Beabadoobee : indie rock, nostalgie et idées noires
La chanteuse Beabadoobee est la nouvelle protégée du programme “Up Next” d’Apple Music, qui a déjà mis à l’honneur Billie Eilish, Giveōn ou encore Orville Peck. La Britannique à la voix délicate et aux mélodies indie dévoile un reportage dans lequel elle confie les traumas de son adolescence, une période essentielle à la création de son univers musical.
Par Allan Lemarchand.
Un lit une place, des dizaines de peluches et des posters des Beatles accrochés au mur. Dans le nouveau reportage Up Next d’Apple Music, Beabadoobee nous invite chez elle, entre les quatre murs de sa chambre d’adolescente. Dans son sanctuaire, la jeune britannique s’arme de sa guitare pour composer des titres empreints de nostalgie. Ainsi, la musique de Beabadoobee fait office de journal intime audible, où l’artiste retranscrit ses expériences et ses traumas. Victime de harcèlement scolaire, la jeune Beatrice Laus, de son vrai nom, trouve refuge dans la musique pour pallier ses angoisses et son mal-être.
Un départ surprise
Au cours d’une après-midi passée chez un ami, Beabadoobee enregistre Coffee (2017), un premier titre aux sonorités indie rock qui respire l’innocence et la légèreté. La jeune artiste publie alors le morceau sur internet, dans l’optique de le partager avec son cercle proche. Très vite cependant, les vues se multiplient et la jeune artiste est contactée par le label Dirty Hit, chez qui est signé le groupe pop rock The 1975 : “La musique ne devait être qu’un loisir pour moi, confie Beabadoobee. Puis j’ai écrit Coffee. Ce n’était rien de sérieux au départ, ou du moins c’est ce que je pensais. Avant de décrocher un contrat !” Aujourd’hui, la version revisitée de Coffee est l’un des morceaux les plus populaires du réseau social TikTok et comptabilise près de 240 millions de vues sur Youtube.
L’écriture comme méthode cathartique
En 2018, Beabadoobee sort un premier EP à la production minimaliste intitulé Lice. Sur quatre pistes, la jeune chanteuse âgée de 17 ans pose les bases de son univers : intimiste, délicat et introspectif. Composé principalement en acoustique, cet opus révèle la fragilité de l’artiste à travers des textes empreints de traumas, à l’image du morceau Bobby, où l’artiste dresse le portrait d’une jeune adolescente suicidaire : “Bobby était âgée de quatorze ans quand elle su que rien ne durerait/Car Bobby ne voyait que le mal dans sa vie.” Les autres titres du projet s’articulent également autour des sentiments de mal-être et d’insécurité propres à l’adolescence, venant placer l’artiste comme la porte-parole d’une génération Z en proie aux idées noires.
Cette même année, la chanteuse britannique dévoile Patched Up (2018), un second EP qui puise toujours autant dans l’intimité de l’artiste, mais présente plus de points lumineux que son prédécesseur. Avec Dance With Me, Beabadoobee propose une ballade romantique, qui fait remonter en nous le souvenir des premières amoures. Toujours dans un style épuré, le point focal du morceau reste la voix délicate de la chanteuse, accompagnée d’un motif mélodique presque enfantin joué au xylophone. Sur If You Want To, la jeune artiste présente un son plus produit avec l’ajout d’une guitare électrique et d’une batterie, résonant comme une ode nostalgique aux groupes pop rock du début des années 2000.
En octobre dernier, Beabadoobee signe son retour avec Fake It Flowers, un premier album aux sonorités mêlant le grunge des années 90, pop rock des années 2000 et l’ambiance intimiste qui caractérisait ses premiers opus. Sur les titres Care et Together, l’artiste embrasse une esthétique musicale rappellant les débuts de carrière d’une certaine Avril Lavigne. Avec une aisance assez déroutante, Beabadoobee varie les styles musicaux et propose Back To Mars, un ballade intimiste d’une durée d’une minute trente, telle une respiration coincée entre deux titres au rythmes nettement plus soutenus. Au final, Fake It Flowers se présente comme la synthèse du parcours musical et personnel de la jeune chanteuse, présentant toujours le côté très intimiste de ses premiers projets, tout en arborant une esthétique plus travaillée, plus mature.
Fake It Flowers (2020), Beabadoobee, disponible.