Paris Photo : 10 femmes photographes à (re)découvrir
Initié en 2018 à Paris Photo, le programme “Elles x Paris Photo” met chaque année à l’honneur le travail de femmes photographes, encore trop sous-représentées au sein de la foire. Numéro art a sélectionné des artistes du parcours 2024 imaginé par la spécialiste Raphaëlle Stopin, de Hanako Murakami à Lucile Boiron. Cette nouvelle édition est également l’occasion pour le programme “Women in Motion” de Kering de soutenir quatre stands mettant en avant des femmes photographes plus historiques, à l’instar de l’Italienne Lisetta Carmi et de l’Autrichienne Aglaia Konrad.
Par Thibaut Wychowanok.
et Matthieu Jacquet.
Mari Katayama, présentée par la galerie Suzanne Tarasieve
Atteinte d’une maladie rare depuis l’enfance, Mari Katayama (née en 1987 au Japon) subit une amputation partielle de ses jambes à l’âge de 9 ans. L’artiste transcende sa condition physique en faisant œuvre et interroge ainsi les critères de beauté normatifs. Son travail est présenté sur le stand de la galerie Suzanne Tarasieve à Paris Photo.
Hanako Murakami, présentée par la galerie Jean-Kenta Gauthier
Depuis deux décennies, Hanako Murakami (née en 1984 à Tokyo) poursuit une vaste enquête sur les prémices de la photographie. Mariant recherche et poésie, elle alimente son travail d’études approfondies des médias historiques, des techniques photographiques alternatives ou encore de l’impression typographique. Ses œuvres produisent des situations dans lesquelles s’entremêlent faits historiques et hypothèses contemporaines. Elle est présentée par la galerie Jean-Kenta Gauthier.
Sabiha Çimen, présentée par la galerie Loock
Photographe turque autodidacte Sabiha Çimen (née en 1986) travaille sur des projets documentaires au long cours, principalement axés sur la culture musulmane et le portrait. Son premier projet, Hafizas, les gardiennes du Coran, portant sur des écoles coraniques pour jeunes filles en Turquie, démarré en 2017, lui a permis d’obtenir le prix World Press Photo ainsi que le prix Canon de la femme photojournaliste en 2020. Son travail est à découvrir sur le stand de la galerie Loock.
Lisetta Carmi, présentée par la galerie Martini & Ronchetti
Promise à une carrière de pianiste concertiste, Lisetta Carmi (1924-2022) décide de tout quitter pour se consacrer à la photographie, concentrant son objectif sur des sujets que nul ne voulait regarder à l’époque. Il en est ainsi de la communauté travestie de Gênes, qu’elle suivit dans les années 50 et dont les clichés sont présentés sur le stand de la galerie Martini & Ronchetti.
Lucile Boiron, présentée par la galerie Hors-Cadre
Le corps, la chair, les membranes et le sang : voilà ce qu’illustrent les clichés de Lucile Boiron, fragments ultra intimes du vivant sous ses formes les plus à nu. Sa présence sur le stand de la galerie Hors-Cadre est l’occasion de se plonger dans une pratique organique et viscérale caractérisée par sa douce violence.
Aglaia Konrad, présentée par la galerie Nadja Vilenne
Grande photographe de la ville, Aglaia Konrad s’est fait connaître par ses nombreux clichés sublimant l’architecture des rues et des édifices vidés de leurs habitants Dans le secteur Prismes, l’Autrichienne présente une installation où des détails de bâtiments et bas-reliefs européens se rencontrent sur des surfaces planes grand format, entrecroisées. Sa galerie Nadja Vilenne fait partie des quatre exposants de la foire soutenus par le groupe Kering, à travers son programme Women in Motion pour la visibilité des femmes photographes.
Wu MeiChei, présentée par la galerie Each Modern
Les natures mortes de Wu MeiChi n’ont rien de classique : des morceaux de bibelots, vaisselle et fruits découpés et superposés donnent naissance à des compositions abstraites, géométriques et ultra colorées. Figure de la photographie digitale très friande des nouvelles technologies, l’artiste taïwanaise, née en 1989, expose sur le stand de la galerie Each Modern sa toute dernière série. En 2023, elle était l’une des huit finalistes du prestigieux Jimei x Arles Discovery Award.
Alina Frieske, présentée par la galerie Fabienne Levy
C’est sur Google Images et les réseaux sociaux, qu’Alina Frieske recueille la matière première de ses œuvres. Des fragments de corps et de selfies qu’elle travaille ensuite numériquement par collage, transparence et peinture digitale. En résultent des décors et personnages dont les postures s’inspirent des grands maîtres du portrait mais qui, par leur corps et leurs visages “glitchés”, semblent perdus entre les mondes réel et virtuel. Certains sont à découvrir sur le stand de la galerie Fabienne Levy.
Frida Orupabo, présentée par la galerie Stevenson
Dans ses collages oscillant entre humour, surréalisme et engagement, Frida Orupabo dissèque et réassemble les corps de femmes noires, qu’elle fixe par des attaches parisiennes à la manière de marionnette en carton. Figés dans des attitudes mélancoliques, érotiques ou parfois guerrières, les figures remises en scène par l’artiste norvégienne d’origine nigériane subvertissent des représentations longtemps déterminées par le regard colonial et raciste.
Nolwenn Brod, présentée par la galerie VU’
D’une série à l’autre, Nolwenn Brod voyage en France et dans le monde, capturant sur sa route les visages et les corps de ceux qu’elle rencontre dans des portraits intimistes et émouvants. Sur le stand de la galerie VU’, la photographe française présente deux séries : Riverrun, réalisé à Dublin, et Le temps de l’immaturité, réalisée entre la Pologne et l’Argentine. Leurs images témoignent de sa maîtrise du clair obscur faisant presque, grâce à des cadrages en gros plan, ressentir la chaleur de la peau nue.
Paris Photo, du 7 au 10 novembre 2024 au Grand Palais, Paris 8e.