25 mai 2023

7 scandales qui ont secoué le Festival de Cannes, d’Isabelle Adjani à Sophie Marceau

Depuis sa première édition en 1939, le Festival de Cannes s’est érigé au rang de messe incontournable du cinéma, rassemblant les réalisateurs, les producteurs et les acteurs du monde entier. Mais ce qui fait son sel, ce ne sont pas seulement les grand films qui y sont montrés et le nombre d’étoiles présentes sur le tapis rouge. La Croisette a aussi été le théâtre d’un certain nombre de scandales et de polémiques. Quelques semaines avant le lancement officiel de sa 77e édition, le 14 mai 2024, Numéro revient sur sept d’entre eux.

Isabelle Adjani au Festival de Cannes, le 11 mai 1983. Photo par Pool LAFORET/LOCHON/Gamma-Rapho via Getty Images.

1. Isabelle Adjani et la grève des photographes au Festival de Cannes (1983)

En 1982, Isabelle Adjani est âgée de 27 ans lorsqu’elle reçoit la première grande distinction de sa carrière : le César de meilleure actrice pour son rôle d’Anna dans le film Possession (1981), écrit et réalisé par Andrzej Żuławski. Dans la foulée, elle est invitée au Festival de Cannes l’année suivante, en 1983, pour défendre L’Été meurtrier de Jean Becker, qui lui vaudra d’ailleurs un second César. Alors que la 36e édition du Festival de Cannes vient de débuter, l’actrice française décide de ne pas se présenter devant les photographes lors d’une séance de photos pour la presse. Ce choix qui pourrait sembler anodin, avait à l’époque défrayé la chronique, provoquant une grève des photographes lors de sa montée des marches. Pour signifier leur mécontentent, ils avaient ainsi unanimement renoncé à photographier la jeune actrice, récemment couronnée de succès. En résulte une scène ahurissante durant laquelle les appareils photos et les objectifs des photographes jonchent le sol lorsque l’équipe du film de L’Été meurtrier s’apprête à gravir les marches.

Quentin Tarantino et les acteurs de Pulp Fiction au Festival de Cannes, le 21 mai 1994. Photo par Eric Robert/Sygma/Sygma via Getty Images.

3. Le doigt d’honneur au public de Quentin Tarantino après la projection de Pulp Fiction (1994)

 

C’est en 1994 que le réalisateur américain Quentin Tarantino présente son nouveau film intitulé Pulp Fiction au Festival de Cannes, réunissant à l’affiche l’actrice Uma Thurman ainsi que Bruce Willis, Samuel L. Jackson ou encore John Travolta. Cette même année, Clint Eastwood, acteur et réalisateur d’Un frisson dans la nuit (1971) et d’Impitoyable (1993), qui préside la cérémonie de remise des prix au Festival de Cannes. Le thriller de Quentin Tarantino semble en tout cas faire mouche car il se voit attribuer la Palme d’Or pour le meilleur film de l’année. La soirée aurait pu être parfaite pour le réalisateur originaire de Knoxville si l’un des membres du public n’avait pas perturbé cette remise de prix en hurlant dans la salle : “Mais quelle daube ! Mais quelle daube ! C’est un scandale ! ” au sujet de Pulp Fiction. C’est là que le cinéaste, aujourd’hui âgé de 60 ans, a répondu à la spectatrice, suite à sa saillie, par un un doigt d’honneur devenu culte.

Le ministre de la culture Philippe Douste-Blazy, le réalisateur Mathieu Kassovitz et les acteurs Hubert Koundé, Saïd Taghmaoui et Vincent Cassel lors de la montée des marches du film La Haine au Festival de Cannes, le 27 mai 1995. Photopar Pool ARNAL/GARCIA/PICOT/Gamma-Rapho via Getty Images.

4. Les policiers tournent le dos à l’équipe du film La Haine de Mathieu Kassovitz à Cannes (1995)

 

En 1995, l’acteur Mathieu Kassovitz n’a que 28 ans lorsque son film La Haine est présenté en compétition au Festival de Cannes. Il raconte l’histoire de trois jeunes amis issus de la banlieue parisienne, Vinz (Vincent Cassel), Saïd (Saïd Taghmaoui) et Hubert (Hubert Koundé), qui passent une journée à errer dans leur quartier après une nuit d’émeutes déclenchées par la brutalité policière. Tout au long du film, le réalisateur explore les questions de la discrimination et de la violence dans les banlieues françaises, ainsi que la manière dont ces problèmes sont perçus et traités par les forces de l’ordre. Considérant le long-métrage de Mathieu Kassovitz comme un pamphlet anti-policiers, les représentants des forces de l’ordre présents le jour de sa diffusion sur la Croisette, pour assurer la sécurité du public, décident de tourner le dos à l’équipe du film en guise de protestation. Peu apprécié par la police mais largement acclamé par le public, La Haine remporte en 1995 le prix de la mise en scène à Cannes. L’année suivante, il rafle trois prix lors de la cérémonie des César, dont celui du meilleur film.

