2 sept 2025

8 rôles improbables de Willem Dafoe, star de la Mostra de Venise

Alors qu’il figure dans deux films présentés à la Mostra de Venise 2025, le drame Late Fame et la comédie noire The Souffleur,Willem Dafoe s’affirme encore une fois comme l’un des acteurs les plus étonnants du cinéma contemporain. Numéro revient sur cinq des rôles les plus improbables de cet habitué des longs-métrages de Lars von Trier, Paul Schrader ou encore Wes Anderson.

  • par Margaux Coratte

    et Nathan Merchadier.

  • Capable de passer avec aisance d’un rôle à un autre, Willem Dafoe fût de nombreuses fois récompensé pour sa grande capacité à changer de registres et d’univers cinématographiques. Aussi à l’aise dans un blockbuster que dans un projet plus confidentiel, l’acteur américain fût de nombreuses fois salué pour ses performances spectaculaires. Mais beaucoup seraient surpris de savoir qu’il n’a jamais gagné le Graal de l’Oscar, nommé à quatre reprises par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences.

    Avec ses yeux perçants et son sourire carnassier, Willem Dafoe est aussi abonné aux personnages atypiques. En véritable incarnation de la folie et de la perversion, l’acteur de 70 ans est un diamant brut pour les cinéastes en mal de noirceur. De son rôle de bouffon vert dans Spider-Man à ses délires horrifiques pour le dérangeant Antichrist (2009) de Lars von Trier, en passant par le déjanté Bobby Peru dans Sailor et Lula (1990) de David Lynch, Willem Dafoe s’illustre par sa capacité à endosser des rôles de marginaux à la personnalité hallucinée. Retour sur ses rôles les plus surprenants, à l’occasion de la présentation des films Late Fame et The Souffleur à la Mostra de Venise 2025.

    Une scène du film Cry Baby (1990).

    Un maton dans Cry Baby de John Waters (1990)

    Moins célèbre que son apparition aux côtés de Laura Dern et Nicolas Cage dans Sailor et Lula la même année, la participation de Willem Dafoe au film de John Waters reste toutefois culte. En garde-chiourme patriote, il prend un malin plaisir à menacer Wade-Walker (joué par Johnny Depp) de… lui couper les cheveux en brosse. « God bless Dwight Eisenhower » l’entend-on rugir avant qu’il ne sussurre doucereusement un « bonne nuit » à l’oreille des prisonniers qu’il garde. Courte mais mythique, cette performance illustre à elle seule le talent de Willem Dafoe. Il parvient, en effet, à marquer les esprits même lorsqu’il n’apparaît que quelques minutes à l’écran. 

    Cry Baby (1990) de John Waters, disponible en VOD sur UniversCiné.

    La bande-annonce du film Desperado 2 : Il était une fois au Mexique (2003).

    Un baron de la drogue dans Il était une fois au Mexique de Robert Rodriguez (2003)

    Après avoir incarné John Carpenter dans le film de Paul Schrader Auto Focus en 2002, Willem Dafoe fait de rapides apparitions dans l’univers délirant de Robert Rodriguez. Il partage l’affiche avec Johnny Depp, Antonio Banderas et Salma Hayek dans le deuxième chapitre de la saga Desperado. L’acteur incarne Armando Barillo, un baron de la drogue fou de la gâchette. Si la plupart des cinéastes mettent en lumière le visage si singulier de l’acteur, Robert Rodriguez lui, a préféré le recouvrir d’un bandage pour la majeure partie de ses scènes. Ainsi, Willem Dafoe est à peine visible dans le déluge d’hémoglobine qui fait suite au premier volet de Desperado (1995).

    Desperado 2 – Il était une fois au Mexique (2003) de Robert Rodriguez, disponible en VOD sur Prime Video.

    La bande-annonce du film Le Monde de Nemo (2003).

    Un poisson récalcitrant dans Le Monde de Nemo d’Andrew Stanton et Lee Unkrich (2003)

    Bonne pêche pour Walt Disney. Le film d’animation des studios Pixar a réuni plusieurs célébrités pour doubler les voix de la ribambelle d’animaux marins qui entourent le désormais célèbre poisson-clown Nemo. Parmi elles, Willem Dafoe donne la sienne à Gill, un zancle cornu qui rêve de retrouver l’océan après avoir passé des années dans u n aquarium. Sa voix grâve et profonde participe grandement à renforcer le caractère réfractaire du poisson rayé. 

