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5 series using death to make people laugh
Humour noir et montagnes russes émotionnelles… les séries comiques de ces dernières années partagent un élément scénaristique : elles utilisent la mort comme trame de fond. De “The Good Place” à “Dead To Me”, focus sur les séries qui surfent sur la mort.
Par Juliette Cardinale.
Il y a de fortes chances pour que l'un des personnages de votre série courte favorite soit mort. De manière assez inattendue, en effet, la mort, depuis quelque temps s'est mise à rôder sur le genre de la série courte. Ce format, traditionnellement réservé aux sitcoms, destinées à nous faire rire. Il suffit d'évoquer l’incontournable Friends, alternant entre moments d’immaturité totale (la plupart des scènes de Joey) et drames personnels (la séparation entre Phoebe et les triplés qu’elle met au monde en tant que mère porteuse). Mais une nouvelle génération de séries courtes telles que Dead to Me, Barry, The Kominsky Method, Russian Doll et The Good Place va plus loin : elles commencent par la mort d’un (ou plusieurs) personnages. Humour noir, comique de situation, absurdité de la condition humaine… ces projets abordent des sujets difficile pour faire rire et pleurer les spectateurs dans la même demi-heure.
Dead to Me (2019)
Jen (Christina Applegate) vient de perdre son époux dans un accident de voiture. Elle rencontre alors Judy (Linda Cardellini), membre d’un groupe de soutien. Ces deux femmes très différentes, l’une veuve coincée, l’autre fantasque, se soutiennent alors mutuellement en affrontant des situations tragiques ou absurdes : Jen ne supporte plus les voitures qui dépassent les limites de vitesse. Dead to Me ou comment rire du deuil.
La Méthode Kominsky (2018)
Dans La méthode Kominsky, tout commence par la mort d’une femme, celle de Norman Newlander (Alan Arkin). Sandy Kominsky (Michael Douglas), ancien acteur devenu professeur de théâtre, décide alors de veiller sur Norman, son meilleur ami. Dans cette série aussi drôle que déchirante, l’humour des personnages principaux présente une vision de la vieillesse pleine de douceur. Récompensée par deux Golden Globes l’an dernier (meilleure série comique et meilleur acteur dans une série comique pour Michael Douglas), cette projet est l’un des rares bijoux du catalogue original de Netflix.
The Good Place (2016)
Dans The Good Place, sitcom des plus classiques, tous les personnages principaux sont morts… Mésaventures comiques, personnages décalés voire caricaturaux… les aventures d’Eleanor, Chidi, Tahani et Jason sont loin d’être tristes. Le ton de cette série, diffusée sur la chaîne américaine NBC, est beaucoup plus léger que les précédentes. Mais The Good Place amène le spectateur (et les personnages) à se poser des questions éthiques et philosophiques. Eleanor (américaine égoïste interprétée par Kristen Bell) se réveille au “Bon endroit” (Paradis) et se rend vite compte qu’elle a échangé sa place avec une autre. Elle sollicite alors l’aide d’un professeur d’éthique afin de ne pas finir au “Mauvais endroit” (Enfer). La série est créée par Michael Schur, à qui l’on doit les sitcoms Parks and Recreation (co-créé par Greg Daniels) ou Brooklyn Nine-Nine (co-créé par Dan Goor). Kristen Bell a été nommée cette année pour le Golden Globe de la meilleur actrice dans une série comique et Ted Danson (architecte du “Bon endroit” où se retrouvent les personnages) a été nommé en 2018 pour l’Emmy Award du meilleur acteur dans une série comique.
Poupée Russe (2019)
Dans la série Poupée Russe, sortie en février 2019 sur Netflix, Nadia, le personnage principal, se retrouve bloqué dans une boucle temporelle pour le moins désagréable. Elle meurt le jour de son 36e anniversaire et se retrouve étrangement à la soirée organisée en son honneur, quelques heures plus tôt. Une boucle qui lui fait vivre le même événement de façon perpetuelle. Le concept n’est pas révolutionnaire (la boucle temporelle de Groundhog Day ou même la mort à répétition de Happy Birthdead) mais il est efficace. Si le choc du premier accident est annoncé dès la bande-annonce – Nadia se fait renverser par une voiture –, ses réactions futures demeurent des pépites de comédie.
Barry (2018)
Barry est un meurtrier. Un personnage complexe interprété par Bill Hader, maître du comique et des imitations dans l’émission Saturday Night Live. Ex-marine devenu tueur à gage malgré lui, il se découvre une passion pour le théâtre et souhaite quitter son activité meurtrière. En pleine dépression, il peine à s’extirper des griffes de son “manager” qui refuse de le voir abandonner les contrats meurtriers. La banalité avec laquelle Barry réalise ses missions tranche radicalement avec la tension dramatique ressentie lors de son cours de théâtre. Série diffusée sur HBO, Barry a été nommée aux Golden Globes et a remporté deux Emmy Awards (meilleur acteur dans une série comique pour Bill Hader en 2018 et meilleur acteur dans un second rôle dans une série comique pour Henry Winkler la même année).
L’humour noir n’est pas la dernière mode des séries, il est apprécié depuis longtemps et le restera. Si le spectateur ne rit pas à gorge déployée, il sait apprécier ces sombres comédies. De différentes manières, elles parlent toutes à l’angoisse existentielle de l’humain, conscient de sa mort inévitable. D’ici quelques saisons, le monde de la télé se lassera peut être d’alterner larmes et éclats de rire mais pour l’instant, ces cinq séries ont été renouvelées par leurs producteurs pour des saisons supplémentaires, encensées par le public comme par la critique.