Julia Roberts lors de la projection de Money Monster au Festival de Cannes, le 12 mai 2016. Photo par Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images.

6. La montée des marches du Festival de Cannes sans talons de Julia Roberts (2016)

Au-delà d’être un événement incontournable dans le monde du septième art, le Festival de Cannes est aussi connu pour être l’un des plus glamour de l’année. Les célébrités rivalisent d’élégance et de sophistication pour créer l’évènement. Cependant, depuis sa création, le dress code n’a pas évolué et reste très strict. Les femmes doivent ainsi porter des robes longues et des talons hauts pour espérer pouvoir fouler le célèbre tapis rouge. En 2016, l’actrice américaine Julia Roberts en décide autrement en choisissant de retirer ses talons pour la montée des marches, affirmant son indépendance et sa liberté mais aussi son féminisme. Sur les réseaux sociaux, les plus fervents fans de l’actrice révélée par le film culte Pretty Woman (1990) apportent leur soutien à Julia Roberts, saluant son geste de protestation contre les normes sexistes de l’industrie du spectacle.

Vincent Lindon, Julia Ducournau et Agathe Rousselle, l’équipe du film Titane au Festival de Cannes, le 17 juillet 2021. Photo par Dominique Charriau/WireImage.

7. Malaises et départs précipités pendant les projections du Festival de Cannes

Si les scandales les plus mémorables du Festival de Cannes ont souvent eu lieu à l’occasion de la montée des marches, une partie des événements qui ont défrayé la chronique sont aussi survenus durant les séances de projections de films. En effet, pour qu’un film puisse entrer en compétition officielle et concourir aux différents prix (le plus prestigieux restant la Palme d’Or), il doit répondre à une série de critères, et notamment celui de ne jamais avoir été diffusé en salles de cinéma avant sa projection à Cannes.

Ce critère a permis de révéler beaucoup de grands films mais cela a aussi conduit à quelques malaises au sein des salles du Palais des Festivals. Le dernier en date est celui survenu après la projection du film Titane (2021) de Julia Ducournau. Une poignée de spectateurs avaient en effet ressenti de terribles nausées en découvrant le thriller d’épouvante de la réalisatrice française. Toutefois, ces départs précipités n’avaient pas empêché la réalisatrice de Grave (2016) de remporter la Palme d’Or pour ce film. Par le passé, d’autres scènes de longs-métrages présentés durant le Festival ont suscité l’indignation voir même la colère des spectateurs : de l’interminable scène de fellation de The Brown Bunny (2004) de Vincent Gallo mettant en scène Chloë Sevignyà la scène de viol éprouvante, filmée en plan-séquence dans l’Irréversible (2002) de Gaspard Noé, avec Monica Bellucci.

La 77e édition du Festival de Cannes aura lieu du 14 au 25 mai 2024. 

Isabelle Adjani at the Cannes Film Festival, May 11, 1983. Photo by Pool LAFORET/LOCHON/Gamma-Rapho via Getty Images.

1. Isabelle Adjani and the photographers’ strike at the Cannes Film Festival (1983)

Isabelle Adjani was 27 years old when she received the first major award of her career in 1982 – the César for best actress for her role as Anna in Possession (1981), written and directed by Andrzej Żuławski. A year later in 1983, she had been invited to the Cannes Film Festival following her nomination with Jean Becker’s film One Deadly Summer, for which she had been awarded another César. As the 36th edition of the festival began, the French actress decided not to appear before the photographers during a press photoshoot. That seemingly insignificant choice caused a stir at the time and triggered a strike among photographers during her entrance on the red carpet. To show their dissatisfaction, they unanimously refused to photograph the young and highly successful actress. It ended up in a breathtaking scene in which the ground was strewn with photographers’ cameras as the crew of One Deadly Summer made their way up the steps.

Quentin Tarantino and the cast of Pulp Fiction at the Cannes Film Festival, May 21, 1994. Photo by Eric Robert/Sygma/Sygma via Getty Images.

2. Quentin Tarantino’s finger to the audience after the screening of Pulp Fiction (1994)

In 1994, American director Quentin Tarantino presented his brand-new feature Pulp Fiction at the Cannes Film Festival, starring actress Uma Thurman, Bruce Willis, Samuel L. Jackson, and John Travolta. That same year, Clint Eastwood, actor and director of Play Misty for Me (1971) and Unforgiven (1993), chaired the awards ceremony of the festival. Quentin Tarantino’s thriller seemed to have hit the nail on the head as it received the Palme d’Or for Best Picture of the year. The evening could have been perfect for the Knoxville-born director if only one of the audience members had not disrupted the ceremony and shouted: “Pulp Fiction is a piece of crap! What a piece of crap! It is outrageous!” To which the director, now 60, responded with a finger that has eventually became mythical.

Culture Minister Philippe Douste-Blazy, director Mathieu Kassovitz and actors Hubert Koundé, Saïd Taghmaoui and Vincent Cassel at the Cannes Film Festival, May 27, 1995. Photopar Pool ARNAL/GARCIA/PICOT/Gamma-Rapho via Getty Images.

