1 oct 2025

Les confessions de l’iconique actrice Andie MacDowell

Son visage fait partie des plus célèbres d’Hollywood : à 67 ans, Andie MacDowell s’est construit une carrière cinématographique vertigineuse et auréolée de succès. Et, si sa fille Margaret Qualley séduit à son tour les plus grands noms de l’industrie, l’actrice américaine est loin d’être prête à passer le flambeau. Rayonnante sur le podium du défilé L’Oréal Paris, organisé ce lundi 29 septembre 2025 à Paris, Andie MacDowell prépare encore de nombreux films et séries. Pour Numéro, elle évoque le difficile équilibre entre l’amour-propre et le succès, mais aussi les projets qui ont changé sa carrière.

  • propos recueillis par Camille Bois-Martin.

  • L’interview de l’actrice Andie MacDowell

    Numéro : Vous venez de défiler pour L’Oréal Paris dans la capitale française. Qu’est-ce que cet évènement représente pour vous ?

    Andie MacDowell : Tellement de choses ! Chaque année, j’ai l’honneur de défiler aux côtés de femmes incroyables, qui incarnent également l’esprit de L’Oréal Paris. Et tout ça devant une audience qui célèbre la beauté et la mode à travers toutes les générations. C’est un évènement qui m’est très cher.

    Avant d’être actrice, vous avez d’ailleurs été mannequin. Qu’est-ce que cela vous fait de remonter sur un podium ?

    Je dois dire que ça m’amuse énormément. Je le fais seulement pour L’Oréal Paris, car c’est un moment très fun ! On peut choisir notre tenue, notre mise en beauté, être créative… Je pense que la façon dont on s’habille est une extension de notre personnalité. C’est un beau moyen de montrer qui nous sommes, mais aussi combien on se sent bien dans notre peau.

    Une ambassadrice L’Oréal Paris magnétique

    Ce défilé met en avant l’émancipation, l’égalité, la liberté et la sororité. Comment ces valeurs font-elles écho aux vôtres ?

    À mon âge, l’amitié est l’un des aspects les plus importants de ma vie et la meilleure manière de prendre soin de moi et de ma santé mentale. Évidemment, c’est important de bien manger, de faire de l’exercice, etc. Mais, avec le recul, je me suis rendu compte de la place centrale qu’occupent la sororité et l’amitié dans ma vie. Cette sensation de camaraderie et de famille choisie est primordiale. Cela est essentiel de savoir que tu auras toujours ta place au sein d’un groupe de personnes, quoi qu’il arrive.

    Le défilé s’est tenu sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Quelle relation entretenez-vous avec cette ville ?

    Je viens au moins une fois par an ! Ma relation avec Paris est fantastique, d’autant plus que j’y ai vécu dans ma vingtaine. J’y suis revenue au fil des années, avec des amis ou seule, donc je m’y repère très bien. En particulier au sein des musées, que je connais, pour la plupart, par cœur ! Je peux vous emmener au Louvre et vous guider jusqu’à la Mona Lisa en cinq minutes top chrono.

    Je connais les musées parisiens par par cœur.” Andie MacDowell

    Quel est votre endroit préféré à Paris ?

    Le musée Rodin, sans hésiter. J’y étais même hier ! J’adore me promener dans ses jardins, observer ce magnifique bâtiment et ses vitres… Non seulement les œuvres d’art exposées sontsublimes, mais la vue depuis le jardin est toute aussi stupéfiante ! J’aime énormément cet endroit. Après, je vais souvent petit-déjeuner chez Carette ou, quand je suis avec mes enfants, chez Angélina ! Ils adorent cet endroit : dès qu’on atterrit à Paris, on est obligés de s’y rendre.

    Vous travaillez dans l’industrie du cinéma depuis le début des années 80. Quel est votre film préféré au sein de votre filmographie ?

    Mon dieu, que c’est difficile ! Pour moi, Un jour sans fin (1993) incarne un peu le film parfait : sa morale est à la fois simple et importante. Et puis, je trouve qu’il n’a aucun défaut ! Mais Sexe, Mensonges et Vidéo (1989), qui a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes, a changé ma vie. Ce film gardera toujours une place importante dans ma carrière, car il l’a propulsée et a métamorphosé mon image d’actrice.

    “Sexe, Mensonges et Vidéo, qui a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes, a changé ma vie.” Andie MacDowell

    Ce film est-il aussi celui qui vous le plus challengée, en tant qu’actrice, mais aussi en tant que femme ?

    Je dirais que oui. C’est un film charnière dans ma carrière, car il a changé la manière dont le monde me voyait et m’a donnée l’opportunité de montrer de quoi j’étais capable. Le cinéma est un milieu très difficile. Les gens ne parviennent pas à se faire un avis sur vous tant que vous ne leur avez pas prouvé votre talent. Alors, souvent, vous vous retrouvez à refaire les mêmes rôles, afin qu’on vous colle une étiquette et qu’on vous estime enfin. Le film Sexe, Mensonges et Vidéo m’a permis de sortir de cet engrenage, de me démarquer. Aussi, je pense que la série Maid (2021), dans laquelle je joue avec ma fille, Margaret (Qualley), m’a quelque peu transformée. Ce projet m’a permis de me replonger dans l’univers de la comédie. J’ai fait beaucoup de comédies romantiques ou dramatiques, et j’adore ce registre. Je pense même que c’est mon point fort. En particulier les comédies noires, comme cette série. C’est ce qui m’attire le plus aujourd’hui.

