ses années estudiantines, tout en cultivant son univers mystérieux, parfois à la limite de l’absurde.
Fire (Pozar) (2015), de David Lynch, disponible sur YouTube.