    Le Monde de Nemo (2003) de Andrew Stanton et Lee Unkrich, disponible sur Disney+.

    La bande-annonce du film Aquaman (2016).

    Un mentor marin dans Aquaman de James Wan (2018)

    Willem Dafoe n’a pas tourné que dans des bons films. Pour cette adaptation de DC Comics, qui n’en finit plus de dénicher des héros oubliés à porter au grand écran, l’acteur américain n’échappe pas au naufrage. Embarqué dans cette superproduction à l’esthétique hideuse, l’acteur livre peut-être ici sa performance la plus improbable. Chevauchant un hippocampe ou un requin, il est affublé de combinaisons écailleuses et de coiffures samouraï.  Épique. 

    Aquaman (2018) de James Wan, disponible sur HBO Max.

    La bande-annonce du film The Lighthouse (2019).

    Un gardien de phare pétomane dans The Lighthouse de Robert Eggers (2019)

    Le personnage de Thomas Wake est certainement l’un des plus beaux rôles qui ait été donné à Willem Dafoe. Dans l’enfer d’une tempête et de visions chimériques, l’acteur forme un duo magnifique avec Robert Pattinson, qui joue Ephraim Winslow, son second. Entre alcool, stupre et mouettes mangeuses d’hommes, The Lighthouse pousse à l’extrême la folie de deux compères alcooliques confinés dans un phare. Sur un fond d’accent canadien prononcé, les longues élucubrations de Willem Dafoe font revivre toute la mythologie d’un monde marin fantastique. Son personnage de vieux loup de mer rustre et malpropre trompe le spectateur, qui ne sait s’il s’agit du lard ou du cochon. Illuminé par la photographie époustouflante du film, il s’affirme une fois de plus comme un maître fou. 

    The Lighthouse (2019) de Robert Eggerds, disponible sur Prime Video.

    La bande-annonce du film À l’intérieur (2023).

    Willem Dafoe en voleur d’œuvres d’art dans le film À l’intérieur (2023)

    En 2023, Willem Dafoe, acteur aux mille visages, se plonge dans la peau d’un voleur d’œuvres d’art dans le film À l’intérieur (2023) du réalisateur grec Vasilis Katsoupis. Ce qui devait se profiler comme un simple cambriolage va finalement tourner au cauchemar pour Willem Dafoe. Piégé par le système de sécurité de l’appartement new-yorkais dans lequel il a tenté de s’introduire, il devra jouer sa survie et sa santé mentale pour s’en sortir. Mais arrivera-t-il à s’extirper sain et sauf de cette prison luxueuse ? 

    À l’intérieur (2023) de Vasilis Katsoupis, disponible en VOD sur Canal VOD.

    La bande-annonce du film Pauvres créatures (2024).

    Un médecin loufoque dans Pauvres Créatures (2024)

    En janvier 2024, on retrouvait l’excellent Willem Dafoe aux côtés de l’excellente Emma Stone. Il campait dans le rôle d’un médecin (défiguré) peu orthodoxe dans le film Pauvres Créatures (2024) de Yórgos Lánthimos. Dans cette relecture moderne et féministe du mythe de Frankenstein, l’acteur et scénariste américain prouve une fois encore qu’aucune partition ne lui résiste.

    Pauvres créatures (2024) de Yórgos Lánthimos, disponible sur Disney+.

    La bande-annonce du film Kinds of Kindness (2024).

    Willem Dafoe en patron autoritaire et père aimant dans Kinds of Kindness

    Willem Dafoe reconduit sa collaboration avec le réalisateur Yórgos Lánthimos dans le film Kinds of Kindness (2024). Une œuvre qui avait fait l’objet d’un accueil mitigé lors de la 77e édition du Festival de Cannes… Dans ce long-métrage, l’acteur américano-italien se plonge dans le rôle d’un patron autoritaire et d’un père aimant aux côtés d’un casting cinq étoiles composé de Emma Stone et de Jesse Plemons.

    Kinds of Kindness (2024) de Yórgos Lánthimos, disponible sur myCanal.