3. Police officers turning their backs on the crew of Mathieu Kassovitz’s film La Haine in Cannes (1995)

 

In 1995, actor Mathieu Kassovitz was only 28 years old when he presented La Haine in competition at the Cannes Film Festival. The features chronicles three young friends, Vinz (Vincent Cassel), Saïd (Saïd Taghmaoui) and Hubert (Hubert Koundé), living in a banlieu near Paris and wandering around their neighborhood in the aftermath of a riot triggered by police brutality. Throughout the film, the director explores the issues of discrimination and violence in the French poorer suburbs, as well as the way in which these problems are perceived and dealt with by law enforcement. Considering Mathieu Kassovitz’s film as an anti-police pamphlet, representatives of the police force present on the Croisette the day of the screening to ensure safety, decided to turn their backs on the film crew in protest. Unappreciated by the police but widely acclaimed by the critic and the audience, La Haine won the award for Best Director in 1995. The following year, it won three additional awards at the César ceremony, including Best Picture.

Julia Roberts at the Cannes Film Festival screening of Money Monster on May 12, 2016. Photo by Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images.

4. Julia Roberts’ stiletto-free red carpet at the Cannes Film Festival (2016)

 

As well as being a must-see event of the cinema industry, the Cannes Film Festival is also known for being one of the most glamorous festivals of the year. Celebrities compete in elegance and sophistication to create the event. However, the dress code has not changed and remains very strict since its creation. Women must wear long gowns and high heels to be able to walk on the famous red carpet. In 2016, the American actress Julia Roberts decided otherwise and removed her stilettos to the walk up the steps, making a statement about her independence, her freedom, but also her feminist beliefs. On social media, the actress’s most supportive fans, who first saw her in the cult film Pretty Woman (1990), praised her bold move against the sexist standards of the entertainment industry.

Vincent Lindon, Julia Ducournau and Agathe Rousselle, the crew of the film Titanium at the Cannes Film Festival, July 17, 2021. Photo by Dominique Charriau/WireImage.

5. Awkward moments and hasty departures during screenings at the Cannes Film Festival

While the most memorable scandals of the Cannes Film Festival have often occurred on the red carpet, some of the most talked-about ones have also occurred in the middle of the screenings. In order for a film to enter the official competition and to compete for the various prizes – the most prestigious being the Palme d’Or – it must meet a series of criteria. One of them is that the feature must have never been shown in cinemas before its screening at Cannes. This prerequisite has made it possible for many great films to be discovered, but it has also led to some uncomfortable moments at the Palais des Festivals. The latest being the screening of Julia Ducournau’s Titanium (2021), when a handful of spectators felt terribly nauseous while watching the French director’s horror thriller. However, those early departures did not prevent the director of Grave (2016) from winning the Palme d’Or for her film. In the past, other scenes of features unveiled at the festival had stirred indignation, and even anger, among the spectators. The endless fellatio scene in Vincent Gallo’s The Brown Bunny (2004) starring Chloë Sevigny, or the harrowing rape scene filmed in a sequence shot in Gaspard Noé’s Irreversible (2002), starring Monica Bellucci, are two perfect examples.

Sophie Marceau lors du Festival de Cannes en 1999. Photo par Toni Anne Barson Archive/WireImage.

5. Sophie Marceau livre un discours chaotique sur la scène du Palais des Festivals (1999)

 

En 1999 l’actrice française, Sophie Marceau (alors âgée de 33 ans) est désignée pour décerner la Palme d’Or aux frères Dardenne à pour leur film Rosetta, mettant en scène l’actrice Émilie Dequenne. S’en suit un discours confus qui n’a pas manqué de faire réagir l’audience. L’actrice culte du film La Boum (1980) souhaite ce soir-là s’affranchir des notes qui lui ont été transmises et improvise alors une tirade sur la nécessité de parler de sujets qui n’ont pas de rapport avec le cinéma. Avant que sa prise de parole ne tourne au cauchemar, Sophie Marceau fût interrompue par l’actrice Kristin Scott-Thomas, maîtresse de cérémonie de cette 52e édition du Festival de Cannes.

Maurice Pialat reçoit la palme d’or pour le film « Sous le soleil de Satan » au Festival de Cannes en 1987. Photo par Pool DUCLOS/PELLETIER/Gamma-Rapho via Getty Images.

2. Le réalisateur Maurice Pialat critiqué pour sa Palme d’Or (1987)

 

À l’occasion de la 40e édition du Festival de Cannes qui s’est tenue en 1987, le réalisateur Maurice Pialat se voit couronné de la Palme d’Or pour son long-métrage Sous le soleil de Satan, adapté du roman du même nom de Georges Bernanos. Si le jury présidé par le comédien Yves Montand décide à l’époque de célébrer ce drame religieux, le public présent dans le Palais des Festivals se positionne en désaccord avec cette récompense. Lors de l’annonce des résultats, l’assistance s’est ainsi mise à siffler et à huer le réalisateur. Suite à cette agitation, Maurice Pialat a sobrement répondu à ses détracteurs : “Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus.