5 avr 2018

Que nous réserve le festival Do Disturb ce week-end au Palais de Tokyo?

À l’occasion de la quatrième édition du festival de performances Do Disturb organisé du 6 au 8 avril au Palais de Tokyo, Numéro a demandé à Vittoria Matarrese, programmatrice de l'évènement quelles étaient les cinq performances à ne surtout pas manquer. 

Afin d’égayer le week-end parisien, Do Disturb fait son retour. Pour sa quatrième édition, le festival turbulent de performances aligne un programme plus alléchant que jamais, où se mêlent la danse, la lecture, un marching band, et de nombreuses créations protéiformes. Partenaires de cette édition, le CND (Centre National de la Danse), la Hayward Gallery de Londres, le centre d’art interdisciplinaire Human Resources basé à Los Angeles, côtoient le label londonien expérimental Store X Vinyl Factory, un festival de Sao Paulo et la 4Arts Foundation du Cap. Fondatrice et programmatrice de Do Disturb, Vittoria Matarrese nous présente cinq événements à ne surtout pas rater au cours de ce week-end trépidant.

 

 

 

1. Le plus intense : Fury1 (testtwo) de Jamila Johnson-Small

 

 “Très proche de l’art contemporain bien qu’elle soit chorégraphe et danseuse, Jamila interroge le regard que l’on porte sur le corps, et particulièrement sur le corps noir, à travers des performances dans lesquelles elle se met en scène. Sans porter de revendication identitaire, elle analyse les interactions entre le corps et la musique électronique, le corps et un public, le corps et un environnement. Tour à tour, il devient humain, objet, animal, et participe à l’écriture d’un nouveau langage. Dans Fury1 (testtwo), Jamila explore les potentialités du micro-mouvement. Elle inaugure dans Do Disturb sa résidence au Palais de Tokyo, dans le cadre du programme Manutention : du 19 avril au 10 mai, on retrouvera Jamila Johnson-Small tous les jeudis soirs avec une nouvelle proposition.”

 

 

2. Le plus pop-romantique : ECHO de Nils Bech et Ida Ekblad :

 

 “Nils Bech est un chanteur pop norvégien queer adulé dans son pays, souvent comparé à Arca et à Perfume Genius. Ida Ekblad, pour sa part, est une sculptrice et graffeuse. Tous deux collaborent régulièrement, et construisent des installations où la musique de Nils, ses émotions, ses couleurs, sont prolongés par les sculptures que réalise spécialement Ida. Dans leur performance intitulée Echo, Nils interprète les morceaux de son dernier album qui évoque ses amours passées, dans un environnement construit par Ida, peuplé de sculptures représentant ses ex-petits amis. Le tout prend la forme d’un concert très intimiste, comme une invitation dans la chambre du chanteur, parmi ses souvenirs personnels.”

 

 

Cecilia Bengolea. Dia Art Foundation Beacon, piece: Dublove, Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Erika Miyauchi, Alex Mugler. Mai 2017

3. Le plus dancehall : Dancehall de Cecilia Bengolea

 

“Le samedi 7 avril à partir de 23h, la chorégraphe argentine Cecilia Bengolea invite le public à une performance participative sur le dancefloor du Yoyo. J’ai mis sur pied cette soirée avec la complicité de la Vinyle Factory, un excellent label londonien qui collabore avec Arthur Jaffa ou Ryoji Ikeda… Cecilia explore depuis des années les danses vernaculaires du monde entier, notamment le dancehall né en Jamaïque. Lors de cette soirée, Cecilia projettera une vidéo qu’elle a réalisée. Le collectif jamaïcain Equiknoxx, et le collectif londonien The Heatwave, croiseront leurs sons, sur lesquels se produiront les artistes de dancehall jamaïcains Black Eagle, et une danseuse classique japonaise, Erika Miyauchi. Le public sera invité à se mêler à la danse.”

 

 

4. Le plus mature :SoloElephantMan Made, de Dance On ensemble

 

“La participation de Dance On Ensemble fait partie des projets proposés par le CND, partenaire de Do Disturb. Il s’agit d’une compagnie formée en 2015 par six danseurs chevronnés de plus de quarante ans, des jeunes ‘retraités’ de la danse professionnelle.  Depuis leurs débuts, des chorégraphes, souvent renommés tels que William Forsythe ou Jan Martens, écrivent des pièces spécialement pour eux. Cet ensemble à géométrie variable intègre ponctuellement des danseurs, y compris plus jeunes, pour des collaborations. Lors de Do Disturb, on pourra voir ou revoir un solo chorégraphié par Noé Soulier pour l’un des membres fondateurs de la compagnie, et aussi Elephant, la dernière création de Dance On Ensemble.”

 

Cecilia Bengolea. Dia Art Foundation Beacon, piece: Dublove, Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Erika Miyauchi, Alex Mugler. Mai 2017

 

5. Le plus littéraire version 2.0 : YGRG 14x : reading with a single hand, de Dorota Gaweda et Egle Kulbokaite

 

“Dorota Gaweda et Egle Kulbokaite sont deux ovnis de la scène contemporaine, et leur projet m’a été proposé par la Hayward Gallery. Il y a quelques années, ces deux artistes ont lancé à Berlin un groupe de lecture constitué de jeunes femmes. Au programme : partager ensemble, via des textes, un questionnement sur la place des femmes et le façonnement des comportements féminins. Aujourd’hui, elles écrivent leurs propres textes, féministes, frondeurs, et incarnent leurs mots dans leur chair, via la lecture publique. Elles réinventent au passage les usages du salon littéraire, en lisant les textes sur leurs téléphones portables.”

 

Do Disturb, du vendredi 6 au dimanche 8 avril, au Palais de Tokyo. http://www.palaisdetokyo.com