3 mai 2018

Virée secrète entre les nus sulfureux de Ralph Gibson

Nus élégants, érotisme irréel et contrastes intenses… L’ouvrage Nude réunit les plus beaux clichés du photographe américain Ralph Gibson, l’un des plus prolifiques de sa génération. L’épiderme des femmes devenu son moyen d’expression favori, l’artiste produit dans ses clichés des ombres aux origines mystérieuses.

Un photographe a affirmé un jour que la beauté des femmes était infinie. C’était peut-être moi.Ralph Gibson est sans conteste l’un des photographes les plus prolifiques de la photographie américaine. Sur les traces du peintre Man Ray ou d’Edward Weston, père de la photographie pure, il a développé un style minimal, exigeant et quasi géométrique. Réédité car victime de son succès, l’ouvrage Nude présente une sélection de nus et réunit les plus belles œuvres de Ralph Gibson ainsi qu’une interview fleuve menée par Eric Fischl, peintre néo-expressionniste et sculpteur américain.

 

 

Avec le nu, Ralph Gibson supprime les informations qu’il refuse dans son cadre et produit des ombres aux origines mystérieuses.

 

 

Né en 1939 à Los Angeles, Ralph Gibson commence la photographie dès les années 1950. Il n’a que 17 ans lorsqu’il s’engage dans la marine américaine et se voit affecté à l’École navale de photographie de Floride. C’est là-bas qu’il fait ses armes, le cinéma dans un coin de sa tête, héritage de son père employé chez Warner Bros. Après un début de carrière essentiellement lié à la photographie “commerciale” et au photojournalisme, Ralph Gibson devient l’assistant de Dorothea Lange puis de Robert Frank avant de quitter définitivement la dimension documentaire. Son premier nu date de 1961. Et cette photographie érotique le poursuivra tout au long de sa carrière, qui le voit transformer ses compositions jusqu’à flirter avec l’abstrait. Mais c’est véritablement sa Black Trilogy (1970-1974) qui lui vaut une reconnaissance internationale, un ouvrage surréaliste qui comprend The Somnambulist (1970), Déjà vu (1972) et Days at Sea (1974). Le cadrage de Ralph Gibson est organique, l’érotisme de ses clichés presqu’irréel. Peu à peu, l’épiderme des femmes devient son terrain de jeu. Avec le nu, Ralph Gibson supprime les informations qu’il refuse dans son cadre et produit des ombres aux origines mystérieuses. Influencé par le cinéma de la Nouvelle Vague, de Jean-Luc Godard à Alain Resnais, Ralph Gibson impose un nouveau langage photographique : il produit des contrastes intenses entre noir et blanc et inaugure la “Fine Art Photography” qui met en exergue sa seule vision artistique.

 

Réédition de Nude, Ralph Gibson, Taschen