Prix Dior de la photographie : les clichés émouvants de Chia Huang

Le Prix Dior : une consécration pour la jeune artiste Chia Hung

Le prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents présente cette année sa septième édition. Ce concours, initié par Christian Dior Parfums et mené en collaboration avec Luma Arles et l’École nationale supérieure de la photographie, revêt un caractère ambitieux. Loin de chercher la “relève” de la photographie de mode ou de beauté, il s’inscrit dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles et participe, depuis ses débuts, d’une véritable mission de mécénat. Les jeunes artistes récompensés, issus d’écoles d’art du monde entier, s’illustrent aussi bien dans la veine documentaire que dans des mises en scène plus plastiques.

Cette année, le jury, présidé par la portraitiste d’envergure Brigitte Lacombe, adoubée par les plus grandes publications internationales (The New Yorker, New York Magazine…) a distingué treize lauréats, parmi lesquels le vainqueur du prix lui-même et une Mention spéciale (pour la vidéo très poétique de Yiding Wang). Autour de Brigitte Lacombe, les habitués Simon Baker (directeur de la Maison européenne de la photographie, MEP), Peter Philips (directeur de la création et de l’image du maquillage Dior) et Maja Hoffmann (fondatrice et présidente de la Fondation Luma) se sont adjoint les services de Julie Jones, historienne de l’art du cabinet de la photographie du Centre Pompidou, et de l’artiste Laurent Montaron.

De l’introspection à la thérapie : les projets intimes des 13 lauréats du Prix Dior

Plus de 80 portfolios provenant des meilleures écoles d’art ont été examinés. “Beaucoup de projets étaient très personnels et affrontaient des sujets difficiles, souligne Brigitte Lacombe. Je suis plus sensible à l’honnêteté, au fait de transmettre quelque chose de vrai, qu’à la technique et à la virtuosité.”

Parmi les treize lauréats, certains assument une démarche relevant de l’introspection, de l’autobiographie, voire de la thérapie, comme la Néerlandaise Charley Tengbergen qui évoque le viol qu’elle a subi plus jeune, se mettant en scène dans la peau des différents protagonistes du procès auquel il a donné lieu. Anastasia Troshkova, étudiante de la Royal Academy of Art de La Haye, confesse quant à elle son combat contre l’alcoolisme et l’addiction aux drogues, en combinant des Polaroid et une vidéo.

Chia Huang, série « Silence is speaking » (2018-2019) © Chia Huang pour Christian Dior Parfums.

“L’appareil photographique instaure un rituel qui me plonge dans un état de méditation, et me permet de tomber sans cesse amoureuse du monde qui m’entoure.”

Chia Huang

Parmi l’éventail de ces propositions, le prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents est venu couronner une jeune artiste qui fait preuve, pour sa part, d’une grande empathie envers les autres. Étudiante de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Chia Huang, née à Taïwan, a vécu pendant six mois dans une famille taïwanaise, au sein de laquelle elle partageait le quotidien de deux petits garçons autistes.

Elle livre une œuvre collaborative où les dessins des enfants, les photographies de journaux qu’ils colorient et les clichés qu’elle prend de leur quotidien dialoguent, tissant un langage partagé, un espace de communication commun. “L’appareil photographique instaure un rituel qui me plonge dans un état de méditation, et me permet de tomber sans cesse amoureuse du monde qui m’entoure, explique Chia Huang. Après avoir travaillé avec ces deux garçons, j’ai enseigné dans l’association à laquelle ils participent. Je ne vois pas ces enfants autistes comme des handicapés, mais au contraire comme des professeurs de vie. J’ai l’impression qu’ils sont habités par un dieu, et il me faut passer du temps avec eux pour découvrir ce dieu intérieur.”

« Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents », jusqu’au 29 septembre à La Lampisterie, Parc des Ateliers, Arles.