5 nov 2024

9 expos photo à visiter dans toute la France

Alors que la semaine de la photographie bat son plein dans la capitale française, entre la foire Paris Photo et les nombreuses expositions consacrées au médium par les musées et galeries, Numéro parcourt le reste de la France et retient 9 expos photo à voir absolument, de Montpellier à Toulouse en passant par Aubenas, Deauville et Saint-Etienne.

Plus d’un siècle de photo exposé aux Abattoirs de Toulouse

C’est l’histoire d’une rencontre entre deux grandes collections de photographie à Toulouse : celle de la galerie Le Château d’Eau, emblématique dans la région pour son fonds photographique, et celle des Abattoirs, centre incontournable d’art moderne et contemporain de la Ville rose. Ensemble, les institutions brossent un large portrait du médium et de ses grandes figures, du début 20e siècle à nos jours, et retracent l’histoire de leurs collections.

Accrochés entre les murs des Abattoirs, près de 300 clichés signés Mohamed Bourouissa, Brassaï, Sophie Calle, Gisèle Vienne ou Ouka Leele, dévoilent les expérimentations techniques et esthétiques qui ont rythmé plus d’un siècle de photographie, et croisent autant le documentaire que la sphère intime ou encore la pratique du photojournalisme.

“Ouvrir les yeux. Les collections photographiques des Abattoirs et de la Galerie Le Château d’Eau”, exposition jusqu’au 18 mai 2025 aux Abattoirs, musée – Frac Occitanie Toulouse, Toulouse.

Festival Planches Contact, le rendez-vous photo de l’automne à Deauville

Pour sa quinzième édition, le festival de photographie Planches Contact à Deauville inaugure, comme chaque année, des expositions entre les murs des musées de la ville comme en bord de plage. Europe, Afrique, États-Unis, Chine… Issus des quatre coins du globe, les photographes représentés confrontent leurs méthodes et leur esthétique sous forme d’installations, de projections ou d’accrochages, à la croisée des époques. Ainsi retrouve-t-on sur le sable face à la célèbre promenade des Planches les mythiques clichés de mode et les portraits en noir et blanc de Dominique Issermann (née en 1947), mais cette fois-ci en version XXL, imprimés sur de larges structures géométriques.

Dans le centre-ville, une kyrielle d’artistes contemporains investissent les pierres séculaires du couvent des Franciscaines, invités en résidence par l’institution pour travailler la thématique du territoire. De Coco Amardeil à Alessandro Calabrese, en passant par Sara Imloul et Bettina Pittaluga, chacun pose son regard sur le patrimoine de la région : un abécédaire ludique et ironique, un univers littoral rêvé, une manipulation numérique du fonds du musée… Sans compter les expositions des prix photo4food, de la Fnac et du Tremplin Jeunes Talents, où la nouvelle scène de la photographie rencontre des images du début du 20e siècle.

Planches Contact, Festival de la photographie de Deauville”, jusqu’au 5 janvier 2025 dans toute la ville.

La femme et l’évolution de son image décortiquées à Épinal

Outre la lecture des tendances vestimentaires qui ont marqué les époques, l’histoire de la presse de mode permet également de constater l’évolution de l’image de la femme à travers les siècles. Portant la dernière création en vogue ou incarnant l’esprit d’une époque par son expression, sa posture, sa coiffure et son maquillage, celle-ci renseigne immédiatement sur le rôle qu’elle occupe dans la société – quand il ne lui est pas imposé.

Entre les murs du musée de l’Image de la ville d’Épinal, une exposition retrace ces évolutions de la représentation de la femme de l’Ancien Régime aux années 30, décortiquant plus de 150 œuvres, affiches publicitaires, portraits photographiques, gravures et coupures de magazines. Au prisme de la mode, l’image de la femme apparaît réelle comme idéalisée, transformée décennie après décennie, mais toujours guidée par une injonction qui, elle, semble être intemporelle : l’importance de plaire.

“Images de mode et de presse féminine (1778-1939), exposition du 9 novembre 2024 au 18 mai 2025 au musée de l’Image, Épinal.

Le monde coloré de Steve McCurry sur les cimaises de Caumont

Photographe emblématique de notre époque et grand voyageur, Steve McCurry (né en 1950) a conquis les publics du monde entier à travers la diffusion massive de ses images – notamment ses reportages pour le National Geographic – et ses nombreuses expositions. Cet hiver, c’est au tour de l’Hôtel de Caumont, centre d’art d’Aix-en-Provence, d’accueillir 80 de ses clichés (dont certains, récents, n’ont encore jamais été exposés dans l’Hexagone), où l’humanité et ses multiples cultures se déploient au gré de portraits et de clichés remarquables par leurs couleurs vives.

Intitulée “Regards”, le parcours croise le visage des personnes rencontrées par Steven McCurry lors de ses nombreux voyages en Inde, au Japon, au Pakistan ou encore en Asie du Sud Est, leurs yeux emplis d’histoire intimes et culturelles, rivés sur ceux des spectateurs. Clou du spectacle : l’exposition se clôture sur une projection en hommage au photographe, et au regard saisissant que son objectif pose sur le monde qui l’entoure.

“Steve McCurry. Regards”, exposition du 8 novembre 2024 au 23 mars 2025 à l’Hôtel de Caumont – Centre d’Art, Aix-en-Provence. 

Vicki Bennett "The Mirror (placeholder7)" (2018). © Vicki Bennett.
Vicki Bennett « The Mirror (placeholder7) » (2018). © Vicki Bennett.