    Au fil de votre carrière, vous avez travaillé avec de nombreuses réalisatrices, à l’image de Diane Keaton et de Nora Ephron. Pourquoi est-il important de mettre en avant le female gaze dans le monde du cinéma aujourd’hui ?

    Il est d’autant plus important lorsqu’il se traduit par des femmes aussi fortes et puissantes que Diane Keaton, qui m’a choisie pour son projet. C’était, à mes yeux, une reconnaissance incroyable, car je l’ai toujours prise pour modèle au cours de ma carrière, en particulier pour ses talents d’actrices. Travailler avec elle était donc très symbolique pour moi. Et puis, collaborer avec Nora a également été une expérience folle. Je me souviens de mon audition avec elle : il y avait beaucoup d’enjeu pour moi. Je voulais absolument faire partie de son projet. J’ai aussi travaillé sur une série avec Anjelica Huston [en 2005] : être dirigée par cette femme, si puissante, était aussi intimidant que fantastique. Toutes ces expériences de travail avec des femmes aussi fortes, dynamiques et puissantes ont été transformatrices et marquantes dans ma carrière, mais aussi dans ma construction personnelle.

    Je suis très dure envers moi-même.” Andie MacDowell

    Comment parvenez-vous à rester fidèle à vous-même, malgré les attentes de cette industrie difficile ?

    Je suis très dure envers moi-même. Mes filles sont conscientes de cela, car je leur ai justement appris à faire l’inverse de ce que je fais ! (rires) Je me torture beaucoup, parce que j’ai beaucoup d’attentes envers moi-même, qui sont souvent inatteignables. J’ai énormément travaillé sur mon amour-propre. C’est d’ailleurs un de mes plus grands buts : m’aimer sincèrement et ne pas me donner d’objectifs impossibles. Par exemple, quand je faisais les essayages pour le défilé L’Oréal Paris, je me suis sentie bien dans ma peau, car j’ai fait beaucoup de sport avant cet évènement. Mais, quelques semaines avant, je suis tombée malade et j’ai été contrainte de m’arrêter : c’était difficile à accepter, tant je suis dure avec moi-même. Je voudrais être parfaite ! Mais c’est impossible, personne n’est parfait. Nous sommes juste humains.

    Vous sentez-vous plus en paix avec vous-même aujourd’hui ?

    Je dirais que oui. Mais c’est un travail permanent.

    Pour moi, vieillir n’est pas un sujet.” Andie MacDowell

    Vous incarnez pourtant un symbole fort : vous embrassez votre beauté naturelle et vos cheveux gris, avec beaucoup d’assurance.

    C’est quelque chose qui m’est très spontané. Pour moi, vieillir n’est pas un sujet. Chacun a son propre point de vue ! Je ne m’imagine pas autrement que la personne que je suis et à laquelle je ressemble aujourd’hui. Mon âge m’apporte beaucoup de joie : j’adore la couleur de mes cheveux et je n’aime pas trop les teintures. Mais ce ne sont que mes goûts personnels. Je n’ai jamais eu de problème avec mon âge ni avec le fait de le dire. D’ailleurs, je ne comprends ce concept d’en avoir honte. Récemment, j’ai vu une interview de l’actrice Robin Wright. Le journaliste lui demandait si elle était prête à fêter ses 60 ans ! Elle lui répond de façon si élégante, mais, je me suis dit, “Qu’est-ce que c’est que cette question ?” Pourquoi ne pas plutôt célébrer le fait de vieillir, d’accueillir de nouvelles expériences, plutôt que d’en avoir peur ? Le temps passe si vite. Il faut se soutenir entre générations, se porter entre femmes, peu importe notre âge.

    Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné au cours de votre carrière ?

    Qu’il faut avoir du cran. Il faut toujours persévérer, ne jamais renoncer : tu ne sais pas ce qu’il t’attend ! J’ai d’ailleurs l’impression que ce conseil résonne beaucoup en moi aujourd’hui car je ne m’exprime pas, artistiquement, de la façon dont je souhaiterais. J’ai besoin de remuer mon univers. Ça me demande beaucoup de cran et de détermination, pour ne pas être tentée de baisser les bras ou d’arrêter d’explorer mon champ des possibles.

    Quels sont vos projets ? Allez-vous explorer ce champ des possibles ?

    J’aimerais faire plus de comédies noires. Je travaille sur une série depuis quatre ans, qui vient d’être vendue à Netflix. Beaucoup de personnes vont pouvoir découvrir les trois saisons, qui étaient auparavant diffusées sur Hallmark [chaîne de télévision américaine, ndlr]. Nous sommes en train de tourner la quatrième. J’ai aussi un autre projet en cours, mais j’aimerais vraiment tourner une comédie noire…

    Peut-être que quelqu’un lira cette interview et vous le proposera…

    Je garde espoir ! Croisons les doigts (rires).

    Les films The Token Groomsman de Claire McCarthy et Goodrich d’Hallie Meyers-Shyer n’ont pas encore de date de sortie en France.