Dans Eddington, Ari Aster ausculte une Amérique inquiète
Quelques années après la sortie remarquée de son film Midsommar porté par Florence Pugh, le réalisateur américain Ari Aster lève le voile sur son nouveau long-métrage intitulé Eddington. Sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes 2025, le western d’épouvante réunit Emma Stone, Austin Butler, Pedro Pascal ainsi que le principal interprète de sa comédie d’horreur Beau is Afraid, Joaquin Phoenix. Notre chronique du film qui sort au cinéma ce mercredi 16 juillet 2025.
par Nathan Merchadier,
et Jordan Bako.
Eddington, le nouveau western d’épouvante du réalisateur Ari Aster
Deux ans après l’accueil mitigé réservé à son troisième long-métrage intitulé Beau is Afraid (2023), Ari Aster (Midsommar, Hérédité) est de retour dans les salles obscures, ce 16 juillet 2025, avec un western anxieux.
“J’ai écrit Eddington dans un état de peur et d’anxiété face au monde. Je voulais montrer qu’est-ce que vivre dans un monde où plus personne n’est d’accord sur ce qui est réel.” C’est en ces mots que le réalisateur américain Ari Aster introduisait son quatrième long-métrage en conférence de presse, lors de sa présentation au Festival de Cannes 2025.
D’Hérédité (2018) à Midsommar (2019), en passant par Beau is Afraid (2023)… L’inquiétude est un sentiment qui s’est toujours tapi dans les intrigues horrifiques d’Ari Aster. Mais avec Eddington, ce n’est pas une angoisse interne que le nouveau prodige de l’horreur cherche à faire miroiter. Mais bel et bien une panique face à un monde en perpétuelles mutation et dislocation.
Un film en compétition officielle au Festival de Cannes 2025
Le pitch ? “Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique. La confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres.” Le film est à l’image de l’esthétique du réalisateur, dont on connaît le penchant pour les atmosphères macabres et les personnages défigurés.
Écrit en pleine période de pandémie au printemps 2020 avant de rester quelque temps dans ses tiroirs, Eddington est donc un pur produit de son temps. Baptisé du nom d’un pueblo amérindien fictif, le long-métrage met en scène Joaquin Phoenix dans la peau d’un shérif en pleine perte de vitesse.
En effet, élément cardinal du film, l’acteur excelle en cowboy des temps modernes asthmatique et franchement pathétique. Face à lui, on retrouve le charismatique nouveau maire libéral du hameau, incarné par la sensation d’Hollywood Pedro Pascal, bientôt à l’affiche du film Les 4 Fantastiques.
Satire d’horreur sociale dans l’Amérique d’aujourd’hui
À travers les figures de Joaquin Phoenix et Pedro Pescal, ce sont donc deux visages d’une Amérique fragmentée qui s’opposent. Un duel qui se tient à une heure où les restrictions liées au Covid-19 sont à leur paroxysme. L’ébullition des tensions entre ces hommes finit par infuser l’intégralité du village.
Aucun des maux sociaux qui affectent les États-Unis d’aujourd’hui n’est épargné par le réalisateur. Eddington montre notamment de jeunes gens qui se mettent à brandir l’étandard de la lutte antiraciste (pour des raisons intéressées) et le gourou d’une secte. Il évoque aussi des escouades antifascistes, l’omniprésence des écrans de smartphones ou encore le pullulement des théories du complot dans le village… Dépouillée de toute forme de compassion pour ses personnages, la mise en scène rit envers et contre tout, comme dans un songe maniaque.
On reconnaît bien là le goût pour l’horreur d’Ari Aster. Dans Eddington, cette dernière prend la forme d’un cauchemar social. Un cauchemar qui se moque ouvertement de marionnettes absurdes, enterrées dans les abysses des extrêmes. Si le film finit en déflagrations de kalachnikov, dans une scène tournée façon jeux vidéo, c’est parce que le réalisateur veut tirer sur tout à la fois. Le film devient alors si burlesque que cela en devient éprouvant, voire confus…
L’impressionnant casting du film avec Austin Butler, Emma Stone et Joaquin Phoenix
Reste le casting du film, comme toujours impeccable chez le réaisateur. Après avoir invité l’actrice Toni Collette dans son film Hérédité (2018) ou encore Joaquin Phoenix dans la comédie noire Beau is Afraid (2023), Ari Aster rassemble des acteurs prestigieux pour son nouveau projet produit par le studio A24.
En plus de retrouver Joaquin Phoenix dans ce nouveau film, c’est l’immense Emma Stone que l’on retrouve dans Eddington. Cette fois-ci dans le rôle de l’épouse de l’acteur de Joker (2019). Cette dernière était récemment couronnée de l’Oscar de la meilleure actrice en 2023 pour son rôle dans Pauvres Créatures.
Autre acteur qui figure au générique d’Eddington ? Le Californien Austin Butler, qui ne dispose que d’un très bref (mais efficace) temps d’écran pour nous convaincre dans la peau d’un leader de secte azimuté.
Eddington (2025) de Ari Aster, actuellement au cinéma.