Au Frac Corsica, plongée dans le ready-made 2.0

À la fin des années 30, l’artiste surréaliste Joseph Cornell découpe et remonte le film East of Borneo (1931), et produit un collage de séquences centrées sur l’actrice principale Rose Hobart. Cette pratique, appelée found footage, s’inscrit directement dans le sillage du ready-made, puisque son auteur compose avec une matière pré-existante.

Se développe alors, autour de cette œuvre, un courant artistique plus large, consistant à s’emparer des images de la culture de masse (télévision, cinéma) pour mieux les questionner et les renverser – pratique qui connaît aujourd’hui une recrudescence grâce à l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux. Le Frac Corsica propose cet hiver de découvrir une nouvelle génération d’artistes (Vicki Bennett, Candice Breitz, Ufuoma Essi…) en consacrant toute une exposition à ces images et vidéos réinventées qui sollicitent notre mémoire collective, et où le créateur se dévoile, lui aussi, en spectateur et consommateur de notre culture visuelle.

“Vie des images en mouvement”, exposition du 6 novembre 2024 au 26 avril 2025 au Frac Corsica, Corte.

Une rétrospective en hommage à William Klein à Montélimar

Première rétrospective française depuis la disparition de William Klein en 2022, l’exposition du musée d’art contemporain de Montélimar réunit plus de 250 œuvres, archives, livres et extraits de films, présentant le célèbre artiste américano-français sous ses différentes casquettes – de peintre, de photographe et de cinéaste. Formé dans l’atelier de Fernand Léger, William Klein a retenu de ce dernier sa pluridisciplinarité, qu’il applique par la suite à sa pratique, investissant autant l’écran de cinéma que les pages des magazines de mode et les cimaises des plus grands musées, pour dévoiler une œuvre pleine de vie et riche de nombreux jeux avec les formes, les récits et les codes de la société.

De son incontournable long-métrage Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? centré sur le mannequinat et ses dérives, à ses clichés engagés tels ses portraits du boxeur Muhammad Ali, militant pour les droits civiques de la communauté afro-américaine… Sa riche carrière, s’étendant sur cinq décennies, nous plonge dans les vices d’une société déchirée, sublimés par la beauté de ses compositions.

“William Klein. Play, Play, Play”, exposition jusqu’au 6 janvier 2025 au musée d’art contemporain de Montélimar, Montélimar.

Les corps flottants de David Meshki au MAMC+

Fermé depuis presque deux ans pour rénovation, le MAMC+ rouvre ses portes cette semaine avec quatre expositions, dont une consacrée au travail du photographe géorgien David Meshki – la toute première en France. Sur les cimaises immaculées du musée, les images de l’artiste semblent flotter, réparties de mur en mur comme autant d’apparitions floues, et qui font écho à d’autres, exposées elles sur des tables vitrines.

Une scénographie déstabilisante voulue par David Meshki lui-même, qui insiste sur l’aspect suspendu des corps photographiés dans des environnements dépouillés, où l’on ne distingue aucun horizon, ni sol, ni ciel. Seulement des figures capturées dans leur vol ou dans leur chute sur plus de vingt ans par l’artiste lors d’entraînement de gymnastique acrobatique, d’escalade ou de trampoline, désormais immortalisées dans des images poétiques et nébuleuses, ponctuées de quelques touches de couleurs saturées.

“David Meshki : ‘Our Son, My Moon’”, exposition du 9 novembre 2024 au 16 mars 2025 au MAMC+ – Saint-Étienne, Saint-Priest-en-Jarez.

Les clichés monochromes et engagés de Vanessa Winship

Dans l’univers en noir et blanc de Vanessa Winship, des visages impassibles et des paysages fanés posent les jalons du chemin parcouru, des Balkans aux États-Unis, par la photographe britannique depuis ses débuts dans les années 90. Entre images documentaires et compositions bien réfléchies, ses clichés s’exposent cet hiver entre les murs du château d’Aubenas, bâtiment médiéval atypique dont les donjons et les salons accueillent aujourd’hui des créations contemporaines.

Articulée autour de trois de ses séries les plus célèbres – Sweet Nothings: Schoolgirls of Eastern Anatolia (2007), she dances on Jackson (2013) et SNOW (2022) –, l’exposition dessine le fil rouge du travail de Vanessa Winship, abordant au travers de portraits et de photos des environnements alentours les thèmes de l’identité, de la marginalisation et de la migration.

“Vanessa Winship, une route sans fin”, exposition du 16 novembre 2024 au 30 mars 2025 au Château – Centre d’art contemporain et du patrimoine d’Aubenas, Pl. de l’Hôtel de ville, Aubenas.

Gisèle Freund, de portraitiste à photoreporter à Montpellier

Si l’on retient surtout de Gisèle Freund les premiers portraits en couleurs (elle fut pionnière en la matière) et ses textes sociologiques sur la photographie, on connaît moins le travail documentaire de l’artiste franco-allemande, exposée au Pavillon Populaire de Montpellier.

Loin des personnalités du monde de l’art ou de la littérature qu’elle a pu photographier, ces clichés témoignent de sa double posture de reporter-photographe et de chercheuse, qui a autant exploré les régions sinistrées du nord de l’Angleterre en 1935, que rencontré les communautés indigènes de Patagonie en voie de disparition dans les années 40, ou encore mis en exergue les conditions de travail des mineurs du Nord de l’Argentine (où elle s’exile le temps de la guerre). Des photos poignantes, accrochées dans un parcours également rythmé par des documents d’archives, des objets personnels et des extraits de films éclairant sa pratique et ses motivations.

“Gisèle Freund, une écriture du regard”, exposition du 6 novembre 2024 au 9 février 2025 au Pavillon Populaire, Montpellier.